QO 08/07/25 au Ministre Desquesnes : les infrastructures de recharge pour véhicules électriques
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Question (Nicolas Janssen). – Monsieur le Ministre, le développement des infrastructures de recharge pour véhicules électriques est aujourd’hui un enjeu fondamental pour accompagner la transition vers une mobilité plus durable et pour répondre aux obligations européennes.
Dans ce cadre, le règlement européen AFIR, entré en vigueur en 2023, impose un certain nombre de jalons clairs aux États membres. D’ici le 31 décembre 2025, la Wallonie – au même titre que les autres Régions – devra démontrer une couverture territoriale suffisante en bornes de recharge publiques, à la fois en densité et en puissance, en lien avec la montée du parc de véhicules électriques.
Or, à ce jour, le retard wallon est manifeste. Les données disponibles indiquent une implantation encore trop faible de bornes de recharge publiques et les efforts de planification comme d’exécution paraissent insuffisants. Des projets phares comme les projets 91a, 91b et 91c, censés structurer le déploiement le long des grands axes autoroutiers et des pôles urbains, sont eux aussi freinés par des lenteurs ou un manque de coordination.
Dans ce contexte, à quelques mois du jalon européen de fin 2025, pouvez-vous faire le point sur l’état d’avancement de ces trois projets ? Combien de bornes ont été installées à ce jour dans le cadre de ces projets et sur quels sites ? Quels sont les obstacles juridiques, techniques, administratifs ou budgétaires identifiés comme des freins à leur mise en œuvre ?
Quelles mesures concrètes ont été prises à ce jour par le Gouvernement pour garantir l’atteinte du jalon du 31 décembre prochain fixé par l’AFIR ? Disposez-vous d’un plan opérationnel détaillé assorti d’un calendrier précis identifiant les sites, les volumes, les opérateurs pour atteindre ces objectifs dans les temps impartis ?
Quel est, selon les derniers calculs de vos services, le nombre minimal de points de recharge publics à installer en Wallonie pour être en conformité avec l’AFIR ? Quels mécanismes de coordination avec les intercommunales, les communes, les opérateurs privés ou gestionnaires de réseaux avez-vous mis en place pour accélérer le déploiement sur le terrain ?
M. François Desquesnes, Ministre du Territoire, des Infrastructures, de la Mobilité et des Pouvoirs locaux. – Monsieur le Député, le Gouvernement s’est engagé dans la DPR à accompagner la transition vers l’électrification et l’hybridation des véhicules et à veiller, en collaboration avec les autorités communales, à alléger le cadre législatif, urbanistique et financier afin de favoriser le développement d’un réseau de bornes de recharge rapide et semi-rapide.
Le jalon du 31 décembre 2025 fixé par l’AFlR est le cadre d’action national. S’agissant d’une directive européenne, la réponse est portée par les États membres. La Région wallonne a déjà activement contribué au projet de cadre d’action national coordonné par l’autorité fédérale en y fixant ses objectifs.
Le nombre de points de charge équivalents accessibles publiquement en Wallonie en janvier 2025 était de 12 896, correspondant à 35 points de recharge pour 10 000 habitants et représentant un total de puissance accessible d’environ 400 000 kilowatts.
Dans le cadre des projets du PRW de déploiement d’infrastructure de recharge, le Gouvernement wallon, en séance du 22 mai 2025, a donc décidé de poursuivre la collaboration avec les ADT au travers d’un avenant à la convention horizontale entre la Région et les ADT pour la mise en œuvre d’une action de facilitation et d’accompagnement dans le cadre du déploiement de bornes sur domaine communal. Il s’agit d’un marché unique de concession de services qui devrait permettre l’installation d’un minimum de 1 724 bornes, soit 3 400 points de charge équivalents, essentiellement en 22 kilowatts, dans les deux prochaines années. Après l’approbation par l’organe de gestion de chacune des ADT – on me dit que le dernier organe d’un ADT doit se prononcer aujourd’hui –, ce marché devrait être publié dans les tout prochains jours.
Quant au déploiement de bornes de recharge sur le réseau structurant, la SOFICO a atteint les objectifs qui lui avaient été assignés dans le cadre du PNRR, 1 000 points de charge électrique, correspondant à une puissance globale installée de minimum 12 900 kilowatts, intégrant une comptabilisation à dater de février 2020, au travers des marchés de concessions.
La situation actuelle, sur le domaine SOFICO, s’établit à une puissance installée de 14 510 kilowatts répartie sur 13 aires autoroutières. La SOFICO a donc réalisé le projet du volet 91c du PRW, sans financement SOFICO ni européen.
Ceci n’est toutefois pas suffisant pour atteindre les différents jalons imposés par le règlement européen AFIR. Vous me posiez la question des obstacles. L’un d’entre eux est la puissance résiduelle disponible pour réaliser AFIR à court terme. J’ai demandé à la SOFICO d’entreprendre des démarches proactives auprès des gestionnaires de réseau de distribution et du gestionnaire de réseau de transport afin de dégager des solutions pérennes visant à combler, dans les meilleurs délais, les difficultés avérées le long du réseau transeuropéen. Les discussions sont en cours et doivent permettre d’identifier la faisabilité de raccordement pour des puissances importantes – d’autant plus en intégrant la recharge pour poids lourds électriques – ainsi que les délais dans lesquels ces renforcements pourraient être réalisés, tout ceci en tenant compte des autres besoins de l’électrification.
Ces travaux d’extension et de renforcement du réseau vont être extrêmement onéreux, en plus d’une temporalité s’étendant sur plusieurs années, en fonction des plans d’investissements du GRT, Elia.
Il est nécessaire de diversifier les pistes de solutions pour renforcer le réseau de bornes. Une analyse des sites potentiels pour l’installation de bornes de recharge rapide sur les parkings de covoiturage et les aires autoroutières de type III et IV – aujourd’hui non équipée – est en cours de finalisation. Après examen, je demanderai à mon administration de préparer des marchés de concession, ce qui devrait susciter l’intérêt des opérateurs de bornes.
Le nombre de bornes accessibles publiquement à atteindre en 2030 s’élève à un peu plus de 66 000 points de charge équivalents. Sur le réseau RTE-T, un peu plus de 2 450 points de charge équivalents sous forme de points de charge rapides sont nécessaires.
Outre les actions dont je viens de parler, un marché relatif à un inventaire des bornes installées – localisation, puissance, points de charge, et cetera – sur le territoire wallon a été lancé par mon administration. Les informations obtenues devraient permettre de mieux réfléchir sur le maillage des bornes en prenant en considération, non pas des chiffres absolus, mais une analyse multicritères.
Réplique de N. Janssen. – Monsieur le Ministre, merci pour l’ensemble de ces précisions. J’ai envie de vous remercier aussi pour votre volontarisme. On sait que c’est un dossier qui vous tient à cœur et que vous veillez à faire le nécessaire afin de faire le maximum pour atteindre les objectifs fixés pour la fin de l’année.
J’ai également envie de revenir sur un point qui est assez central en la matière, c’est qu’au-delà des plans et des intentions, il est aussi nécessaire d’avoir les moyens humains suffisants au sein de l’administration. Si aujourd’hui peu ou pas de collaborateurs sont spécifiquement affectés à ce dossier au sein du SPW Mobilité Infrastructure ou de la SOFICO, nous pouvons craindre que ce chantier, essentiel en effet, soit repoussé au-delà des objectifs qui sont fixés. Or, l’échéance de fin décembre, fixée par l’AFIR, n’attendra pas et nous ne pouvons dès lors pas tergiverser. Il en va de la crédibilité de notre transition énergétique. On sait à nouveau combien c’est une priorité pour vous et il en va également du respect de nos engagements européens.