QO 07/04/25 à la Ministre Glatigny : Apprentissage de l’oral en primaire
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Question (Nicolas Janssen). – Le 2 avril dernier, le Groupe interdisciplinaire de recherche sur la socialisation, l’éducation et la formation (GIRSEF) a organisé une rencontre sur les exposés oraux à l’école primaire, sur les émotions ressenties par les élèves lorsqu’ils prennent la parole, ainsi que sur les pistes concrètes pour soutenir ceux-ci dans la préparation de leurs exposés.
Dans tous les aspects de la vie quotidienne, il est commun de devoir s’exprimer en public, que ce soit dans la sphère privée, à l’école, à l’université ou dans les hautes écoles et, plus tard, dans la vie professionnelle. Or, prendre la parole n’est pas un exercice aisé : cela signifie exposer sa voix, son corps, mais aussi livrer ses émotions aux autres. L’apprentissage de l’expression orale semble donc primordial pour gagner en assurance et prendre sa place dans la société. De nombreuses études préconisent d’ailleurs le développement de cette compétence dès le plus jeune âge. Hormis le fait que l’exercice de l’exposé oral est assez pratiqué à l’école primaire, cet apprentissage ne fait pas encore partie des pratiques habituelles au sein de notre enseignement, contrairement aux pratiques en vigueur dans l’enseignement anglo-saxon.
Récemment, le taux de réussite d’une épreuve organisée à Bruxelles et en Wallonie et portant sur la maîtrise de la langue française dans les domaines de l’écriture et de la lecture s’est élevé à 12 %, contre 21 % l’année précédente. Le renforcement des compétences de base des enfants est donc primordial. La Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit que « le parcours commun doit permettre le renforcement des apprentissages de base dès les premières années, l’initiation aux différents domaines polytechniques et la construction d’un parcours orientant positif. » Pour atteindre ces objectifs, et en cohérence avec le Pacte, le gouvernement souhaite: « sur la base du monitoring des référentiels en cours et de la soutenabilité des programmes dans les classes, renforcer les apprentissages de base (dont l’orthographe, le vocabulaire, la lecture, la compréhension à la lecture) jusqu’en 3e primaire ».
Madame la Ministre, rejoignez-vous l’avis du GIRSEF qui entend encourager la prise de parole dans l’enseignement primaire et dès le plus jeune âge ? L’expression orale fait-elle partie des apprentissages de base du tronc commun ? Comment encourager les enseignants à l’intégrer dans leurs pratiques habituelles ? L’expression orale est-elle également une compétence à maîtriser dans le cadre de la nouvelle évaluation Calculer, lire et écrire (CLE). Enfin, qu’en est-il du manque – tel que mis en avant par le GIRSEF – de matériel pédagogique et de temps de travail réservé à cet effet ?
Mme Valérie Glatigny, première vice-présidente et ministre de l’Éducation et de l’Enseignement de promotion sociale. – Le développement de l’oralité constitue bien l’un des défis du tronc commun, tel que le confirme le référentiel de français et langues anciennes. Le langage oral y est traité en tant que langage à part entière et non pas comme une simple transposition de la langue écrite. Les normes propres au langage oral sont ainsi travaillées de manière progressive dès le début de la scolarité en vue d’améliorer sa maîtrise.
L’objectif est d’amener l’ensemble des élèves à communiquer de manière efficace, c’est-à-dire à « exprimer un message de manière audible, intelligible et fluide en tenant compte de la situation de communication. » Le référentiel prévoit une visée propre à la langue parlée avec des attendus spécifiques. Trois modalités de productions orales sont travaillées : « la lecture orale ou la déclamation à voix haute d’un texte préparé; la prise de parole spontanée avec ou sans interaction; la prise de parole préparée avec ou sans interaction. »
Par ailleurs, de nombreuses occasions sont données aux élèves d’exercer leur expression orale, individuellement ou en groupe. Le cours d’éducation culturelle et artistique (ECA) constitue, par exemple, un moment propice à la pratique et au développement du langage oral. Grâce à l’exploration des arts vivants – théâtre, contes, improvisations, vidéos –, les élèves exercent l’expression orale et appréhendent mieux sa maîtrise ainsi que celle de la langue parlée.
Monsieur le Député, soyez assuré que l’expression orale est travaillée de manière transversale dans les différentes disciplines tout au long du tronc commun. Les référentiels visent à développer très tôt la capacité et le plaisir de prendre la parole au sein d’un groupe en permettant aux élèves, d’une part, de s’exprimer, d’échanger et de confronter leurs idées à propos de différents domaines – art, histoire, géographie citoyenneté – et, d’autre part, d’argumenter et de débattre sur des sujets de société.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, votre réponse était très complète. Merci d’avoir rappelé l’importance de travailler de manière transversale et d’avoir fait le lien avec l’ECA.