QO 14/03/23 à la Ministre Désir: Organisation des apprentissages de la filière qualifiante
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Question (Nicolas Janssen). – À la suite de la réorganisation du parcours dans l’enseignement qualifiant, les élèves auront trois années pour acquérir les compétences et les savoirs requis, tant dans les matières générales que dans leur option métier. La réforme du tronc commun et l’inconnue de l’après-tronc commun inquiètent de nombreuses directions d’écoles. Si l’objectif est de faire du parcours qualifiant une filière d’excellence, valorisante pour chaque élève et permettant une intégration socioprofessionnelle réussie, tout en simplifiant son organisation, force est de constater qu’à l’heure actuelle, les informations quant à son organisation sont inexistantes. Madame la Ministre, le passage à trois années pour l’acquisition des compétences et des savoirs permettra-t-il un apprentissage approfondi des matières ? En quoi les cours seront-ils différents de ceux qui étaient dispensés auparavant ? Qu’en est-il de la formation au métier en lui-même ? Il s’agit là de certaines questions qui m’ont été transmises récemment. La dernière année du parcours de l’élève sera organisée de manière spécifique. Comment cette organisation permettra-t-elle aux élèves d’apprendre un métier de manière approfondie ? Comment pallier le risque d’éventuelles lacunes au sortir de la formation ? Qui décidera du niveau de compétence attendu et comment ce niveau sera-t-il formalisé ? Par ailleurs, l’enseignement qualifiant doit faire face au défi de la relégation. Selon des experts, «cette structuration [du système éducatif] implique, de facto, que l’enseignement qualifiant se trouve dans la position d’accueillir une part disproportionnellement élevée d’élèves en difficulté, au terme de parcours marqués le plus fréquemment par des expériences d’échecs et d’orientations négatives». Madame la Ministre, comment faire pour que la réduction du nombre d’années de formation dans cette filière ne constitue pas un risque supplémentaire d’échec pour les élèves qui sont déjà en situation scolaire délicate ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Avant l’introduction du parcours d’enseignement qualifiant (PEQ), la majorité des options qualifiantes ne débutaient qu’en cinquième année secondaire. Si certaines options s’organisaient parfois de la troisième à la sixième année secondaire, ce n’était pas une généralité. Les élèves rejoignaient souvent, en cinquième année, une option différente de celle qu’ils avaient choisie pour la troisième et la quatrième année. Contrairement à ce que vous affirmez dans votre question, Monsieur Janssen, le PEQ allonge donc la durée de formation dans de nombreuses filières et il harmonise les parcours au sein de l’enseignement qualifiant. D’ailleurs, les établissements qui rejoindront le PEQ à la rentrée prochaine devront notamment relever le défi de créer une quatrième année qui correspond à leurs options et non de couper dans les programmes pour réduire le parcours d’une année. Dans ce cadre, tant les profils de certification que les référentiels restent inchangés. La qualité des formations n’en sort que renforcée. L’introduction du tronc commun jusqu’à la troisième année secondaire revêt un caractère positif pour l’orientation de l’élève. Tous les élèves destinés à une filière qualifiante arriveront en même temps dans le PEQ. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, puisqu’une partie importante de la relégation s’opère à la sortie de la deuxième année vers une troisième année technique, soit à un très jeune âge. Le tronc commun sera, en outre, polytechnique et orientant : il permettra à tous les élèves de s’essayer à une multitude de savoirs, notamment manuels et techniques. L’état des lieux dressé par l’ASBL Agir pour l’enseignement est de nature plus qualitative que quantitative, notamment en raison du peu de données chiffrées disponibles. Les constats du rapport ne traitent donc pas de réalités vécues par l’ensemble des enseignants. En rencontrant des enseignants de l’enseignement qualifiant le vendredi 10 mars 2023, lors d’un événement relatif aux entreprises virtuelles, j’ai remarqué qu’ils ont tous conservé une activité annexe et qu’ils font utilement profiter leurs élèves de cette expérience. Par ailleurs, des dispositifs existent pour que les enseignants continuent de se former tout au long de leur carrière. Citons notamment les CTA, qui permettent aux enseignants de se former en amont de la venue de leurs élèves, ou encore le programme «Entr’apprendre» de l’Institut interréseaux de la formation professionnelle continue (IFPC). Ces dispositifs ne touchent malheureusement pas encore tous les enseignants. Tant une communication sur les dispositifs existants que la création de dispositifs complémentaires en matière de formation professionnelle continue ou de maintien du lien avec le métier d’enseigner restent nécessaires. J’ai prévu d’y travailler, notamment sur la base de cet état des lieux.
Réplique de N. Janssen. – Beaucoup d’écoles s’interrogent aujourd’hui sur la faisabilité de la mise en œuvre d’un tronc commun polytechnique et orientant. Elles souhaitent obtenir des réponses pour adapter leurs offres aux élèves. Concernant l’après-tronc commun, je comprends que vous ne disposiez pas encore toutes les éléments pour répondre à mes questions, Madame la Ministre, mais il vous faut trouver une manière de rassurer les écoles.