QE 02/10/24 à la Ministre Degryse : Avancement de l’intelligence artificielle au service de l’enseignement supérieur
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, qu’on le veuille ou non, le monde dans lequel nous évoluions est de plus en plus envahi par l’intelligence artificielle, engendrant ainsi de nombreuses questions éthiques, sociales et environnementales. Certaines initiatives, telle wake! by Digital Wallonia, proposent un plan en 10 actions dont une partie concerne l’éducation et la formation à l’IA. Le rapport met en exergue l’évolution rapide du secteur des technologies et l’importance d’adapter les formations en ce sens. Il mentionne notamment que « malgré les initiatives en matière d’éducation et de formation, la pénurie de talents risque de perdurer à court, moyen et long terme. Il est crucial de repenser l’offre de formation pour qu’elle continue de correspondre aux réels besoins des entreprises ». En ce qui concerne la Fédération Wallonie-Bruxelles, la DPC prévoit que : « Vu l’importance de l’IAG dans tous les secteurs, notamment économiques, le Gouvernement envisagera la création d’un centre de recherche en Intelligence Artificielle inspiré de MILA au Canada ». Il est vrai qu’il n’existe encore, en FWB, aucun Institut de ce type. Madame la Ministre, la création d’un centre comme MILA a-t-elle déjà fait l’objet de discussions au sein de votre cabinet ? Dans l’affirmative, quelle est la stratégie envisagée pour la présente législature ? Avez-vous mis en place un groupe de travail chargé de coordonner la mise en place de cette politique ? Par ailleurs, envisagez-vous de mobiliser des experts pour former les enseignants à l’utilisation de l’IA ? Dans l’affirmative, quel profil recherchez-vous ? Madame la Ministre, comment réglementer l’IA de manière raisonnée et raisonnable dans l’enseignement supérieur, afin de l’intégrer comme support aux apprentissages tout en assurant le développement de l’esprit critique des futurs enseignants ?
Mme Élisabeth Degryse, ministre-présidente, en charge du Budget, de l’Enseignement supérieur, de la Culture et des Relations internationales et intra-francophones. – L’évolution exponentielle de l’IA, tant au niveau de son développement que de son utilisation, appelle tout responsable politique à interroger l’impact de cette technologie dans toutes les sphères de la cité. Mon Gouvernement n’échappe pas à la responsabilité de ce questionnement : éducation, enseignement supérieur, média, culture, recherche… sont autant de compétences où les évolutions de l’IA sont particulièrement tangibles. Compte tenu de l’intitulé de votre question, j’axerai ma réponse principalement sur le rôle de l’enseignement supérieur tout en rappelant que la DPC s’intéresse de la même manière aux risques et opportunités de l’IA pour le monde culturel. La DPC prévoit notamment la « coordination d’un groupe de travail avec les établissements d’Enseignement supérieur en vue d’encourage la formation des enseignants à l’utilisation de l’IAG et à ses limites, de définir des balises cohérentes, notamment éthiques, d’outils [qui en sont] issus et de faire évoluer les pratiques pédagogiques et les compétences des étudiants ». Mon cabinet a conscience à la fois de ce que l’enseignement supérieur peut apporter en compétences liées au développement des technologies que de l’enjeu lié à l’utilisation par les étudiants de l’intelligence artificielle. Sans présager des conclusions de ce futur groupe de travail, il m’apparait crucial que l’Enseignement supérieur joue son rôle d’aiguiseur des esprits critiques, aussi, eu égard à l’IA et ce qu’elle peut entrainer, quand elle n’est pas utilisée à bonne escient, de tromperies et fausses informations. Ceci ne s’opposant pas au fait que la formation des étudiants en Fédération Wallonie-Bruxelles doit être en adéquation avec son époque et les besoins sociétaux. Il en va de même pour la formation – singulièrement la formation continue – de nos enseignants. Les adaptations éventuelles à apporter à ces formations seront donc concertées avec le secteur, proposées le cas échéant au Parlement et appliquées par la Fédération Wallonie-Bruxelles dans les limites de ses compétences et dans le respect de l’autonomie des établissements. Quant à la temporalité de ces réflexions, je ne suis pas en mesure, aujourd’hui, de vous détailler un calendrier que je souhaite concerter avec les acteurs pertinents et identifiés pour la vision et l’expérience dont ils pourront faire bénéficier notre travail. En parallèle des réflexions à mener spécifiquement sur la thématique qui nous occupe, je prendrai le temps nécessaire avec mon cabinet pour mettre en place ce qui est prévu dans la DPC relativement aux habilitations et donc à l’offre de formation, à savoir réaliser un audit de l’offre existante tenant compte des propositions de rationalisation de l’Ares ; et proposer un balisage clair de l’octroi de nouvelles habilitations. Je souhaite rappeler ici les principes qui prévalent. Ainsi, l’art. 88, §1er, al. 2 et 3 du Décret du 7 novembre 2013 définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études dispose que la création d’une nouvelle offre de formation doit, notamment, répondre à un besoin socio-économique ou culturel attesté par un ou plusieurs organisme(s) externe(s) mais également à un besoin particulier en termes de formation innovante identifié par le Gouvernement. Enfin, je vous confirme la volonté de mon Gouvernement d’envisager la création d’un centre de recherche inspiré de MILA en fonction de la volonté des acteurs du monde académique, de la recherche et de l’industrie. Il s’agira de soutenir la dynamique entre ses secteurs sur le numérique et ce en parfaite intelligence avec la Région wallonne, son Agence pour le numérique – dont la stratégie Digital Wallonia a déjà ouvert la voie au soutien des dynamiques précitées – et son Gouvernement.