QA 19/11/25 à la Ministre Lescrenier : Santé mentale des jeunes enfants

Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, les données concernant la santé mentale glacent le sang. En moyenne, cinq Belges se suicident par jour, et deux jeunes âgés entre 18 et 24 ans se suicident chaque semaine. Les acteurs de la prévention du suicide montrent en outre que les troubles psychiques apparaissent de plus en plus tôt.

L’avis rendu vendredi dernier par le Conseil supérieur de la santé (CSS) va dans le même sens. Cet avis porte sur les enfants âgés de moins de cinq ans et montre que les troubles psychiques vont crescendo. Le mal-être des enfants en bas âge est moins connu, alors que les premières années de vie sont déterminantes. Bien des situations pourraient être évitées si les troubles psychiques étaient diagnostiqués plus tôt.

Le CSS émet diverses recommandations, parmi lesquelles la sensibilisation aux enjeux de la parentalité. Nous connaissons la responsabilité des parents et des familles. Le CSS souligne aussi l’importance de la formation des professionnels. Nous savons combien il est important pour les professionnels de détecter au plus tôt les troubles de la santé mentale et d’y remédier. Un enfant, même en très bas âge, s’exprime déjà, notamment par ses postures. Les professionnels peuvent constater par exemple une forme de retrait relationnel de la part d’un jeune et dès lors tenter d’y remédier.

Avez-vous pris connaissance du rapport du CSS ? Comment remédier à ces situations ? Nous connaissons la responsabilité et le rôle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Comment renforcer les synergies entre tous les acteurs concernés ?

Mme Valérie Lescrenier, Ministre du Tourisme, du Patrimoine et de la Petite Enfance. – Vos questions portent sur un sujet plus qu’important. J’ai bien pris connaissance du rapport du DGDE et je le remercie, lui et son équipe, pour ce travail. Ce rapport nous envoie un message sur la jeunesse qui dit son anxiété, qui dit sa souffrance. La santé mentale, je l’ai dit, est un enjeu majeur.

Une série de structures des secteurs de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse aident les jeunes en souffrance. Il est important que les professionnels puissent être équipés pour fournir les meilleures réponses possibles aux jeunes. C’est pourquoi nous travaillerons, dès 2026, à créer plus de formations croisées pour ce personnel. Cela leur permettra de mieux détecter les situations de détresse encore tues aujourd’hui et que nous ne parvenons pas encore, malheureusement, à suffisamment prendre en charge. Il s’agit aussi d’aiguiller les jeunes en détresse vers les structures adéquates et répondre à leurs besoins, ou, en tout cas, de les aider au mieux.

Un deuxième élément est le numéro d’appel 103, pas assez connu ni assez valorisé. Une campagne de valorisation et de communication sur cet outil aura lieu en décembre. D’autres campagnes sont prévues dans le milieu scolaire. Le numéro d’appel 103 sera également équipé d’un nouvel outil complémentaire, un tchat permettant de dialoguer de manière immédiate avec les jeunes en détresse.

Pour le reste, des échanges ont lieu avec les autres niveaux de pouvoir, par exemple avec le ministre fédéral de la Santé. Il convient de renforcer le lien et d’assurer des collaborations entre les psychologues de première ligne et les services d’aide en milieu ouvert (AMO). Je fais également référence au Plan «Santé mentale» coordonné par le ministre Coppieters.

Je présenterai prochainement le Plan « Jeunesse » au gouvernement. Il arrivera également en commission. Ce plan reprend un axe fort en matière de santé mentale pour proposer des actions destinées tant aux jeunes qu’aux professionnels qui les encadrent.

Monsieur Janssen, la santé mentale ressort comme un élément essentiel l’avis du CSS, et ce, plus pour les enfants. Nous savons à quel point les mille premiers jours des enfants sont primordiaux et construisent les adultes de demain. Les services PSE mènent déjà un travail formidable à ce sujet. Ils travaillent en collaboration étroite avec les psychologues de première ligne. Le travail des partenaires enfants-parents (PEP’S), qui sont au cœur de la vie des familles, mérite également d’être souligné. Ce sont des entités de confiance qui peuvent également détecter les situations et orienter les familles concernées vers les professionnels capables de prendre en charge leurs besoins.

Nous allons travailler sur le prochain contrat de gestion de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE). Un conseil d’administration a d’ailleurs lieu cet après-midi; la note d’orientation du contrat de gestion va être présentée. Parmi les sujets importants, s’y trouve l’accueil de l’enfance, qui est un sujet d’actualité cette semaine, ainsi que la santé préventive chez les enfants. Enfin, une convention entre l’Agence pour une vie de qualité (AViQ) et l’ONE est en cours de finalisation pour plus de cohérence et plus de complémentarité dans leurs actions de santé mentale.

Réplique de N. Janssen. – Il est assez normal d’avoir, pendant tout un temps, l’accent a été mis, dans les politiques publiques, sur le mal-être des adolescents, tant de choses se passent chez les jeunes pendant cette période ! Mais de plus en plus, nous constatons que les mille premiers jours de l’enfant sont déterminants et qu’il est indispensable d’agir dès cette période.

Madame la Ministre, je vous remercie d’avoir attiré l’attention sur les synergies entre tous les acteurs et tous les niveaux de pouvoir. Il faut tout faire pour tenter de dépasser ce morcellement trop fréquent et rechercher une forme de coordination entre tous les niveaux de pouvoir et tous les secteurs.