QO 14/02/23 à la Ministre Morreale : La coopération entre les régions relative aux enseignants de seconde carrière
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, dans le contexte particulier de la pénurie d’enseignants au nord du pays, le ministre flamand de l’Emploi, Jo Brouns, déclarait récemment dans la presse que, si les demandeurs d’emploi situés en Wallonie pouvaient effectivement suivre une formation reconnue par le VDAB, il fallait cependant que le FOREm juge ces formations adaptées à un trajet de retour à l’emploi. Or, à l’heure actuelle, une directive interne du FOREm interdit que les demandeurs d’emploi établis en Wallonie puissent suivre des formations du VDAB liées au métier de l’enseignement. M. Brouns déplorait cette impossibilité de choisir une seconde carrière en tant qu’enseignant en Flandre. Cette possibilité aurait pourtant contribué à répondre à la pénurie des enseignants en Flandre, tout en ayant un impact positif sur le chômage de notre Région. Le ministre Brouns a parlé d’une opportunité manquée. Les nombreux relais de sa déclaration dans les médias ont montré qu’il n’était pas le seul à le voir ainsi. Vu le nombre de demandeurs d’emploi en Wallonie et la volonté du Gouvernement d’y répondre, comment une telle situation est-elle possible ? Qu’en pensez-vous ? Quelles mesures sont prises pour répondre à ce besoin de passerelles entre les Régions, notamment dans le cadre bien spécifique de la pénurie des enseignants ? Une révision de la directive interne du FOREm évoquée il y a un instant est-elle à l’ordre du jour ? Pouvez-vous faire un état des lieux de vos échanges avec votre homologue flamand, ainsi qu’avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, concernant la coopération entre les Régions au sujet de la formation d’enseignants de seconde carrière ?
Réponse de Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale et de l’Economie sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes. – Monsieur le Député, il existe un accord-cadre entre les différents services publics belges de l’emploi pour offrir aux chercheurs d’emploi la possibilité de choisir la formation qu’ils souhaitent suivre, quelle que soit la Région dans laquelle est dispensée cette formation. Chaque service public de l’emploi conserve cependant un droit de validation sur le choix posé par ledemandeur d’emploi. Cette validation s’appuie sur des critères définis entre services de l’emploi qui s’appliquent uniformément entre les Régions. Il n’existe pas de directive interne au FOREm visant spécifiquement à exclure qu’un demandeur d’emploi wallon puisse suivre une formation au métier d’enseignement en Flandre. Les demandeurs d’emploi qui souhaitent reprendre des études de plein exercice peuvent d’ailleurs bénéficier d’une dispense de disponibilité sur le marché du travail pendant la durée de leurs études, en ce compris pour des études au métier d’enseignant en Flandre. Par contre, il ne me semble pas que ce soit sur la thématique des métiers de l’enseignement que la mobilité entre Régions soit la plus efficace dès lors que la Fédération Wallonie-Bruxelles est elle-même confrontée à une pénurie d’enseignants et qu’elle publie d’ailleurs régulièrement sa propre liste des métiers en pénurie et en tension. Dès lors qu’il existe une demande au niveau de l’enseignement francophone, les demandeurs d’emploi sont logiquement orientés plus facilement vers des formations menant aux métiers de l’enseignement francophone, qui présentent une haute probabilité d’insertion pour les demandeurs d’emploi et dont les études sont par ailleurs, a priori, plus accessibles en l’absence de la barrière de la langue. C’est davantage sur les formations aux métiers pour lesquels la demande d’emploi est complémentaire à l’offre d’emploi flamande qu’il convient de se focaliser. Malheureusement, la pénurie de main-d’œuvre est partagée dans chaque Région pour un nombre important des métiers en pénurie ou tension. La mobilité entre Régions en matière de formation et de mise à l’emploi reste néanmoins importante et peut s’avérer très utile dès lors qu’elle est ciblée sur des collaborations équilibrée et efficiente, notamment dans les régions frontalières où la coopération entre services publics peut probablement être renforcée. Des discussions sont en cours entre le VDAB et le FOREm afin de renforcer leurs collaborations. Pour le surplus, au sens strict, la coopération entre Régions en matière d’enseignement relève davantage de la compétence du ministre de l’Enseignement de chaque entité concernée. En ce qui concerne le FOREm, et donc ma compétence propre, vous aurez compris qu’il n’y a pas d’interdiction.
Réplique de N. Janssen. – Je suis très surpris de votre réponse, Madame la Ministre, parce que l’interdiction du FOREm de participer à ces formations a largement été relayée. Je comprends bien qu’il y a pénurie d’enseignants des deux côtés, mais ce n’est pas à nous à intervenir dans la Région dans laquelle le demandeur d’emploi a envie de travailler. Nous devons être là pour supprimer les barrières existantes éventuelles. J’ai bien noté que vous avez indiqué qu’il n’y a pas d’interdiction. Cela a tellement et abondamment été relayé dans la presse que je ne peux pas croire que le FOREm n’aurait pas pu réagir de manière plus objective. Visiblement, un certain nombre de demandeurs se sont retrouvés dans l’impossibilité de participer à ces formations.