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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, en cette période de COP, qui est toujours assez anxiogène pour ceux qui se préoccupent des dérèglements climatiques en cours, il y a une information sur le plan climatique que j’ai trouvé particulièrement enthousiasmante ces derniers jours : la signature des deux ministres-présidents, wallon et flamand, de la Déclaration conjointe de Mons, qui vise à accélérer le déploiement des réseaux d’infrastructures destinées à capturer, à transporter et à enfouir le CO2 émis par les principaux industriels du pays. Aux côtés des deux ministres-présidents se trouvaient 17 CEO de notre industrie et de ses principaux émetteurs de CO2, venus notamment pour exprimer leur volontarisme, leur impatience quant à la mise en place de cette infrastructure. « Je veux que la Belgique gagne », a déclaré l’un d’entre eux. Cela avait été largement relayé.
Madame la Ministre, notre pays va-t-il gagner ? Va-t-il réussir ce défi ? On sait combien, en la matière, il est important que, ce défi, nous le réalisions suffisamment rapidement.
C’est l’un des critères déterminants parce que c’est seulement si ces investissements se concrétisent rapidement que notre pays pourrait devenir ce hub international en matière de transport de CO2 auquel nous aspirons et que nous espérons. Comment soutenez-vous cette dynamique ? Comment allez-vous garantir la coordination nécessaire des efforts entre les Régions ?
Mme Cécile Neven, Ministre de l’Énergie, du Plan Air-Climat, du Logement et des Aéroports. – Monsieur le Député, la capture et le transport de carbone sont essentiels. Ainsi, je me réjouis de voir qu’ils font partie intégrante de la stratégie de réindustrialisation de la Flandre et de la Wallonie.
Le Gouvernement wallon n’a pas attendu cette déclaration pour agir :
- le 28 mars 2024, il a approuvé le décret encadrant le transport de CO2;
- le 17 juillet 2025, il a nommé et désigné l’opérateur qui sera responsable du transport de CO2, à savoir Fluxys c-grid ;
- le 6 novembre 2025, il a approuvé en première lecture l’un des cinq arrêtés d’exécution du décret.
Un véritable cadre légal se donc met en place, et je peux vous assurer que nous mettons les bouchées doubles.
Quels éléments vont conditionner la réussite d’un tel projet ?
Tout d’abord, une excellente collaboration entre les acteurs et les Régions. Nous sommes bien partis avec cette déclaration, comme vous le soulignez.
Au niveau de la législation, il faut un cadre harmonisé sur lequel nous travaillons. Que l’on soit à Liège, à Gand, à Arlon, à Mons, peu importe ; il faut que l’on dispose d’une qualité de service en matière de transport et de capture de CO2. Les régulations doivent idéalement être compatibles.
Nous avons mis en place une task force conjointe entre les deux Régions, c’est-à-dire la Flandre et la Wallonie, qui ont signé cette déclaration, afin de travailler à l’harmonisation des dispositifs de soutien.
Nous travaillons spécifiquement sur le contrat carbone pour différence afin que les mécanismes de soutien soient à la hauteur de ce qui est attendu par les acteurs et notamment les 17 industriels dont les émissions sont difficiles à abattre.
Nous travaillerons aussi sur les procédures d’autorisation et nous avons entamé un dialogue avec les régions voisines pour étendre les accords bilatéraux. Il faut développer l’ensemble des interconnexions parce que l’objectif est de créer un véritable couloir international du CO2.
Réplique de N. Janssen. – Je vous remercie, Madame la Ministre, pour vos réponses. Nous sommes nombreux à être convaincus que la réindustrialisation durable doit réellement redevenir une priorité pour notre Région et pour l’Europe entière. Cette réindustrialisation durable constitue le socle de notre modèle économique, social et démocratique. C’est sur une base industrielle solide et durable que nous pourrons avoir des services publics performants, une réelle souveraineté et une prospérité durable.
Rappelons que la capture du carbone est indispensable pour toute une série de secteurs, tels que le ciment et la chaux. C’est la raison pour laquelle cette déclaration a été signée chez le cimentier Holcim, à Obourg, dans la périphérie de Mons. Si l’on agit suffisamment rapidement, il pourrait produire, dès 2029, du ciment décarboné.
Bravo à vous de travailler à la réindustrialisation durable, à la coordination entre Régions et à la mise en place de ce couloir international du CO2.