QO 08/07/25 au Ministre Coppieters : les synergies entre les autorités concernant les politiques de bien-être et de santé mentale
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Question (Nicolas Janssen). – Monsieur le Ministre, à la suite d’une discussion avec le professeur Olivier Luminet, Spécialiste en psychologie de la santé et des émotions à l’UCLouvain et à l’ULB, je vous ai interrogé, il y a deux semaines, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sur la nécessité de renforcer les synergies entre les différentes autorités afin d’articuler des politiques de bien-être et de santé mentale transversales, notamment préventives.
Vous aviez répondu que l’exercice de la compétence relative à la politique de santé mentale avait été confié à la Région wallonne et à la COCOF, en application de l’Accord de la Sainte-Émilie. J’aimerais dès lors revenir sur certains éléments de votre réponse.
Dans le cadre de la CIM Santé, vous êtes chargée de porter l’intégration de la santé mentale aux différents niveaux de pouvoir. D’ici la fin de l’année, vous devrez fixer vos priorités dans ce domaine. Avez-vous, à cette fin, des échanges réguliers avec les différents niveaux de pouvoir ? Avez-vous déjà pu établir certaines priorités ? Comment utilisez-vous concrètement votre double casquette de ministre de la Santé pour la Wallonie et pour la Communauté française ?
Par ailleurs, en réponse à la suggestion de création d’une cellule d’appui transversale réunissant des experts scientifiques sur les questions de santé mentale et de bien-être, vous aviez évoqué un consortium scientifique qui réunirait des universités et des hautes écoles.
Ce consortium est-il déjà en cours d’élaboration ? Avez-vous une liste des universités et hautes écoles qui seront contactées pour le constituer ? Pouvez-vous nous en dire davantage vu l’intérêt que représente ce consortium ?
Yves Coppieters, Ministre de la Santé, de l’Environnement, des Solidarités et de l’Économie sociale. – Monsieur le Député, la question de la santé mentale est bien une préoccupation interfédérale que chaque entité porte à tous les niveaux : dans les groupes de travail entre les administrations et avec les acteurs de terrain, au sein des réunions entre les cabinets et au niveau de la Conférence interministérielle de la Santé.
Les échanges en la matière sont donc réguliers, incluant à la fois les aspects relevant de la Wallonie et de la Communauté française, en particulier pour ce qui concerne le public des enfants et des jeunes. Ils sont une de nos priorités.
Cette préoccupation s’inscrit dans les orientations fixées par l’OMS qui a établi la santé mentale dans ses priorités, depuis plusieurs années, en recommandant d’impliquer les autres secteurs que celui de la santé pour renforcer la prévention et la promotion de la santé. En effet, le 25 mars 2025, de nouvelles orientations de l’OMS appellent à une transformation urgente des politiques de santé mentale. Cela se remarque chez nous avec la situation préoccupante.
Les orientations fournissent un cadre clair pour transformer les services de santé mentale conformément aux dernières données probantes et aux normes internationales en matière de droits humains, en veillant à ce que des soins de qualité soient accessibles à toutes et à tous.
Elles définissent des actions concrètes pour aider les pays à combler leurs lacunes en mettant l’accent sur les principes suivants, et que nous intégrerons en Wallonie :
- tenir compte des déterminants sociaux, environnementaux et économiques qui influent et peuvent avoir un effet négatif sur la santé mentale, notamment l’emploi, le logement et l’éducation ;
- mettre en œuvre des stratégies de prévention et promouvoir la santé mentale et le bien-être à l’échelle de la population ;
- et veiller à ce que les personnes ayant fait l’expérience d’un problème de santé mentale ou ayant des antécédents familiaux par rapport à ces pathologies soient habilitées à participer à la planification et à la conception des politiques.
C’est bien une démarche participative intégrant les besoins propres des patients que l’on veut mettre en avant.
Ces orientations identifient cinq domaines politiques clés nécessitant d’urgence une réforme :
- le leadership et la gouvernance ;
- l’organisation des services ;
- le perfectionnement du personnel ;
- les interventions centrées sur la personne ;
- et la prise en compte des déterminants sociaux et structurels de la santé mentale.
Elles serviront de fondement aux actions que je proposerai au Gouvernement wallon.
Quant à la mise en place d’un consortium scientifique, I’AViQ s’est associée avec I’IWEPS pour mener les discussions avec l’ensemble des universités francophones et des hautes écoles qui mènent des programmes en relation avec la protection sociale wallonne.
Les universités et hautes écoles francophones vont être consultées en bilatéral dans les prochaines semaines. L’objectif est de couvrir les questions en lien avec la santé, le bien-être et l’action sociale. Une collaboration entre mon cabinet et celui de la ministre communautaire en charge de l’Enseignement supérieur, la ministre-présidente, est déjà mise en place. Il s’agit de disposer d’un outil de recherche et d’aide à la décision pour développer de nouvelles politiques publiques. Monsieur le Député, lorsqu’on aura avancé sur le travail, ce sera avec plaisir que je reviendrai vers vous.
Réplique de N. Janssen. – Monsieur le Ministre, merci beaucoup d’avoir fait la clarté sur ces éléments que nous n’avions pas encore réussi à clarifier avec vos premiers éléments de réponse. Je vous remercie pour l’ensemble de ces précisions.