QO 11/03/24 au Ministre Henry : Le déploiement des compteurs intelligents face à la désinformation en Wallonie
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Question (Nicolas Janssen). – Monsieur le Ministre, dans un contexte de transition énergétique, le remplacement des compteurs traditionnels par des compteurs intelligents est une étape centrale pour la modernisation du réseau électrique. Il est d’autant plus nécessaire de démystifier les fausses informations qui circulent autour des compteurs communicants, notamment en ce qui concerne leur fonctionnement et leur pertinence dans le cadre de cette transition. L’une des rumeurs persistantes concerne la possibilité de faire tourner à l’envers les compteurs électriques après 2030. Seuls les anciens compteurs le permettraient, incitant ainsi à conserver les modèles obsolètes, malgré l’opportunité de les remplacer actuellement gratuitement. Cette désinformation engendre, parmi d’autres éléments, une certaine méfiance chez les consommateurs, les poussant à hésiter à adopter les compteurs communicants, même si ces derniers offrent de nombreux avantages en termes de gestion de la consommation d’énergie, de résolution rapide des problèmes techniques tels que les décrochages des onduleurs notamment. Cette réticence est un obstacle pour les GRD dans leurs missions de déploiement des compteurs communicants. Cette situation a pour conséquence que la Wallonie est en retard en termes de déploiement avec des taux d’équipement ne dépassant pas les 14 % dans certaines zones, alors que l’objectif est d’atteindre les 80 % d’ici la fin 2029. Les GRD ont rencontré des difficultés en raison du nombre élevé de refus de la part des consommateurs, bien que depuis le 1ᵉʳ janvier, cette réglementation ait évolué. Ainsi, il est souvent avancé que les GRD comme ORES ne pourront pas remplacer tous les compteurs avant 2030. C’est un argument que j’ai entendu très récemment. Cela incite d’autant plus les personnes hésitantes à garder les anciens compteurs, même en sachant qu’un remplacement ultérieur sera payant. Cette confusion contribue à une certaine opacité et à une désinformation généralisée concernant les compteurs communicants, compromettant ainsi notre transition énergétique. Le calcul est assez vite fait pour ces personnes préférant tenter leur chance et pouvoir ainsi continuer à bénéficier des bienfaits de la possibilité de faire tourner à l’envers leurs anciens compteurs au-delà de 2030. Malgré ces obstacles, selon la CWaPE, 271 000 compteurs communicants ont été installés dans les logements au sud du pays. ORES représente la majorité de ces installations avec environ 209 000 compteurs implantés pour l’électricité et le gaz, suivis par Resa avec 59 600 installations et enfin les trois plus petits GRD avec 2 400 installations. Les gestionnaires de réseaux promettent une accélération du déploiement dans les années à venir pour atteindre les objectifs fixés. Il est donc impératif de clarifier ces informations contradictoires et de communiquer de manière transparente sur les avantages réels des compteurs communicants, tout en dissipant les fausses croyances qui entravent leur adoption. Une évaluation factuelle et transparente de la situation, accompagnée d’une communication claire et accessible, est nécessaire pour guider au mieux les consommateurs vers des décisions éclairées et favoriser dès lors cette transition. Monsieur le Ministre, quelles mesures prenez-vous afin de clarifier et de sensibiliser les consommateurs sur l’importance et les avantages des compteurs communicants, tout en dissipant certaines craintes liées à la vie privée et à d’autres préoccupations ? Quelles actions spécifiques sont entreprises pour garantir que les informations sur les compteurs communicants soient accessibles et comprises par tous les citoyens, y compris ceux qui sont moins familiers avec la technologie ? Enfin, face au retard dans le déploiement des compteurs communicants dans notre Région, quelle stratégie le Gouvernement envisage-t-il pour surmonter les obstacles actuels et accélérer le rythme de déploiement afin d’atteindre l’objectif ambitieux de 80 % d’ici fin 2029 ?
M. Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie, de la Mobilité et des Infrastructures. – Monsieur le Député, vous avez parfaitement raison : trop de personnes craignent l’arrivée des compteurs communicants et certaines considèrent que le compteur mécanique permettrait de conserver la compensation au-delà de fin 2030, ce qui est contraire au décret. C’est pourquoi le décret Électricité est en cours de révision pour notamment intégrer un déploiement à 100 % des compteurs communicants pour fin 2029. En fait, plus personne ne devrait avoir de compteur mécanique en 2030. Le compteur communicant est déjà obligatoire pour tous les prosumers qui ont mis en service une installation photovoltaïque après le 31 décembre dernier. Pour faciliter ce déploiement, j’ai demandé une campagne de communication dont les slogans sont « Êtes-vous au courant ? » et « Dites oui ! ». Il s’agit de faire accepter le compteur communicant en montrant les avantages qu’il peut procurer aux consommateurs même si, comme vous le savez, le décret permet aussi de ne pas autoriser la fonction communicante. Il pourra bénéficier de tarifs plus intéressants dans la nouvelle structure tarifaire rendue publique par la CWaPE qui sera d’application dès 2026. Dès aujourd’hui, le prosumer peut voir son tarif prosumer diminuer s’il augmente son autoconsommation et s’il dispose d’un compteur communicant. Si son onduleur décroche, il pourra bénéficier d’une indemnité s’il dispose d’un compteur communicant lorsque l’arrêté aura été adopté définitivement par le Gouvernement. Il est possible aussi de partager l’électricité au sein d’une communauté d’énergie ou au sein d’un immeuble à appartements, à condition de disposer d’un compteur communicant. Bref, c’est un outil essentiel de la transition énergétique et il permet au citoyen de devenir acteur de cette transition. Comme vous, je partage cet objectif de le voir mieux accepté et mieux par la population, d’où les campagnes de communication que j’ai évoquées.
Réplique de N. Janssen. – Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour l’ensemble des réponses apportées. Si j’ai bien compris, vous dites que plus personne après 2030 n’aurait encore de compteur mécanique. L’une des difficultés, c’est qu’aujourd’hui il y a une conviction contraire selon laquelle on ne parviendra pas à remplacer l’ensemble des compteurs. C’est contre cela qu’il faut lutter aussi, mais c’est une partie de la difficulté avec cette conviction.