QE 13/07/23 à la Ministre Désir : nombre d’enseignants en langue quittant l’enseignement à cause de la réforme des rythmes scolaires
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, déjà avant la réforme des rythmes scolaires, le recrutement d’enseignants en langues possédant les titres requis ou compétents était considéré comme une difficulté majeure. Les états généraux de l’immersion en cours actuellement , ainsi que les retours du terrain, tendent à démontrer que bon nombre d’enseignants ont quitté ou envisagent de quitter la profession, temporairement, ou de manière permanente à cause de la désynchronisation due à la réforme des rythmes scolaires. « Enseignante depuis plus de dix ans dans une école en immersion, avec des enfants scolarisés dans un autre régime linguistique, je quitterai l’enseignement francophone l’an prochain. » Cette affirmation, mainte fois entendue et relayée encore récemment dans la presse, est interpellante. En effet, s’il n’y a pas eu de départs massifs en début d’année scolaire, pour beaucoup d’enseignants, l’année scolaire 2022-2023 faisait office de test. Or, en cette fin d’année scolaire « test », la situation semble critique dans un bon nombre d’écoles où l’impact de la réforme des rythmes scolaires se fait ressentir. Madame la Ministre, à l’heure où les établissements envisagent déjà la rentrée prochaine, pouvez-vous faire le point sur cette problématique ? Pouvez-vous objectiver le nombre de départ cette année-ci ? Des chiffres, même partiels, du nombre d’enseignants qui quitteront l’enseignement des langues, temporairement ou définitivement, sont-ils disponibles ? Si les raisons pour lesquelles les enseignants quittent l’enseignement sont relativement évidentes, la forme sous laquelle ils quittent, l’est moins. Pouvez-vous nous informer à ce sujet ? Sous quelle forme quittent-ils l’enseignement : chômage, interruption de carrière, changement de secteur ? Enfin, avez-vous des infos sur les intentions des enseignants pour les années à venir ? Si l’ensemble de ces données n’est pas disponible, pourquoi ne pas envisager un sondage auprès des enseignements et des établissements scolaires à ce sujet pour objectiver la situation ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Monsieur le Député, les situations en mai 2022 et en mai 2023 ont été comparées par l’Administration à partir des données disponibles dans les applications liées à la signalétique et à la paie des enseignant.e.s. Dans ces applications, l’origine du diplôme est nomenclaturée de manière telle qu’il est possible, pour les fonctions en immersion néerlandaise, de déterminer la part des membres du personnel (MDP) / équivalents temps plein (ETP) titulaires d’un diplôme flamand. On observe ainsi que le nombre total d’ETP dans les fonctions en immersion néerlandaise est resté stable entre mai 2022 (519,8 ETP) et mai 2023 (520,74 ETP), tandis que le nombre d’ETP titulaires dans ces mêmes fonctions d’un diplôme flamand a très légèrement diminué, passant de 407,65 ETP en mai 2022 (soit 78,42% du total) à 395,62 ETP en mai 2023 (soit 75,97%). Cette diminution ne concerne que le niveau d’enseignement fondamental et le degré supérieur du niveau d’enseignement secondaire. Dans le degré inférieur du niveau secondaire, on enregistre, au contraire, une augmentation des ETP titulaires d’un diplôme flamand (passant de 75,35% à 77,35%). On n’observe donc aucun impact majeur de la réforme des rythmes scolaires qui se serait traduit par une diminution généralisée du nombre de titulaires de diplômes émis par la Communauté flamande. L’effet de la pénurie d’enseignants vécue en Communauté flamande, qui est par certains aspects tout aussi prégnante, si pas plus accentuée encore, pourrait à lui seul expliquer ces variations : les MDP titulaires d’un diplôme leur permettant d’exercer dans l’enseignement en Communauté flamande sont susceptibles d’être sollicités également dans l’autre Communauté. Il faudra évidemment rester attentif à la situation des écoles en immersion et continuer à suivre ces évolutions, même s’il ne faut pas perdre de vue que tous les enseignants en immersion ne sont pas tous parents et pas tous néerlandophones. Pour autant, la pénurie est connue et plusieurs mesures spécifiques ont déjà été mises en œuvre. Je vous renvoie aux nombreuses réponses que j’ai faites sur cette thématique en Commission Education et aux textes portant dispositions diverses en matière de lutte contre la pénurie qui y ont été adoptés Et je rappelle qu’un groupe de travail, élargi aux acteurs de l’enseignement, sera également réuni pour se pencher sur des mesures complémentaires de lutte contre la pénurie qui pourraient encore être adoptées d’ici à la fin de la législature.