QO 07/11/23 à la Ministre Désir : Élargissement et continuité du brevet du cycliste dans les écoles secondaires
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, le brevet du cycliste, qui est destiné à des élèves de cinquième et sixième années de l’enseignement primaire, offre aux jeunes la perspective de devenir acteurs de leur mobilité. Encadrés par leurs enseignants et des formateurs externes, les élèves apprennent les bases de la conduite à vélo et les règles de sécurité. Dans le cadre du Plan «Wallonie cyclable 2030», il a été engagé que l’ensemble des écoles primaires bénéficieront d’une formation au brevet du cycliste ou équivalente. Pourtant, à l’heure actuelle, seulement un quart des élèves de cinquième et sixième années de l’enseignement primaire en bénéficie. Par ailleurs, la question de l’efficience à moyen terme et de la continuité de cette formation au-delà de l’école primaire se pose également. En effet, les élèves ayant disposé d’une formation efficace en cinquième et sixième années de l’enseignement primaire pour se rendre à l’école en vélo changent ensuite d’établissement et n’adoptent que trop rarement ce moyen de déplacement pour leurs trajets, même quand les distances domicile-école le permettent. Les ASBL Pro Velo et MOBILESEM lancent des projets souples pour les enseignants volontaires souhaitant lancer une dynamique autour du vélo. Néanmoins, ces initiatives sont encore difficiles à mettre en œuvre, alors que l’enseignement secondaire serait l’une des meilleures périodes pour faire des élèves des citoyens actifs de leur mobilité, s’engageant dans une autonomie de déplacement et privilégiant le vélo tout au long de leur vie quand c’est possible. Madame la Ministre, étant donné que les référentiels de compétences sont de votre ressort, le brevet du cycliste sera-t-il, à terme, rendu obligatoire ? Qu’est-il prévu pour permettre à l’ensemble des élèves des cinquième et sixième années de l’enseignement primaire de bénéficier d’une formation au brevet du cycliste ? Comment assurer une continuité dans l’enseignement secondaire, période qui semble la plus pertinente pour mettre les élèves en selle ? Une formation spécifique englobant l’enseignement sportif, citoyen et technologique dans les écoles serait-elle envisageable ? Avez-vous des contacts avec vos homologues de la Région à ce sujet ? Enfin, la période qui suit les évaluations de fin d’année scolaire n’est-elle pas particulièrement propice à l’organisation de telles activités autour du brevet ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – L’éducation à la mobilité et à la sécurité routière (EMSR) est une prérogative des pouvoirs organisateurs et des directions d’écoles. Ils ont la possibilité de prendre des contacts avec les opérateurs reconnus par les Régions et répartis en Fédération Wallonie-Bruxelles pour proposer aux élèves des activités liées notamment à l’acquisition du brevet du cycliste. Ces activités peuvent évidemment être organisées à l’occasion des jours blancs, mais aussi à d’autres moments de l’année scolaire. En 2022, 500 classes ont participé au brevet du cycliste de Pro Velo en Wallonie, et ce, dans 70 communes. À Bruxelles, le brevet du cycliste a été organisé dans 124 classes, dont 94 en autonomie. L’autonomie signifie que des référents au sein des écoles sont formés par Pro Velo afin de donner, en autonomie, les formations au brevet. Les écoles concernées sont en général inscrites depuis très longtemps dans l’organisation de ce brevet. Outre l’accord de coopération relatif à l’EMSR, qui vise à promouvoir des activités pédagogiques dans les écoles avec les organismes traitant de la sécurité routière, une circulaire est publiée chaque année, à l’occasion de la semaine de la mobilité. La circulaire 9029 du 12 septembre 2023 permet aux écoles de développer des réflexions sur les thématiques telles que les notions de mobilité douce ou de mobilité citoyenne. Les différents projets présentés dans la circulaire visent à informer et à proposer aux enseignantes et aux enseignants des références et des outils de support pour tenir des séquences d’apprentissage avec leurs élèves, notamment sur l’utilisation du vélo. Le financement de ces activités ne relève pas de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais bien de celle des Régions. Toutefois, grâce à l’accord de coopération, la Communauté française continue à être le relais d’information de ces associations subventionnées par les Régions. Le décret du 7 juin 2001 relatif aux avantages sociaux définit la liste exhaustive de ces avantages. Les cours concernant la sécurité routière n’y sont pas repris et ne peuvent donc pas être considérés comme un avantage social au sens du décret. Pour ce qui concerne l’élargissement du brevet du cycliste et son intégration dans les référentiels de l’enseignement secondaire supérieur, les réflexions préliminaires du groupe de travail portant sur l’après-tronc commun viennent tout juste de commencer. Il est donc encore un peu tôt pour préjuger des orientations futures des travaux. J’ai eu l’occasion d’être successivement échevine de la Mobilité, puis échevine de l’Instruction publique dans ma commune. J’ai donc organisé les brevets du cycliste dans les écoles communales. Les enseignants qui ont l’habitude de travailler avec l’organisation Pro Velo soulignent les effets positifs de ces activités sur leurs élèves, qui développent une pratique aguerrie du vélo dans la circulation. À Bruxelles, il est essentiel d’éduquer les enfants en ce sens pour qu’ils circulent à vélo en toute sécurité et pour qu’ils acquièrent confiance en eux et autonomie. Je suis d’accord avec vous: il faut encourager cette pratique, car, pour l’instant, seules les écoles les plus volontaristes continuent à organiser ces initiatives et il est difficile d’élargir le champ d’action. Il conviendrait d’être plus proactif. Toutefois, cela dépend aussi des Régions. C’est pourquoi il faut travailler avec elles sur cette idée. Nous aurons donc tous, dans les prochains mois, de quoi nourrir nos programmes électoraux en la matière.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, je vous remercie d’avoir rappelé ces différents éléments relatifs à la circulaire publiée chaque année. Je vous sens enthousiaste et prudente à la fois. Il faudrait effectivement demander aux Régions ce qu’elles en pensent. D’après moi, elles souhaitent réellement avancer dans cette matière et elles ont par ailleurs plus de moyens que la Fédération Wallonie-Bruxelles. J’entends également que nous devons attendre les conclusions du groupe de travail sur l’après-tronc commun. Espérons que les signaux soient clairs, que nous puissions soutenir davantage ces initiatives, qu’un nombre plus important d’écoles y participent et que nous puissions mettre ce brevet en œuvre le plus rapidement possible.