QO 05/03/24 à la Ministre Désir : Aide numérique pour les élèves à besoins spécifiques
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Question (Nicolas Janssen). – Le nombre d’élèves présentant des troubles de l’apprentissage est élevé. On en compte environ deux par classe et, dans 40 % des cas, un même élève présente plusieurs troubles d’apprentissage. Pour pallier cette situation, de nombreuses associations travaillent main dans la main avec les écoles dans le but d’aider ces élèves dans leur parcours scolaire. L’ASBL Association belge de parents et professionnels pour les enfants en difficulté d’apprentissage (APEDA), basée à Rixensart, organise des formations et des conférences et fournit des renseignements pratiques aux différents professionnels de terrain. Elle bénéficie ainsi d’une réelle reconnaissance pour son expertise et ses actions. Récemment, elle a organisé une formation, destinée aux enseignants, sur les outils numériques pour les enfants à besoins spécifiques. Selon les témoignages que j’ai reçus, les participants y ont découvert de nombreux programmes: si certains sont gratuits, d’autres coûtent parfois jusqu’à 300 euros par an. Le nombre d’outils permettant d’aider les élèves ayant des troubles de l’apprentissage augmente et c’est une bonne nouvelle. Toutefois, Madame la Ministre, comment la Fédération Wallonie-Bruxelles gère-t-elle cette offre? Un élève ayant connu un programme spécifique dans son école primaire pourrait être désemparé s’il doit s’adapter à un autre programme à son arrivée dans une école secondaire. Cela peut constituer une vraie difficulté pour des enfants déjà vulnérables. Par ailleurs, comment garantir une information adéquate sur le choix et la mise à disposition de ces divers programmes numériques, sans décourager les professionnels du terrain ? Quelles réactions avez-vous récoltées au sujet de ces outils numériques ? Comment accompagner les élèves à besoins spécifiques dans leur parcours scolaire sans les exposer à une panoplie de programmes différents, ce qui pourrait être contre-productif pour leur apprentissage ? Pourquoi certains programmes sont-ils payants et pourquoi d’autres sont-ils gratuits ? Comment gérer cette situation ? La qualité des programmes varie-t-elle en fonction de leur prix ? Enfin, quelles sont les ressources disponibles sur e-classe ? Quelle est la complémentarité entre toutes les sources existantes ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – L’utilisation des ressources numériques pour répondre aux besoins spécifiques des élèves est un véritable sujet d’intérêt. Je salue les différentes initiatives qui se développent dans ce domaine. À l’évidence, les outils numériques contribuent de manière décisive aux apprentissages et représentent souvent un facteur de motivation pour les élèves. Leur utilisation permet d’envisager une approche différenciée des apprentissages et facilite la création d’aménagements raisonnables pour les élèves à besoins spécifiques. À cet égard, il existe une multitude d’outils : certains sont spécifiquement développés dans ce but et d’autres sont détournés pour compenser les difficultés d’apprentissage des élèves à besoins spécifiques. Ces outils sont utiles pour réduire le fossé entre les apprenants et amoindrir l’inégalité que représente le fait, pour les élèves ayant des troubles de l’apprentissage, d’être dans une situation d’apprentissage non adaptée à leurs besoins. Un exemple très concret est l’utilisation de l’ordinateur, de la tablette ou du clavier en classe pour les élèves dysgraphiques sévères ou dyspraxiques. La plateforme e-classe recense plus de quinze ressources portant sur les pistes à suivre et les outils à utiliser afin de mieux comprendre les besoins spécifiques d’apprentissage et d’accompagner plus efficacement les élèves «autrement capables». Une liste d’outils est également mise à disposition, qui catalogue les ressources selon les besoins: ainsi, un enseignant qui cherche un outil d’aide à la lecture sera orienté vers AidOdys; un autre qui cherche une extension permettant une meilleure lisibilité se verra proposer la solution FACIL’iti. Enfin, il revient aux équipes éducatives d’utiliser les méthodes et les outils numériques qui leur semblent les plus appropriés au développement de l’élève, dans le respect du principe de la liberté pédagogique.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, je suis bien d’accord avec vous: il s’agit d’un sujet d’importance et il est essentiel de saluer tous les outils qui répondent aux besoins des élèves. J’aurais aimé que vous me donniez des réponses plus globales sur des thématiques telles que le coût de certains outils ou sur l’information disponible sur ces outils. Je ne doute pas que la plateforme e-classe fournisse le plus de ressources possible, mais les professionnels de l’enseignement éprouvent des difficultés à obtenir des informations. En outre, certains outils ne bénéficient peut-être pas de la publicité qu’ils méritent.