QA 11/09/24 à la Ministre Lescrenier : Prévention et sensibilisation du suicide chez les jeunes
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Question (Nicolas Janssen). – Le 10 septembre est la date désignée pour la Journée mondiale de prévention du suicide. En Europe, le suicide est la première cause de décès, non seulement chez les jeunes de 15 à 24 ans, mais aussi dans la population âgée de 15 à 44 ans, avant les accidents de la route et les cancers. En la matière, la Belgique est détentrice d’un triste record dans la mesure où il y a chez nous 7,3 suicides pour 100 000 habitants. Chez les femmes, le nombre de suicides est 1,7 fois supérieur à la moyenne européenne; pour les hommes, ce nombre est 1,4 fois supérieur à la moyenne européenne. À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, les parents endeuillés ont accompli un important travail de sensibilisation auprès des médias et des mandataires publics. Ils ont insisté sur l’importance de la prévention en la matière ou encore sur la nécessité de lutter contre les silences et les tabous qui entourent bien trop souvent ce sujet et qui empêchent la prise en charge adéquate des personnes en état de crise suicidaire. Le dialogue est pourtant souvent l’une des étapes permettant de répondre à un tel problème. Madame la Ministre, vous n’êtes pas sans savoir que le MR a énormément travaillé sur le sujet du suicide. Nous avons d’ailleurs initié les auditions menées en la matière. Ainsi, quelles sont vos priorités en la matière pour la jeunesse durant cette législature ? L’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) dispose d’un service transversal sur la santé mentale. Ce service a-t-il déjà émis des propositions ? De manière plus générale, comment favoriser une communication plus ouverte sur ce sujet encore trop tabou ?
Mme Valérie Lescrenier, vice-présidente et ministre de l’Enfance, de la Jeunesse, de l’Aide à la jeunesse et des Maisons de Justice. – Monsieur le Député, je vous remercie pour votre question qui rejoint celles de Mmes Greco et Tellier à la ministre-présidente. Vous avez raison : la santé mentale des jeunes est un réel enjeu de société. J’adresserai dans un premier temps toute ma compassion aux familles touchées par les deuils qui découlent des suicides. Dans un second temps, je vous confirme que, lors de mes visites de terrain, la problématique de santé mentale est régulièrement relayée par les jeunes et les organisations de jeunesse (OJ). Enfin, je voudrais remercier tous les professionnels qui sont déjà investis dans un travail de prévention et de lutte contre le suicide. Certains outils existent. Vous avez parlé de la cellule transversale « Santé mentale » au niveau de l’ONE; cette cellule doit revenir vers moi avec des recommandations et le travail est en cours. En parallèle, d’autres outils sont proposés, notamment par Yapaka, en collaboration avec le Centre de prévention du suicide. De plus, une série d’outils sont mis à disposition des professionnels de l’enfance et de la jeunesse, comme des formations, des livres ou encore des capsules vidéo. Tous ces outils doivent être davantage connus et valorisés. Tout à l’heure, il était question du numéro 103, qui est la première ligne utile pour réorienter les jeunes en détresse. Comme la ministre-présidente l’a dit, la santé mentale est une problématique qui doit être abordée de manière transversale au niveau du gouvernement. Le gouvernement reviendra dès lors au sein de cette Assemblée avec des propositions concrètes que nous discuterons ensemble. À mon niveau, en tant que ministre de l’Enfance, de la Jeunesse, de l’Aide à la jeunesse, je profiterai bien entendu de cette transversalité pour étudier la problématique de manière plus globale.
Réplique de N. Janssen. – Premièrement, j’aimerais réagir sur la nécessité de travailler avec tous les acteurs concernés, de fédérer le travail remarquable réalisé par tant d’opérateurs. Lors des auditions organisées sur le sujet au cours de la dernière législature, ces opérateurs ont évoqué un manque de collaboration entre eux. Ils souhaitent plus de synergie et de coopération dans leur travail. Deuxièmement, Madame la Ministre, vous n’avez pas mentionné les 100 recommandations émises par notre Parlement au terme des six mois d’audition. Nous avons été nombreux à être particulièrement marqués par ces auditions qui ont réuni toute une série d’experts. Il est important d’œuvrer à partir du travail déjà effectué par notre Parlement.