QO 14/12/21 à Mme Désir: «Application structurelle du concept d’éducation fondée sur des preuves»
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Résumé:
La notion d’éducation fondée sur des preuves est évidente en médecine, où toute étude doit se confronter à un groupe contrôle. En éducation, cette notion est toutefois peu utilisée. Le Pacte pour un enseignement d’excellence reprend ce concept dans le volet «Promotion de l’innovation pédagogique» de l’axe stratégique n° 2. En outre, l’avis n° 3 du Groupe central spécifie qu’un agenda de recherche issu d’une collaboration poussée avec le monde de la recherche devra être établi.
Cet agenda a-t-il été établi, Madame la Ministre? Si oui, est-il disponible? Est-il envisagé de recourir à davantage de dispositifs basés sur les preuves? Il était prévu dans le Pacte qu’un nombre limité de programmes innovants soient mis à l’essai. Ces programmes ont-ils effectivement été lancés? Si oui, lesquels?
Une enquête sur le climat et le bien-être des élèves, initialement prévue au printemps 2020, a été reportée au printemps 2022. Pourrait-elle servir de base à des études plus spécifiques et ciblées sur certains composants de la santé mentale des jeunes? Serait-il envisageable de l’appliquer de manière structurelle aux différents réseaux d’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles? Pourrait-elle éventuellement servir aussi de base à un baromètre du bien-être et de la santé mentale des jeunes? Qu’en pensez-vous?Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Une réflexion sur la mise en œuvre d’un agenda programmatique de promotion et de soutien à la recherche scientifique dans le domaine de l’éducation est en effet menée dans le cadre d’un des chantiers du Pacte pour un enseignement d’excellence. Elle vise à encourager non seulement le développement des pratiques pédagogiques et didactiques des enseignants au service des apprentissages des élèves et du développement professionnel des équipes éducatives, mais aussi à soutenir le pouvoir régulateur dans ses missions de pilotage du système éducatif.
Malgré tout l’intérêt de l’éducation fondée sur des preuves et le soutien à son développement actuel en Fédération Wallonie-Bruxelles, il est indispensable de veiller à ce que l’agenda de la recherche relève de courants épistémologiques variés. Plusieurs projets de recherche se sont basés sur cette méthode. Ainsi, dès 2016, dans le cadre de l’expérience pilote visant à soutenir les écoles qui font face à des difficultés persistantes, c’est-à-dire les prémices du dispositif «école en dispositif d’ajustement» (EDA), deux recherches avaient été menées dans des écoles volontaires. Les résultats de ces recherches et les outils liés à ces dispositifs seront prochainement publiés, à la fois sur la plateforme e-classe et sur www.enseignement.be.
Deux autres recherches de ce type ont débuté récemment, dans le cadre du dispositif relatif aux EDA, de manière à fournir au pouvoir régulateur des ressources qu’il pourrait octroyer aux écoles en vue d’un projet de recherche caractérisé par l’innovation et adapté aux besoins de celles-ci. Enfin, l’enquête que vous mentionnez s’inscrit dans le cadre de la nouvelle gouvernance du système éducatif. Cette nouvelle politique de gouvernance fixe sept objectifs d’amélioration pour améliorer la qualité et l’efficacité du système éducatif. Le dernier objectif concerne le bien-être et le climat scolaire, objectif pour lequel nous ne disposons pas d’indicateurs à ce jour. L’enquête a donc pour but principal d’en construire, sur la base d’un échantillon d’écoles. Elle sera renouvelée tous les cinq ans. À ce stade, il n’est pas prévu qu’elle serve de référence à d’autres études.Retrouvez question et réponse dans leur intégralité ci-dessous après l’image
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Compte-rendu intégral:
M. Nicolas Janssen (MR). – Je souhaiterais revenir sur le concept d’éducation fondée sur des preuves, mis en avant par Mme Ariane Baye lors des auditions sur la santé mentale des jeunes qui se sont déroulées le 18 novembre dernier en commission conjointe. La notion d’éducation fondée sur des preuves est évidente en médecine, où toute étude doit se confronter à un groupe contrôle. En éducation, cette notion est toutefois peu utilisée. Le Pacte pour un enseignement d’excellence reprend ce concept dans le volet «Promotion de l’innovation pédagogique» de l’axe stratégique n° 2. En outre, l’avis n° 3 du Groupe central spécifie qu’un agenda de recherche issu d’une collaboration poussée avec le monde de la recherche devra être établi.
Cet agenda a-t-il été établi, Madame la Ministre? Si oui, est-il disponible? Est-il envisagé de recourir à davantage de dispositifs basés sur les preuves? Il était prévu dans le Pacte qu’un nombre limité de programmes innovants soient mis à l’essai. Ces programmes ont-ils effectivement été lancés? Si oui, lesquels?
Toujours d’après Mme Ariane Baye, une enquête sur le climat et le bien-être des élèves, initialement prévue au printemps 2020, a été reportée au printemps 2022. Cette étude, basée sur des indicateurs socio-émotionnels et comportementaux, est prévue tous les cinq ans. Pourrait-elle servir de base à des études plus spécifiques et ciblées sur certains composants de la santé mentale des jeunes? Serait-il envisageable de l’appliquer de manière structurelle aux différents réseaux d’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles? Pourrait-elle éventuellement servir aussi de base à un baromètre du bien-être et de la santé mentale des jeunes? Qu’en pensez-vous?Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Une réflexion sur la mise en œuvre d’un agenda programmatique de promotion et de soutien à la recherche scientifique dans le domaine de l’éducation est en effet menée dans le cadre d’un des chantiers du Pacte pour un enseignement d’excellence. Elle vise à encourager non seulement le développement des pratiques pédagogiques et didactiques des enseignants au service des apprentissages des élèves et du développement professionnel des équipes éducatives, mais aussi à soutenir le pouvoir régulateur dans ses missions de pilotage du système éducatif.
Malgré tout l’intérêt de l’éducation fondée sur des preuves et le soutien à son développement actuel en Fédération Wallonie-Bruxelles, il est indispensable de veiller à ce que l’agenda de la recherche relève de courants épistémologiques variés. Plusieurs projets de recherche se sont basés sur cette méthode. Ainsi, dès 2016, dans le cadre de l’expérience pilote visant à soutenir les écoles qui font face à des difficultés persistantes, c’est-à-dire les prémices du dispositif «école en dispositif d’ajustement» (EDA), deux recherches avaient été menées dans des écoles volontaires. La première, réalisée sous l’égide de l’Université de Liège (ULiège), visait à adapter l’expérience «PARLER» (Parler, apprendre, réfléchir, lire ensemble pour réussir) aux spécificités du système éducatif belge francophone et à évaluer si elle rencontre le même succès qu’en France. La seconde, toujours réalisée par l’ULiège sous la direction d’Ariane Baye, adaptait le dispositif de soutien aux comportements positifs aux particularités du système éducatif belge francophone. Son objectif était d’évaluer si le dispositif produisait les mêmes effets bénéfiques dans la lutte contre le décrochage scolaire qu’à l’étranger. Les résultats de ces recherches et les outils liés à ces dispositifs seront prochainement publiés, à la fois sur la plateforme e-classe et sur www.enseignement.be.
Deux autres recherches de ce type ont débuté récemment, dans le cadre du dispositif relatif aux EDA, de manière à fournir au pouvoir régulateur des ressources qu’il pourrait octroyer aux écoles en vue d’un projet de recherche caractérisé par l’innovation et adapté aux besoins de celles-ci. Le premier projet, mené par l’ULiège, vise à créer des centres de littératie, un programme pour enseigner des stratégies de lecture et d’écriture de la troisième à la sixième année primaire. Le deuxième, mené quant à lui par l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), accompagne les enseignants dans la mise en œuvre d’un programme didactique visant à mettre la lecture et l’écriture au cœur de la réussite des élèves de la cinquième année primaire à la deuxième année secondaire. Enfin, l’enquête que vous mentionnez s’inscrit dans le cadre de la nouvelle gouvernance du système éducatif. Cette nouvelle politique de gouvernance fixe sept objectifs d’amélioration pour améliorer la qualité et l’efficacité du système éducatif. Le dernier objectif concerne le bien-être et le climat scolaire, objectif pour lequel nous ne disposons pas d’indicateurs à ce jour. L’enquête a donc pour but principal d’en construire, sur la base d’un échantillon d’écoles. Elle sera renouvelée tous les cinq ans. À ce stade, il n’est pas prévu qu’elle serve de référence à d’autres études.