QO 13/10/25 à la Ministre Glatigny : Migration “data” informatique dans les établissements de l’enseignement supérieur artistique à horaire réduit (ESAHR)
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Question (Nicolas Janssen). – Depuis quatorze ans, l’Académie de musique et l’École des arts de Braine-l’Alleud utilisent le logiciel Academia, fourni par la société Soft’OPUS, pour la gestion des données des élèves. Or tous les établissements de l’enseignement secondaire artistique à horaire réduit (ESAHR) doivent désormais utiliser le programme Signalétique Élèves (SIEL-ESAHR), nécessaire au contrôle de la régularité des élèves et au subventionnement des établissements. Ce programme n’étant pas compatible avec Academia, la société Soft’OPUS a cessé ses activités et le logiciel actuel sera définitivement hors service le 31 décembre 2025.
Face à cette situation, un certain nombre d’académies migrent vers AcaWeb, seul programme disponible sur le marché pour ce type d’enseignement et qui possède les accès et les codes pour le transfert des données. Le coût de la migration est de 1 000 euros, TVA comprise, par académie, en plus d’un abonnement annuel au prix comparable à celui du logiciel actuel. Madame la Ministre, comment le gouvernement entend-il soutenir les établissements de l’ESAHR dans cette migration informatique ? Est-il envisageable que la Fédération Wallonie-Bruxelles propose directement une solution intégrée pour assurer cette migration ?
Mme Valérie Glatigny, première vice-présidente et ministre de l’Éducation et de l’Enseignement de promotion sociale. – Monsieur le Député, plusieurs établissements utilisent le logiciel Academia depuis de nombreuses années, développé par la société Soft’OPUS pour la gestion des données élèves. Longtemps leader sur le marché, Academia n’est désormais plus compatible avec SIEL ESAHR, l’application informatique développée par l’Entreprise publique des technologies nouvelles de l’information et de la communication (ETNIC) pour la Fédération Wallonie-Bruxelles et spécifiquement destinée au contrôle de la régularité des élèves et au subventionnement des établissements de l’ESAHR.
Soft’OPUS aurait pu poursuivre ses activités et adapter son produit à la nouvelle réalité informatique. Toutefois, face à la montée en puissance de deux concurrents – AcaWeb et ESAHRweb – et à la perte de sa position dominante sur le marché, ce concepteur a choisi de cesser la commercialisation de son logiciel au delà du 31 décembre 2025. Bien que regrettable pour certains établissements, cette décision relève d’un choix commercial sur lequel la Fédération Wallonie-Bruxelles n’a aucune prise.
Face à cette situation, la grande majorité des 111 ESAHR utilisent désormais des logiciels compatibles avec SIEL-ESAHR, notamment grâce à la mise en œuvre de webservices qui permettent le transfert automatique des données entre les logiciels maison et l’application administrative. Le développement de ces webservices s’est réalisé en collaboration étroite entre l’ETNIC, l’administration de l’ESAHR et le développeur privé, avec une documentation complète et un accompagnement technique dédié.
La personne responsable du développement de SIEL-ESAHR s’est également tenue à la disposition des développeurs indépendants pour faciliter cette intégration. Outre ce soutien technique, entre avril et mai 2025, l’administration a organisé trois webinaires destinés au personnel de direction et au personnel administratif des établissements pour les former au fonctionnement de SIEL-ESAHR. Ces sessions ont, chacune, rassemblé une quarantaine de participants. Des informations complémentaires ont été diffusées par les circulaires 9387 du 6 décembre 2024 et 9540 du 3 juillet 2025.
Depuis la rentrée scolaire, les deux agents du service de vérification de l’ESAHR ont accompagné les établissements dans l’utilisation du nouveau système. Une adresse électronique spécifique a été créée pour permettre aux directions et aux pouvoirs organisateurs de solliciter l’intervention de l’ETNIC si nécessaire. Cette situation illustre cependant une réalité plus large : par nature, l’évolution informatique ne peut prendre en compte en même temps toutes les réalités particulières. Il est donc difficile d’imaginer une solution qui réponde simultanément aux besoins spécifiques de chaque établissement tout en satisfaisant les exigences de l’administration.
Chaque pouvoir organisateur reste libre de son choix dans le domaine des logiciels et cette diversité reflète des pratiques bien établies souvent adaptées aux besoins concrets du terrain. À terme, il pourrait sembler opportun d’envisager la création d’un logiciel de gestion unique, capable de répondre aux besoins à la fois des établissements et de l’administration. Une telle solution favoriserait une meilleure cohérence, une simplification des processus et une mutualisation des ressources. Cependant, cette perspective se heurte à des obstacles et au fait que chaque établissement a développé ou a opté pour un logiciel spécifique souvent apprécié et maîtrisé par ses équipes.
Cette diversité reflète la liberté des confédérations de pouvoirs organisateurs à laquelle la Fédération Wallonie-Bruxelles ne souhaite pas porter atteinte. Il existe également des contraintes techniques, budgétaires et juridiques liées au développement d’un outil unique. Elles sont considérables. Il faudrait concevoir une solution suffisamment souple pour s’adapter à toutes les réalités du terrain en respectant les missions strictes de l’administration. Enfin, il n’est pas certain que les établissements renonceraient à leur logiciel actuel qu’ils connaissent bien et qui répond à leurs besoins spécifiques.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, je vous remercie pour ces précisions sur le contexte de la situation ainsi que pour les informations relatives au soutien technique et à l’accompagnement proposés aux établissements. Je vous remercie aussi de partager votre réflexion plus globale, en évoquant les réalités du terrain.