QO 11/1/22 à Mme Désir: «Implication des pairs-aidants dans les programmes de prévention»
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La santé mentale et le bien-être des jeunes ont été mis à rude épreuve depuis le début de la crise sanitaire. Dans ce contexte, la médiation par les pairs, la «pair-aidance», retient aujourd’hui l’attention d’un nombre croissant d’acteurs travaillant dans le secteur de la jeunesse et de la santé. Les programmes de prévention reposant sur le concours des pairs peuvent prendre plusieurs formes telles que la formation de sentinelles en milieu scolaire, les cercles de paroles, la présence de référents de bien-être ou de décrochage scolaire, etc. Dans ce cadre, une série de projets mis en place par le service Openado, de la province de Liège, ont eu des effets positifs significatifs. Cependant, la formation et la présence d’un adulte référent s’avèrent indispensables pour garantir la stabilité du jeune aidant. Madame la ministre, dans le cadre de l’axe stratégique 5 du Pacte pour un enseignement d’excellence, qui vise à «faire évoluer l’organisation scolaire afin de rendre l’école mieux adaptée aux conditions du bien-être des enfants», pourrions nous envisager la mise en place de solutions basées sur l’intervention des pairs, qui permettent de rendre les jeunes acteurs de solutions? Et cela en lien avec le harcèlement pour lequel le Pacte prévoit des formations à la médiation par les pairs dès la première année primaire, mais élargie aux autres problématiques citées plus haut? Parmi d’autres initiatives du service Openado, je citerais aussi la méthode dite des ambassadeurs, dont les résultats sont vraiment encourageants et très bénéfiques pour les élèves. Cette méthode met l’accent sur des dimensions dont nous avons tellement besoin dans les écoles et plus largement dans la société: le sentiment de responsabilité et d’appartenance au groupe ou la bienveillance. Qu’en pensez-vous?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – En matière de prévention et de prise en charge du harcèlement scolaire, il existe une grande variété de méthodes, dont celle de la médiation par les pairs. Ces méthodes ont fait l’objet d’une étude qu’a commandée la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2017, et qu’a remise l’expert Benoît Galand.
Pour la médiation par les pairs, si elle permet de responsabiliser les parties en présence et d’éduquer dans le sens d’une résolution pacifique et argumentée du conflit, elle présuppose que les tenants du conflit sont à égalité. Or la dynamique du harcèlement procède d’une prise de pouvoir par l’auteur à l’égard de sa victime et repose donc sur une situation inégale. De la sorte, si la médiation par les pairs peut s’inscrire utilement dans une large approche de la justice scolaire, elle présente un écueil trop important pour se montrer efficace à la résolution d’une situation de harcèlement à proprement parler.
Ne pas se limiter au cadre théorique et laisser ouverte la possibilité de pratiques plurielles semble donc être plus utile. C’est l’approche que nous privilégions, conformément au programme-cadre de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement.Retrouvez question et réponse dans leur intégralité ci-dessous après l’image
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M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, la santé mentale et le bien-être des jeunes ont été mis à rude épreuve depuis le début de la crise sanitaire. Dans ce contexte, la médiation par les pairs, la «pair-aidance», retient aujourd’hui l’attention d’un nombre croissant d’acteurs travaillant dans le secteur de la jeunesse et de la santé. Les programmes de prévention reposant sur le concours des pairs peuvent prendre plusieurs formes telles que la formation de sentinelles en milieu scolaire, les cercles de paroles, la présence de référents de bien-être ou de décrochage scolaire, etc. Ce type de solution permet aux jeunes d’être acteurs de leur bien-être et de leur dynamique de groupe. Dans ce cadre, une série de projets mis en place par le service Openado, de la province de Liège, ont eu des effets positifs significatifs. Les arguments motivant l’implication des pairs dans les programmes de prévention sont nombreux. Les jeunes en mal-être entrent en contact plus facilement avec leurs pairs plutôt qu’avec des adultes. De plus, ces pairs confidents peuvent jouer un rôle encore plus important dans la prévention s’ils sont formés de manière à pouvoir réagir de façon adéquate et solliciter l’aide d’un adulte. Cependant, la formation et la présence d’un adulte référent s’avèrent indispensables pour garantir la stabilité du jeune aidant. Madame la ministre, dans le cadre de l’axe stratégique 5 du Pacte pour un enseignement d’excellence, qui vise à «faire évoluer l’organisation scolaire afin de rendre l’école mieux adaptée aux conditions du bien-être des enfants», pourrions nous envisager la mise en place de solutions basées sur l’intervention des pairs, qui permettent de rendre les jeunes acteurs de solutions? Et cela en lien avec le harcèlement pour lequel le Pacte prévoit des formations à la médiation par les pairs dès la première année primaire, mais élargie aux autres problématiques citées plus haut? Des solutions de ce type ont fait leurs preuves à l’étranger, mais aussi en Belgique dans la province de Liège et ailleurs. Il est intéressant de constater que, sur le terrain, à l’étranger ou chez nous, ces initiatives connaissent un succès grandissant et demandent à être répliquées. Parmi d’autres initiatives du service Openado, je citerais aussi la méthode dite des ambassadeurs, dont les résultats sont vraiment encourageants et très bénéfiques pour les élèves. Cette méthode met l’accent sur des dimensions dont nous avons tellement besoin dans les écoles et plus largement dans la société: le sentiment de responsabilité et d’appartenance au groupe ou la bienveillance. Qu’en pensez-vous?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – En matière de prévention et de prise en charge du harcèlement scolaire, il existe une grande variété de méthodes, dont celle de la médiation par les pairs. Ces méthodes ont fait l’objet d’une étude qu’a commandée la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2017, et qu’a remise l’expert Benoît Galand. Des éléments peuvent en être retirés. Fondamentalement, aucune méthode ne se démarque particulièrement des autres en termes de résultats constatés au cœur des situations de harcèlement.
Pour la médiation par les pairs, si elle permet de responsabiliser les parties en présence et d’éduquer dans le sens d’une résolution pacifique et argumentée du conflit, elle présuppose que les tenants du conflit sont à égalité. Or la dynamique du harcèlement procède d’une prise de pouvoir par l’auteur à l’égard de sa victime et repose donc sur une situation inégale. De la sorte, si la médiation par les pairs peut s’inscrire utilement dans une large approche de la justice scolaire, elle présente un écueil trop important pour se montrer efficace à la résolution d’une situation de harcèlement à proprement parler.
Enfin, des expériences conduites sur le terrain, nous pouvons constater que les méthodes d’intervention sont généralement mêlées et donnent lieu à des pratiques combinées ou modifiées par rapport au modèle original. Ne pas se limiter au cadre théorique et laisser ouverte la possibilité de pratiques plurielles semble donc être plus utile. C’est l’approche que nous privilégions, conformément au programme-cadre de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement.
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