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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, durant l’année scolaire 2021-2022, 3 471 personnes de tous niveaux scolaires confondus ont passé le jury central de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si ce nombre peut paraître faible comparé aux 900 000 élèves inscrits dans l’enseignement francophone, il reflète une volonté toujours plus marquée de s’éloigner du système scolaire classique. En effet, chaque année, cette filière connaît une augmentation de 10 % des inscriptions. Ce chiffre n’est pas négligeable. En mars dernier, je vous ai interrogée sur l’état des lieux de la réforme des jurys, de plus en plus urgente en raison, d’une part, du nombre croissant d’inscriptions et, d’autre part, des dysfonctionnements récurrents, notamment les décalages entre les dates d’inscription, l’incompatibilité avec le système scolaire classique, les difficultés pour consulter les copies d’examens, l’imprévisibilité des dates d’examens, les résultats publiés après les dates d’inscription aux études supérieures, le manque de clarté des programmes, le manque de communication entre candidats et direction des jurys, etc. Vous avez alors rappelé que « le contrat d’administration prévoit que le décret du 27 octobre 2016 soit complètement revu en 2023 ». Madame la Ministre, le travail d’analyse approfondie mené par vos services pour transformer les jurys en outil d’insertion sociale a-t-il été finalisé ? Dans l’affirmative, pouvez-vous nous en communiquer les résultats ? Par ailleurs, vous avez affirmé que si le système flamand ne pouvait être transposé complètement dans la réforme des jurys, certaines de ses procédures, comme la numérisation, pouvaient s’avérer intéressantes. Pouvez-vous faire le point sur les travaux en cours ? La numérisation des procédures, la création d’un site internet propre au jury et d’une plateforme interactive sont-elles toujours d’actualité ? Enfin, vous êtes-vous tenue à l’agenda annoncé concernant l’avant-projet de décret prévu pour la rentrée scolaire ? La rencontre avec les représentants des écoles privées a-t-elle bien eu lieu ? Sinon, la révision du décret est-elle toujours prévue pour l’année 2023, comme vous l’avez annoncé ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Monsieur le Député, la réforme attendue doit chercher à mettre les candidats au centre de toutes les décisions prises par la direction des jurys afin d’améliorer leur parcours et d’augmenter les taux de réussite aux épreuves tout en diminuant le taux d’absence aux examens, en instituant un contrôle de qualité des épreuves. Il est important également d’améliorer le bien-être de l’équipe des jurys qui a dû, lors de la crise sanitaire, relever de nombreux défis. Le travail d’analyse en profondeur visant à réformer les jurys pour en faire un véritable outil d’insertion sociale est terminé. Pour atteindre cet objectif, des conditions devront être remplies simultanément : le lancement d’un site internet propre au jury, la création d’une plateforme interactive et une numérisation des procédures. Il semble qu’en Flandre, la numérisation excessive des examens amène les usagers à donner un avis contrasté sur celle-ci. Au-delà du fait que digitaliser les épreuves depuis leur élaboration jusqu’à leur correction nécessite de disposer de logiciels adaptés, cela implique aussi de recourir à des épreuves de type questionnaire à choix multiples (QCM), de plus en plus souvent remis en question d’un point de vue pédagogique. Par ailleurs, les épreuves n’étant pas passées simultanément, le modèle flamand semble ne pas assurer une égalité de traitement à tous les candidats d’un même cycle. Mieux vaudrait donc se limiter à l’envisager pour un nombre limité de corrections d’épreuves dans le cadre de la réforme à venir. Outre les conditions précitées, totalement dépendantes de travaux à réaliser par l’Entreprise publique des technologies nouvelles de l’information et de la communication (ETNIC), un renfort en ressources humaines est également indispensable. Je formulerai une demande à ce sujet dans le cadre du conclave budgétaire qui commence ce soir. Monsieur le Député, les conditions nécessaires à cette ambitieuse réforme des jurys de l’enseignement secondaire ne sont pas encore remplies. Une invitation sera prochainement lancée aux représentants des écoles privées pour leur faire part de la situation. Ils m’ont récemment adressé une demande en ce sens.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, le travail d’analyse est dès lors terminé. Je note que des questions se posent sur la numérisation des procédures, notamment une remise en question du système des QCM. Je ne manquerai pas de vous interroger encore à ce sujet. J’aurais aimé obtenir des informations plus précises sur le timing prévu. J’espère que nous achèverons les travaux de cette réforme importante le plus rapidement possible.