QE 15/10/25 au Ministre Coppieters : le suivi du plan interministériel de la santé en matière de santé mentale
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Question (Nicolas Janssen). – Dans quelques mois, M. le Ministre sera amené, dans le cadre de la conférence interministérielle Santé (CIM Santé), à fixer ses priorités concernant l’intégration de la santé mentale aux différents niveaux de pouvoir. Je l’interrogeais il y a peu sur l’importance de renforcer les synergies entre autorités compétentes et sur la nécessité de mettre en place un consortium scientifique pour intervenir de manière transversale sur les questions de santé mentale et de bien-être.
L’Agence wallonne pour une vie de qualité (AViQ) et l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) avaient été chargés, avant l’été, de consulter les universités francophones et les hautes écoles menant des programmes liés à la protection sociale wallonne. M. le Ministre peut-il nous indiquer l’état d’avancement de ces consultations et les premiers enseignements qui en ressortent ?
Par ailleurs, le Conseil supérieur de la Santé dispose déjà de listes d’experts régulièrement consultés pour l’élaboration de recommandations et l’établissement de priorités dans ses rapports. Ne serait-il pas pertinent de mobiliser, dans une logique d’efficacité et d’optimisation des ressources, les expertises francophones déjà recensées par ce conseil ? La réalisation de rapports, de recommandations et d’avis par ces experts francophones ne ferait-elle pas avancer les politiques à mener en la matière, notamment sur le plan prévention ?
Que pense M. le Ministre de charger par exemple l’actuel co-président du groupe permanent santé mentale du CSS, le professeur Olivier Luminet de l’UCLouvain, de formaliser un tel réseau et d’instaurer un travail régulier de consultation sur ces sujets prioritaires ? Enfin, alors que l’échéance de 2026 approche, M. le Ministre peut-il préciser les priorités qu’il entend retenir pour la Wallonie en matière de santé mentale ?
Yves Coppieters, Ministre de la Santé, de l’Environnement, des Solidarités et de l’Économie sociale. – Des rencontres bilatérales entre l’AViQ et l’IWEPS d’une part, et les universités et hautes écoles d’autre part sont en cours et programmées jusque fin octobre. Le projet de création d’un consortium de recherche dédié aux compétences de l’AViQ recueille jusqu’à présent un large consensus.
Malgré des points de convergence, les objectifs du projet de consortium diffèrent de ceux du Conseil supérieur de la Santé, qui reste d’ailleurs avant tout une instance fédérale activable par le ministre fédéral de la Santé.
L’objectif est de fédérer des ressources rapidement mobilisables et de s’appuyer sur les compétences et expériences reconnues au sein des équipes existantes. Il s’agit, à terme, de doter les autorités de la Région wallonne d’un outil de référence d’aide à la décision. Le modèle existe en Flandre depuis 2006 (sous le nom de Steunpunt Welzijn, Volksgezondheid en Gezin) et a fait ses preuves.
Par ailleurs, les matières concernées dépasseront le spectre de la santé publique et porteront sur l’ensemble des missions de l’AViQ, incluant par exemple les allocations familiales. Il s’agira donc d’envisager la santé dans une approche plus large, telle que la définit l’OMS : un état de complet bien-être physique, mental et social, et non seulement une absence de maladie ou d’infirmité.
Une disposition réglementaire spécifique consacrerait le principe du financement pluriannuel d’une entité autonome, avec une gouvernance propre, chargée par le Gouvernement wallon de réaliser un programme de recherches et d’études (prédéfini ou à la demande), en vue de l’orienter dans ses priorités politiques. Cette gouvernance autonome implique que ce sont les partenaires au sein du consortium qui désigneront, en toute indépendance, quelle institution les représentera auprès des autorités.
L’UCLouvain, au sein de laquelle le professeur Olivier Luminet exerce, devrait être partie prenante au projet. Je peux donc imaginer que M. Luminet sera, à tout le moins, impliqué dans les travaux du consortium lorsqu’il s’agira d’aborder des problématiques de santé mentale.
Quant aux priorités de santé mentale, elles seront présentées prochainement. Le comité de pilotage de la future stratégie santé mentale a été invité à se composer puis à se réunir dans le courant du mois de novembre. C’est à l’issue des travaux du COPIL et des groupes de travail que des priorités claires et finales pourront être définies. Il importe que celles-ci émergent des acteurs de terrain afin qu’elles rencontrent au mieux les attentes.