QE 13/6/22 à la Ministre Désir: l’intérêt politique des jeunes dans le cadre du suivi des recommandations sur la santé mentale des jeunes
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Résumé:
Selon plusieurs études, la Belgique est considérée comme une démocratie imparfaite et est seulement classée à la 36ème place (sur 167) au niveau mondial. Des études démontrent que les jeunes sont de nos jours plus engagés, mais peu attirés par les urnes.
Récemment, l’association Debagora, a lancé un Appel à candidatures destiné aux classes du 3e degré des écoles secondaires bruxelloises et visant à impliquer davantage les jeunes dans la politique, afin d’agir notamment face aux inégalités. La première édition de « Quand les jeunes se mêlent de politique » traitera du thème des inégalités et se déroulera d’octobre 2022 à début avril 2023. Ce projet me semble intéressant car il a pour but de faire prendre conscience aux jeunes que la politique est une manière de traiter collectivement des enjeux touchant leur quotidien, tout en leur permettant d’expérimenter le processus politique. Madame la Ministre, connaissez-vous ce projet ? Ne mériterait-il pas d’être connu par un nombre croissant d’écoles en FWB ?
Outre son intérêt formatif et informatif, ce projet rencontre également les recommandations sur la santé mentale des jeunes, dans lesquelles l’implication et l’engagement des jeunes ont été clairement mis en avant. Les programmes visant la connaissance du sujet politique sont des outils permettant de transmettre les valeurs de base de notre société́ et susciter l’intérêt des jeunes pour la politique et l’engagement citoyen. Une connaissance approfondie du fonctionnement de notre système politique leur permettrait de mieux le comprendre et développer leur intérêt pour la question. Ce sujet pourrait-il être intégré et étudié de manière approfondie dans un cours ou faire l’objet d’un cours ou d’une formation à part entière ?
Bien évidemment, le sujet ne s’improvise pas. La démarche doit être pédagogique, éducative et neutre. Quelles sont les balises qui permettent de respecter ces principes, tout en octroyant une place à la politique dans les écoles ?
Ministre Désir: Je ne peux que me réjouir qu’existent des initiatives telles que celle de l’association DEBAGORA qui s’appuie sur des acteurs reconnus pour proposer différents modules relatifs à la citoyenneté. Par contre, il ne m’appartient pas d’assurer la promotion d’outils pédagogiques puisque, vous le savez, leur choix relève des prérogatives des pouvoirs organisateurs, dans le respect du cadre des référentiels. A ce propos, en toute logique, le référentiel d’Education à la Philosophie et à la Citoyenneté constitue la principale réponse à vos interrogations. Le fait politique y est abordé au travers au moins de deux des visées principales du cours. Comme il est limité à une période par semaine et qu’il doit se décliner selon deux modalités fort différentes – soit par le Cours de philosophie et de citoyenneté, soit de façon transversale comme c’est le cas dans l’enseignement libre confessionnel. Mais à mon sens, des outils tels que celui de l’association DEBAGORA peuvent totalement se retrouver dans le cadre d’un cours de philosophie et de citoyenneté. Quant aux balises à respecter par les enseignant.e.s, ce sont celles qui fondent actuellement notre enseignement, à savoir la neutralité et l’interdiction de toute forme de propagande politique. Ce qui n’interdit en rien le débat ou la présence de personnels politiques dans les établissements.
=> Compte-rendu intégral sous l’image
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Compte-rendu intégral:
Madame la Ministre,
Selon plusieurs études mises en avant par la Plate-forme d’innovation démocratique G1000, la Belgique est considérée comme une démocratie imparfaite et est seulement classée à la 36ème place (sur 167) au niveau mondial. De plus, ces études montrent que la confiance dans le système politique et la participation politique des citoyens belges sont très basses (confiance : 29,5 % et participation politique : 5/10). Il semble pourtant y avoir un intérêt croissant de la part des jeunes pour les questions politiques et sociétales de notre pays. En effet, suite au passage de l’âge légal du vote aux élections européennes à 16 ans, l’intérêt des jeunes dans la politique a été largement débattu. Des études démontrent que les jeunes sont de nos jours plus engagés, mais peu attirés par les urnes.
Récemment, l’association Debagora, a lancé un Appel à candidatures destiné aux classes du 3e degré des écoles secondaires bruxelloises et visant à impliquer davantage les jeunes dans la politique, afin d’agir notamment face aux inégalités. Deux centres de recherche (de l’UCLouvain et de l’ULB) se sont unis avec quatre organisations d’éducation à la citoyenneté (Jeune et Citoyen, Infor Jeunes Bruxelles, le musée BELvue et le Comité des Élèves Francophones) pour organiser une opération annuelle permettant à des jeunes bruxellois de prendre la parole dans l’espace public sur des questions politiques qui leur tiennent à cœur. La première édition de « Quand les jeunes se mêlent de politique » traitera du thème des inégalités et se déroulera d’octobre 2022 à début avril 2023. Le collectif Débogora sera en charge de l’organisation et la gestion de cette édition.
Ce projet me semble intéressant car il a pour but de faire prendre conscience aux jeunes que la politique est une manière de traiter collectivement des enjeux touchant leur quotidien, tout en leur permettant d’expérimenter le processus politique. Madame la Ministre, connaissez-vous ce projet ? Le soutenez-vous ? Ne mériterait-il pas d’être connu par un nombre croissant d’écoles en FWB ?
Outre son intérêt formatif et informatif, ce projet rencontre également les recommandations sur la santé mentale des jeunes, dans lesquelles l’implication et l’engagement des jeunes ont été clairement mis en avant. Il est plus que jamais temps de donner la parole aux jeunes afin qu’ils puissent prendre la place qui leur revient. Les recommandations, plus spécifiquement dans le 3e volet, appellent à « Pratiquer une plus grande ouverture et accessibilité de la politique aux jeunes », de même qu’à soigner le climat scolaire en « développant la responsabilité et l’implication des élèves à travers une école citoyenne davantage tournée vers la diversité et les valeurs humaines respectueuses de la personne, ses rythmes, et l’ouverture sur l’autre et sur le monde et par extension, sensibiliser au fonctionnement démocratique ».
Les programmes visant la connaissance du sujet politique, qu’ils soient repris sous forme de cours ou de projets sont des outils permettant de transmettre les valeurs de base de notre société́ et susciter l’intérêt des jeunes pour la politique et l’engagement citoyen. Ce sont également des outils contre toutes les formes de stigmatisation. Ce point me semble fondamental notamment pour les jeunes en âge, ou proche de l’âge, de voter. Une connaissance approfondie du fonctionnement de notre système politique leur permettrait de mieux le comprendre et développer leur intérêt pour la question. Ce sujet pourrait-il être intégré et étudié de manière approfondie dans un cours ou faire l’objet d’un cours ou d’une formation à part entière ?
Bien évidemment, le sujet ne s’improvise pas, d’autant plus que la publicité, le prosélytisme et le militantisme sont interdits. La démarche doit être pédagogique, éducative et neutre. Quelles sont les balises qui permettent de respecter ces principes, tout en octroyant une place à la politique dans les écoles ?
Je vous remercie
Ministre Désir: Monsieur le Député,
Les enjeux fondamentaux soulevés dans votre question traversent l’ensemble de notre système scolaire dont l’une des missions majeures demeure de former des citoyens émancipés et critiques. Soit des acteurs de notre système démocratique. Je ne peux que me réjouir qu’existent des initiatives telles que celle de l’association DEBAGORA qui s’appuie sur des acteurs reconnus pour proposer différents modules relatifs à la citoyenneté. Il me revient que ces outils pédagogiques semblent particulièrement stimulants et sont de nature à interpeller les élèves, voire également leurs enseignant.e.s.
Par contre, il ne m’appartient pas d’assurer la promotion d’outils pédagogiques puisque, vous le savez, leur choix relève des prérogatives des pouvoirs organisateurs, dans le respect du cadre des référentiels. A ce propos, en toute logique, le référentiel d’Education à la Philosophie et à la Citoyenneté constitue la principale réponse à vos interrogations. Le fait politique y est abordé au travers au moins de deux des visées principales du cours : « Construire la citoyenneté dans l’égalité en dignité et en droits » et « S’engager dans la vie sociale et l’espace démocratique ».
Bien entendu, il s’agit bien plus de la politique comprise au sens philosophique du terme qu’au sens de l’étude de notre système partisan, qui me semble être plutôt l’objet de votre sollicitation. Ce référentiel ne s’est pas centré, non plus, sur la connaissance des Institutions. Comme il est limité à une période par semaine et qu’il doit se décliner selon deux modalités fort différentes – soit par le Cours de philosophie et de citoyenneté, soit de façon transversale comme c’est le cas dans l’enseignement libre confessionnel – des choix ont dû être arbitrés et opérés pour que les attendus de ce référentiel soient partout mis en pratique. Mais à mon sens, des outils tels que celui de l’association DEBAGORA peuvent totalement se retrouver dans le cadre d’un cours de philosophie et de citoyenneté.
Quant aux balises à respecter par les enseignant.e.s, ce sont celles qui fondent actuellement notre enseignement, à savoir la neutralité et l’interdiction de toute forme de propagande politique. Ce qui n’interdit en rien le débat ou la présence de personnels politiques dans les établissements. Il toujours pouvoir contextualiser et rendre compte de la pluralité des expressions. Comme je l’ai récemment déclaré en Commission Education, la Commission chargée de l’examen des cas de propagande s’en tient d’ailleurs à une définition basique de la propagande, à savoir, le fait d’exercer une action sur l’opinion pour l’amener à avoir certaines idées politiques ou sociales, à soutenir une politique, un gouvernement, un représentant. Tant que les actions pédagogiques se déroulent dans ce cadre et dans ces limites, elles sont donc autorisées, au bénéfice des élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
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