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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, la réforme du tronc commun entraîne un changement important dans l’organisation des écoles. Dans cette nouvelle logique, la distinction entre l’enseignement primaire et l’enseignement secondaire ne devrait plus être aussi nette qu’auparavant puisqu’il s’agira de mettre l’accent sur la continuité du parcours scolaire, depuis la troisième année maternelle jusqu’à la troisième année secondaire.
On peut lire dans la Déclaration de politique communautaire (DPC) que, «lors de la rénovation et de la création d’écoles, le Gouvernement encouragera la construction d’écoles qui organisent l’ensemble du tronc commun. Il veillera à adapter les locaux à la mise en œuvre du nouveau tronc commun, à la dimension liée au travail collaboratif et aux nouvelles méthodes d’apprentissage, aux processus participatifs et à l’environnement numérique.»
Au mois de septembre, vous avez déclaré vouloir faire aboutir le chantier des écoles du tronc commun. Ces écoles n’auraient alors plus d’étiquette pour distinguer les niveaux primaire et secondaire, mais elles travailleraient pour garantir un bloc uni et continu dans le cadre du tronc commun. À ce propos, vous avez annoncé l’élaboration d’une note d’orientation. Est-elle déjà finalisée? Pourriez-vous en donner les grandes lignes? En outre, certaines écoles ont déjà commencé une réflexion allant dans ce sens. Je pense notamment à la ville de Charleroi et à certaines écoles de la province de Hainaut. Où en sont ces projets? Connaissez-vous des pouvoirs organisateurs qui s’associent pour redessiner les écoles du tronc commun? Comment inciter l’ensemble des pouvoirs organisateurs à travailler dans ce sens?
Par ailleurs, dans ce cadre et au regard des discussions actuelles sur l’apprentissage des langues, il serait intéressant que toutes les écoles puissent débuter ce dernier au même stade du cursus scolaire, toutes méthodes d’apprentissage confondues, en ce compris l’immersion, ce qui constitue d’ailleurs une demande du secteur. La DPC prévoit en effet de «renforcer quantitativement et qualitativement l’apprentissage des langues notamment en mettant en œuvre l’éveil aux langues dès la maternelle». Dans cette logique, les cours de langues ne devraient-ils pas débuter dès la première année du tronc commun?
Réponse de Mme Désir, ministre de l’Éducation. – Le chantier des écoles du tronc commun constitue une réforme hautement symbolique au regard de la scission toujours très, voire trop, présente entre l’enseignement primaire et l’enseignement secondaire. Travailler à un réel continuum pédagogique de la première année maternelle à la troisième année secondaire n’est pas qu’une question de volonté. Cela touche en effet à des dimensions à la fois juridiques, statutaires et infrastructurelles. Mes services finalisent la note d’orientation que j’avais déjà évoquée au mois de septembre dernier. Elle sera tout prochainement présentée au sein du Comité de concertation du Pacte pour un enseignement d’excellence. Elle aborde plusieurs enjeux. Elle soulève en premier lieu la question de la définition d’un cadre légal offrant la possibilité de présenter des projets d’admission aux subventions qui se marient avec la logique du tronc commun.
Conformément à la Déclaration de politique communautaire (DPC), une réflexion est également proposée pour modifier la numérotation des années d’études. L’objectif est de refléter concrètement le continuum pédagogique inhérent au tronc commun. Des groupes de travail doivent encore approfondir les conséquences que les écoles du tronc commun amèneraient en termes d’encadrement, d’une part, et d’inscription en première année secondaire, d’autre part.
J’espère pouvoir envoyer rapidement un signal positif vers le terrain pour encourager de tels projets d’école. Il me revient que certains connaissent des difficultés à trouver un équilibre qui dépasse les logiques actuelles d’une frontière entre l’enseignement fondamental et l’enseignement secondaire. Il est également question des frontières entre les PO, voire aussi entre les réseaux, qui se heurtent très vite à des obstacles juridiques. Je reste toutefois résolument optimiste quant à l’issue des échanges qui auront lieu en Comité de concertation du Pacte. L’apprentissage des langues devra être abordé dès la troisième année primaire, y compris en Wallonie. L’apprentissage d’une seconde langue sera également anticipé à la deuxième année secondaire. Enfin, plus en amont, une période hebdomadaire d’éveil aux langues est prévue dans l’enseignement maternel, ainsi qu’en première et deuxième années primaires.
Réplique de Nicolas Janssen. – Madame la Ministre, je vous remercie d’avoir rappelé les différentes dimensions de ce chantier, y compris les aspects plus symboliques. Je salue votre volonté de travailler à un réel continuum pédagogique, qui n’est pas simple. Nous sommes impatients d’en savoir plus sur la note que vous présenterez tout prochainement et nous ne manquerons pas de suivre l’évolution de ce chantier.