QE 07/09/23 à la Ministre Bertieaux : Campagnes de sensibilisation aux écrans

Question (Nicolas Janssen). – Si les écrans font partie de notre quotidien et que, comme vous le souligniez précédemment, ils ne sont ni à encenser, ni à diaboliser, il est cependant essentiel de s’interroger sur la place qu’ils occupent dans nos vies et les implications qu’ils peuvent avoir. En effet, si nous  sommes bien conscient qu’il est indispensable d’intégrer le numérique en tant qu’objet d’apprentissage et comme support pour les autres disciplines, et je tiens à souligner les progrès fait en la matière, nous ne pouvons omettre les mises en garde des spécialistes quant à l’impact des écrans sur les enfants et les adolescents. De nombreuses études scientifiques ont en effet démontré la nocivité des écrans sur le développement moteur et cognitif du cerveau des jeunes, mais aussi sur leur santé mentale et leur bien-être. Dans ce cadre, et je m’en réjouis, plusieurs campagnes YAPAKA de sensibilisation aux écrans destinées au grand public ont été lancées afin de toucher les parents en particulier, et d’informer les professionnels de 1re ligne des dangers de la surexposition aux écrans. je citerai notamment la campagne “3-6-9-12 Maîtrisons les écrans”, “pour développer ses 5 sens, pas d’écran avant 3 ans” ou encore “Ecrans en veille-enfants en éveil”. En janvier dernier, démarrait la dernière campagne de sensibilisation Yapaka sur cette thématique, “Ne laissons pas les écrans faire écran”, dans le but je cite : “d’ouvrir la question à partir d’une préoccupation de santé publique (…) il est essentiel de se questionner sur la place qu’ils [écrans] occupent dans nos vies et sur les interférences qu’ils peuvent créer dans les relations entre les parents et les enfants”. Madame la Ministre, près de 6 mois après son lancement, pouvez-vous nous informer quant à l’évaluation, même partielle, de cette campagne ? Des résultats sont-ils déjà visibles ? D’autres campagnes de sensibilisation sur cette thématique sont-elles prévues ? Quels autres outils sont mis en place pour attirer l’attention sur la sensibilisation aux écrans ? Cette thématique a-t-elle été accentuée dans la formation des enseignants et des travailleurs du secteur de la jeunesse ? Par ailleurs, de plus en plus de pays se mobilisent contre les effets de la surexposition des écrans tant au niveau psychologique et relationnel qu’au niveau des apprentissages et de la santé physique. En France et au Canada par exemple, une campagne a été initiée pour réduire la surexposition aux écrans. Il s’agit de respecter les 4 « pas » : pas dans la chambre, pas pendant le repas, pas le matin et pas avant d’aller dormir. En effet, selon certains experts, les limites doivent être plus strictes. Pourquoi ne pas envisager ce modèle en Fédération Wallonie-Bruxelles afin de sensibiliser les parents à mieux règlementer le temps passé devant les écrans pendant ces 4 périodes de la journée ?

Mme Françoise Bertieaux, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles. – Plusieurs campagnes de sensibilisation sur cette thématique existent, dont celle que vous mentionnez, initiée par Yapaka. La campagne de spot TV a été diffusée dans le cadre des accords espaces gratuits « Prévention santé » qui permettent 42 jours de diffusion pour chacune des chaines concernées se répartissant en trois vagues de diffusions : du 23 janvier au 5 février 2023, du 27 février au 12 mars 2023 et du 3 avril au 16 avril 2023. Entre le 1er décembre 2022 et ce 13 juin, la page thématique « écran » du site yapaka.be a comptabilisé 7375 vues. Cela représente une hausse de 46% de consultations en plus sur cette page par rapport à la période précédente, durant laquelle aucune action spécifique aux écrans n’a été menée. Sur la même période, la page de la campagne « Ne laissons pas les écrans faire écran » a été consultée 4088 fois. Les spots ont été vus 4395 fois sur Youtube. En complément à ces campagnes de sensibilisation, des outils pour informer et former les professionnels ont été diffusés, notamment le temps d’Arrêt écrit par Olivier Duris « Quand l’écran fait écran à la relation parent enfant ». Un Webinaire organisé avec Olivier Duris sur cette thématique a suscité l’inscription de 437 personnes. Le replay, disponible sur le site, a été vu par 812 personnes. Une lettre d’information a également été envoyée à 33 000 personnes pour les sensibiliser, informer et former sur ces questions. On peut noter qu’un nouveau livre de la collection Temps d’arrêt vient d’être mis en diffusion ce 15 juin « Enfants connectés, parents déboussolés » (écrit par Marion Haza-Pery et Thomas Rohmer). De plus, un collectif d’associations, dont fait notamment partie la fédération Infor’Jeunes, a lancé en 2022 la campagne « Agir en prévention » afin de sensibiliser les professionnels du social, de la santé et de l’éducation à leur rôle en tant qu’acteur de prévention des assuétudes dont celles liées aux écrans. De nombreuses associations de jeunesse proposent des animations aux jeunes sur la thématique des écrans, mais également des outils à destination des parents, des professeurs, des travailleurs de jeunesse, etc. Les Coordinations des Ecoles de Devoirs ont intégré plusieurs formations autour de cette thématique dans leur programme à destination des professionnels du secteur. De manière générale, l’éducation aux médias joue un rôle primordial afin de permettre à tous et en particulier aux jeunes de reprendre le contrôle de leurs pratiques numériques. Ainsi, l’appel à projets d’éducation aux médias en jeunesse soutient chaque année des projets d’éducation aux médias portés par les jeunes eux-mêmes. L’édition 2023 a prévu un axe supplémentaire relatif à la formation des travailleurs de jeunesse afin de les soutenir dans l’accompagnement des jeunes face à ces nouveaux défis numériques. Parmi les onze projets soutenus en 2023, deux projets portaient sur des formations de travailleurs de jeunesse. Enfin, je rappelle que l’éducation aux médias relève de la compétence de ma collègue Bénédicte Linard.