QO 12/09/23 à la Ministre Tellier : La politique de végétalisation urbaine et villageoise de la Région wallonne
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, la végétalisation des milieux urbanisés constitue un levier majeur d’adaptation au changement climatique, en ce sens qu’il améliore non seulement notre résilience, mais aussi la qualité de vie des citoyens. Il est important de mettre l’accent sur cette dimension dans les villes, les villages, les espaces publics, mais aussi les toits et les façades. Cela représente une surface considérable, et verdir davantage sur celle-ci contribuerait significativement à améliorer les conditions de vie des habitants. Vous avez lancé en début de législature, en collaboration avec le ministre Henry, l’élaboration d’appels à projets ayant pour objectif de mettre en œuvre des actions d’adaptation aux impacts du changement climatique au sein des communes wallonnes à travers le développement d’espaces verts prévus dans la fiche 95 du Plan de relance. Sur les quatre appels à projets prévus, trois sont en cours, à des degrés divers. Le 7 juillet dernier, vous annonciez le résultat du troisième appel à projets qui voyait la sélection de 22 communes rurales wallonnes qui se partageront 6,5 millions d’euros pour des projets visant à renforcer le maillage écologique de leur territoire. Le quatrième appel à projets prévu se penche sur la thématique de la végétalisation à l’échelle du quartier en ce qui concerne notamment la plantation d’alignement de maillages ou de bosquets d’arbres, l’aménagement de jardins, de rues en trottoir, la plantation de végétations grimpantes sur les façades, l’aménagement de façades et de toitures vertes ainsi que la création de jardins dans les délaissés urbains. J’ai noté que ce dernier appel permettra aussi « la mise en œuvre de stratégies soutenant l’implantation sur des parcelles privées ou appartenant à un autre acteur public, en collaboration avec les propriétaires de celles-ci ». Madame la Ministre, quels sont aujourd’hui les résultats des appels à projets lancés ? La Région peut-elle constater des résultats probants ? Allez-vous soutenir la plantation ou végétalisation des parcelles privées comme prévu ? Comment articulerez-vous la coopération avec les citoyens et propriétaires privés afin de favoriser les initiatives privées complémentaires à celles des acteurs publics ? Ce dernier appel à projets devait être lancé en mai dernier. Cela a-t-il pu être le cas ? Quels sont les projets sélectionnés par province ? Sinon, pouvez-vous expliquer et nous en dire plus sur ce retard enregistré pour les quatre appels à projets lancés ? Quel est à présent le budget résiduel attribué à cette politique ? Concernant la végétalisation des bâtiments publics, la Ville de Bruxelles a lancé un programme visant à favoriser des toitures et façades végétalisées. La Région wallonne suivra-t-elle cet exemple ? Par ailleurs, nous connaissons le succès du programme Yes We Plant, notamment sur le nombre d’arbres plantés et les kilomètres de haies. Si l’objectif global est atteint, qu’en est-il de la part concernant les centres urbains et villageois ? Je vous remercie pour vos réponses.
Mme Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal. – Monsieur le Député, les effets de la crise climatique – on ne peut peut-être plus parler de crise aujourd’hui, mais de dérèglement climatique –, beaucoup plus structurelle se font déjà ressentir, y compris en Wallonie. Il suffit de penser à la période très chaude que nous vivons pour le moment. Les vagues de chaleur, mais aussi les sécheresses, les inondations ne sont plus des phénomènes anecdotiques. Il s’agit de nouvelles réalités avec lesquelles nous devons donc apprendre à vivre également, tout en continuant bien entendu à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Végétaliser les villes et les villages wallons et donc une solution concrète et à portée de main aussi pour rendre notre territoire plus robuste, plus résilient par rapport à ces enjeux. La végétalisation joue également un rôle important dans notre bien-être et renforce notre qualité de vie en offrant à tous et à toutes un accès aisé à la nature. C’est bien là tout l’objectif du projet 95 du Plan de relance lancé à mon initiative et celle du ministre Henry, chargé du climat et de moi-même. Comme vous l’indiquez, ce projet avance bien. Sur les quatre appels à projets annoncés, les lauréats des trois premiers appels à projets sont connus, les projets développés correspondant à ce stade à un budget de près de 25 millions d’euros. En ce qui concerne le premier appel à projets parcs en milieu urbain lancé en 2021, les projets des 17 communes lauréates avancent. En fonction des spécificités et de la complexité de chaque projet, le rythme est bien entendu variable. Ainsi, sept communes ont déjà déposé leur projet final. Les travaux devraient commencer sous peu, si ce n’est pas déjà le cas. En ce qui concerne le deuxième appel à projets maillage vert et bleu en milieu urbain, 14 communes lauréates ont présenté leur état d’avancement au jury en juin dernier. En ce qui concerne le troisième appel à projets consacré cette fois au maillage vert et bleu en zone rurale, les 22 communes sélectionnées en juillet dernier ont participé à une séance d’information à la fin du mois d’août. Celles-ci vont à présent s’atteler à désigner un auteur de projet pour préciser et mener à bien leur projet d’aménagement. Le lancement du dernier volet du projet 95, consacré à la végétalisation à l’échelle d’un quartier, a été postposé à l’automne. En effet, en février dernier, l’Union des villes et communes de Wallonie a interpellé le Gouvernement wallon en raison de la multitude d’appels à projets à destination des pouvoirs locaux. J’ai été évidemment sensible à cette préoccupation bien légitime et nous avons décidé de faire évoluer les modalités de ce quatrième appel. Les adaptations sont en cours. La végétalisation de parcelles privées ou appartenant à un autre acteur public est bien envisagée. L’objectif principal est d’inciter les communes à déployer des stratégies pour végétaliser l’espace public ou les parties privées en lien avec celui-ci. Par ailleurs, j’ai octroyé une subvention à Natagora pour soutenir le développement de la biodiversité dans les jardins privés et dans le bâti, notamment à travers la végétalisation des façades et des toitures. Pour les jardins privés, Natagora offre également des conseils d’aménagements personnalisés et une labellisation. En ce qui concerne plus particulièrement les bâtiments publics, le Plan de développement durable du SPW travaille sur une série de projets. En 2021, un groupe de travail a été mis en place pour procéder à un inventaire des bâtiments gérés par le Département de la gestion immobilière de la Région dans le but d’identifier les lieux adéquats pour végétaliser les toitures. Malheureusement, l’inventaire, complété par une analyse technique, a révélé qu’il n’était pas possible d’envisager des opérations de végétalisation sur les bâtiments existants. En effet, la conception même des bâtiments est incompatible avec ce genre d’installation. Par conséquent, des échanges ont suivi avec le ministre compétent pour que cette dimension soit bien intégrée dans la stratégie immobilière de la région. Je vous invite à questionner mon collègue pour tout complément sur ce point. En conclusion, vous le constatez, nous mettons d’importants moyens en œuvre pour végétaliser les villes et villages de Wallonie, en complément du programme Yes We Plant que vous avez rappelé. Nous rendons ainsi notre territoire plus robuste, plus résilient, tout en améliorant la qualité de vie et aussi, j’insiste, la protection de la santé de nos concitoyens, de nos concitoyennes dans notre Région.
Réplique de N. Janssen. – Merci, Madame la Ministre, pour l’ensemble de ces réponses et de ces précisions. Je serai intéressé de savoir ce que vous proposerez à l’automne concernant ce quatrième appel à projets. Vous avez dit que l’Union des villes et communes avait remarqué que ces appels à projets sont souvent lourds à porter pour les communes, notamment les plus petites. L’idéal serait de pouvoir offrir des soutiens aux communes qui sont en demande de ce type de projets, mais qui n’ont pas toujours les moyens pour parvenir à répondre à l’ensemble des appels à projets. Ce serait effectivement intéressant d’arriver à les soutenir différemment en apportant par ailleurs toute la simplification administrative requise.