QO 10/01/23 à la Ministre Linard: Sensibilisation aux conséquences des écrans sur les jeunes enfants
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Question (Nicolas Janssen). – Depuis quelques années déjà, l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) sensibilise à la problématique des écrans notamment par le biais ses recommandations sur «les enfants et les écrans». Le programme «Yapaka» a également réalisé des campagnes de sensibilisation, comme «Pas d’écrans avant 3 ans» qui est particulièrement bien faite. En effet, selon les études et les spécialistes de la petite enfance, l’utilisation des écrans avant l’âge de 3 ans peut être très néfaste pour le développement de l’enfant. Entre 0 et 6 ans, les enfants ne sont absolument pas capables de gérer cette relation à l’écran et les risques de développer des troubles primaires du langage sont multipliés par trois. Certains enfants n’arrivent plus à exprimer aussi bien leurs idées et leurs émotions. En outre, les jeunes enfants surexposés aux écrans ont tendance à développer une moins bonne motricité fine, car l’utilisation des écrans tactiles ne permet pas le développement des muscles des doigts. Les enfants n’arrivent pas à l’école avec la même force manuelle et la même dextérité qu’il y a dix ans. Enfin, les capacités cognitives des enfants sont de moins en moins développées, notamment concernant la mémoire à court terme. Le temps passé en ligne contribue à une réduction des activités en dehors et à une dégradation du sommeil. Madame la Ministre, pouvez-vous faire le point sur la sensibilisation relative à l’exposition des enfants aux écrans et destinée aux parents, notamment ceux dont les enfants sont en bas âge ? Quels sont les résultats de la campagne de sensibilisation «Pas d’écrans avant 3 ans», six ans après son lancement ? Avez-vous perçu une prise de conscience des parents vis-à-vis de la problématique ? Quelles autres actions préventives d’information et de sensibilisation sont-elles prévues sur les réseaux sociaux ? Depuis quelques années, les campagnes choc ont été lancées quant à la consommation d’alcool et de cigarettes et à la conduite en état d’ébriété. Compte tenu de l’impact des écrans sur les enfants, ne serait-il dès lors pas opportun de créer une campagne semblable pour l’utilisation des écrans dès le plus jeune âge ?
Réponse de Mme Linard, ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. – L’ONE s’est en effet penché sur une campagne relative aux enfants et aux écrans, en collaboration avec le Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM). Les recommandations insistent sur trois aspects: la nécessité d’ouvrir le dialogue avec l’enfant; l’importance de poser un cadre et de trouver des équilibres entre les activités de l’enfant; la prise en compte des opportunités et pas uniquement des dangers de l’écran. Par contre, Monsieur le Député, je n’ai pas d’information quant à l’évaluation de la campagne spécifique de Yapaka, qui relève des compétences de la ministre Glatigny. Cela étant, concernant votre question relative à la prise de conscience des parents, une enquête réalisée en 2015 a montré que les parents pointent à la fois des aspects qu’ils ont vécus positivement, comme le développement de la créativité, la variété des contenus et le répit pendant qu’ils sont occupés à d’autres tâches, et des points qu’ils ont vécus négativement, comme l’incidence de certaines images sur le développement de leur enfant et la passivité engendrée par les écrans. On peut y ajouter les autres éléments que vous avez mentionnés. L’ONE poursuit des actions d’information et d’accompagnement des familles et des professionnels. Ces actions concernent l’équilibre à trouver, sur le contrôle parental ou encore sur la protection des données personnelles. L’ONE fournit de nombreux outils à cet égard. Dès lors, je ne souhaite pas mener de «campagnes choc» pour reprendre les termes que vous utilisez, car il est important de prendre en considération les situations des familles. S’il est effectivement essentiel de s’appuyer sur les connaissances et d’informer les parents des risques liés à la surexposition aux écrans, particulièrement en fonction de l’âge des enfants, il est aussi nécessaire de diffuser un message nuancé, en ne culpabilisant pas les familles, mais en leur montrant les pistes à envisager pour accompagner leurs enfants dans leur relation aux écrans et pour leur proposer d’autres activités.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, je vous remercie pour votre réponse. Je partage votre souci de ne pas culpabiliser les parents. Je comprends que l’idée d’une campagne choc pourrait heurter. Toutefois, vous pourriez envisager des campagnes d’information qui permettraient aux parents et aux familles de prendre conscience du danger et qui les incitent à changer de comportement. Vous évoquez les situations des familles, mais je ne suis pas certain que cet élément soit suffisant pour susciter une plus grande prise de conscience des parents. En évitant de les informer des risques, vous ne leur rendez pas service.