QO 10/5/22 à Mme Linard: Politique commune «Culture et Santé»
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Résumé:
M. Nicolas Janssen (MR). – Depuis 2010, il existe en France une politique commune entre la santé et la vie culturelle: la convention «Culture et Santé». En effet, la culture aurait de nombreux bénéfices sur les personnes malades, réduisant leur isolement et augmentant leur bien-être sur les plans physique, mental et social. En outre, la culture jouit d’une place primordiale dans la définition de la santé établie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’instauration d’un partenariat entre la culture et la santé figure d’ailleurs parmi les 100 recommandations pour la santé mentale adressées au gouvernement. L’objectif d’un tel partenariat consisterait à faciliter les collaborations entre les artistes, les opérateurs culturels et les institutions de soins, à l’instar de la convention française.
Madame la Ministre, un tel programme de politique culturelle existe-t-il déjà en Fédération Wallonie-Bruxelles? Quel regard portez-vous sur la convention «Culture et Santé» instaurée en France? Envisagez-vous un dispositif similaire en Fédération Wallonie-Bruxelles?Mme Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. – La crise sanitaire a confirmé la dimension intrinsèquement culturelle de la santé. Toutefois, aussi importantes que soient ces fonctions, elles ne doivent pas occulter la fonction principale de la culture: permettre à chacun, quelle que soit sa vulnérabilité économique, mentale ou physique, d’exercer son droit de participer à la vie culturelle. Des initiatives aux frontières de l’art, de la culture et de la santé existent dans certains secteurs culturels. Il s’agit notamment d’ASBL actives dans le secteur de l’éducation permanente, comme L’Autre «lieu», Cultures & Santé ou encore Culture & Démocratie et son réseau «Art et Santé». Le centre culturel de Leuze-en-Hainaut a aussi instauré un partenariat pérenne avec l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu, tandis que le centre d’expression et de créativité (CEC) La «S» Grand Atelier, à l’instar du Créahm ou du Silex, travaille avec des personnes en situation de handicap. Dans les arts de la scène, des artistes se sont associés autour de projets d’intervention dans les milieux de soin tels que les Clowns à l’hôpital, Fables Rondes ou encore Le Pont des Arts. Certaines compagnies de théâtre, comme La Troupe du Possible ou L’Appétit des Indigestes, œuvrent dans le champ de la santé mentale. Toutefois, il n’existe actuellement aucune vision coordonnée de l’ensemble de ces initiatives au sein de l’Administration générale de la culture (AGC).
En Belgique, il n’existe pas d’accord de coopération entre les secteurs de la santé et de la culture. En France, la centralisation du pouvoir facilite ce genre de dispositif. M’inspirant de cet accord, je travaille en ce moment avec la ministre Glatigny et le ministre fédéral de la Justice à un protocole d’accord qui, s’il aboutit, permettra un meilleur développement des politiques culturelles en milieu carcéral. Les prisons, les hôpitaux, les hôpitaux psychiatriques et les CPAS, trop souvent négligés par un État social au service de l’économie marchande, sont des «territoires de la difficulté». Ils doivent être investis par les acteurs culturels pour que chacun soit reconnu comme porteur et créateur de culture et pour qu’au départ de cette reconnaissance, un chemin d’émancipation collective et individuelle s’esquisse.
M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie pour ce rappel intéressant des initiatives existantes et des associations qui les portent. Je note qu’il n’existe pas de dispositif de soutien spécifique ni d’accord de coopération. Cependant, je note aussi que vous réfléchissez à un protocole d’accord entre les compétences de la Culture et de la Justice et que vous êtes favorable à une éventuelle collaboration similaire entre la Culture et la Santé.
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Compte-rendu intégral:
M. Nicolas Janssen (MR). – Depuis 2010, il existe en France une politique commune entre la santé et la vie culturelle: la convention «Culture et Santé». En effet, la culture aurait de nombreux bénéfices sur les personnes malades, réduisant leur isolement et augmentant leur bien-être sur les plans physique, mental et social. Les pratiques de ce type apportent aussi un renouveau positif dans les relations entre le soignant et le patient. En outre, la culture jouit d’une place primordiale dans la définition de la santé établie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’instauration d’un partenariat entre la culture et la santé figure d’ailleurs parmi les 100 recommandations pour la santé mentale adressées au gouvernement au mois de janvier dernier. L’objectif d’un tel partenariat consisterait à faciliter les collaborations entre les artistes, les opérateurs culturels et les institutions de soins, à l’instar de la convention française. En effet, ce modèle montre depuis plusieurs années que la création d’espaces de coopération contribue à la démocratisation culturelle, à la défense de la citoyenneté des personnes affaiblies, au rayonnement et à la promotion des thématiques croisées de la culture et de la santé.
Madame la Ministre, un tel programme de politique culturelle existe-t-il déjà en Fédération Wallonie-Bruxelles? Quel regard portez-vous sur la convention «Culture et Santé» instaurée en France? Envisagez-vous un dispositif similaire en Fédération Wallonie-Bruxelles?Mme Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. – La crise sanitaire a confirmé la dimension intrinsèquement culturelle de la santé. Le rapport à soi, aux autres, à la maladie, à la souffrance, à la guérison et à la mort soulève des questions fondamentalement culturelles. En outre, les activités culturelles participent à la rupture de l’isolement, permettent l’expression de soi et répondent à un besoin de reconnaissance. Toutefois, aussi importantes que soient ces fonctions, elles ne doivent pas occulter la fonction principale de la culture: permettre à chacun, quelle que soit sa vulnérabilité économique, mentale ou physique, d’exercer son droit de participer à la vie culturelle. Des initiatives aux frontières de l’art, de la culture et de la santé existent dans certains secteurs culturels. Il s’agit notamment d’ASBL actives dans le secteur de l’éducation permanente, comme L’Autre «lieu», Cultures & Santé ou encore Culture & Démocratie et son réseau «Art et Santé». Le centre culturel de Leuze-en-Hainaut a aussi instauré un partenariat pérenne avec l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu, tandis que le centre d’expression et de créativité (CEC) La «S» Grand Atelier, à l’instar du Créahm ou du Silex, travaille avec des personnes en situation de handicap. Dans les arts de la scène, des artistes se sont associés autour de projets d’intervention dans les milieux de soin tels que les Clowns à l’hôpital, Fables Rondes ou encore Le Pont des Arts. Certaines compagnies de théâtre, comme La Troupe du Possible ou L’Appétit des Indigestes, œuvrent dans le champ de la santé mentale. Toutefois, il n’existe actuellement aucune vision coordonnée de l’ensemble de ces initiatives au sein de l’Administration générale de la culture (AGC). Il n’y a aucun dispositif de soutien spécifique si ce n’est la Commission transversale de la culture (CTC), qui analyse des demandes de soutien pour des projets transversaux et intersectoriels.
En Belgique, il n’existe pas d’accord de coopération entre les secteurs de la santé et de la culture. En France, la centralisation du pouvoir facilite ce genre de dispositif. Il existe d’ailleurs aussi, depuis les années 1980, un accord de coopération entre les ministères de la Culture et de la Justice. M’inspirant de cet accord, je travaille en ce moment avec la ministre Glatigny et le ministre fédéral de la Justice à un protocole d’accord qui, s’il aboutit, permettra un meilleur développement des politiques culturelles en milieu carcéral. Je suis convaincue de la place centrale de la culture et des arts dans notre société. Les prisons, les hôpitaux, les hôpitaux psychiatriques et les CPAS, trop souvent négligés par un État social au service de l’économie marchande, sont des «territoires de la difficulté», pour reprendre les termes employés par le journaliste Nicolas Roméas. Ils doivent être investis par les acteurs culturels, non pour servir de vernis occultant les cassures, mais bien pour que chacun soit reconnu comme porteur et créateur de culture et pour qu’au départ de cette reconnaissance, un chemin d’émancipation collective et individuelle s’esquisse.
M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie pour ce rappel intéressant des initiatives existantes et des associations qui les portent. Je note qu’il n’existe pas de dispositif de soutien spécifique ni d’accord de coopération. Cependant, je note aussi que vous réfléchissez à un protocole d’accord entre les compétences de la Culture et de la Justice et que vous êtes favorable à une éventuelle collaboration similaire entre la Culture et la Santé. Vous avez la volonté évidente de soutenir les projets favorisant l’émancipation.
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