QO 15/02/2022 au Ministre Borsus: La filière wallonne des protéines végétales
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Résumé
Nicolas Janssen : La SOGEPA et la SRIW ont lancé en 2020 un projet de filière de protéines végétales en Wallonie. Cosucra et Vlevia ont décidé de travailler ensemble, aux côtés de la Région wallonne dans le développement, la production et la commercialisation de protéines végétales en substitut à la viande ou plutôt complémentairement à la production de viande. Le positionnement stratégique du projet s’inscrit dans un marché de forte croissance des régimes végétariens et flexitariens. L’objectif est d’arriver à une rentabilité d’ici 2024 pour ensuite monter en puissance en créant près de 300 emplois à l’horizon 2030, et tout en veillant à organiser toute la filière de la production agricole jusqu’à la transformation industrielle, a-t-il été indiqué. Le potentiel du flexitarisme, comme on l’appelle, serait énorme. Selon les données récentes par exemple de Nestlé, 40 % à 49 % des Belges ont adopté ce régime alimentaire aujourd’hui. Les médias ont relayé, il a quelques jours, samedi dernier, la naissance de la joint venture Go for Plant. Pourriez-vous nous dire quelles sont les étapes prévues de son développement ? D’autres projets concernant cette filière sont-ils à l’étude ? Comment le Gouvernement compte-t-il pérenniser son soutien à cette filière ?
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M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. – Monsieur le Député, effectivement, vous l’avez évoqué, le 23 novembre 2021, la société Go for Plant a été créée à l’initiative des entreprises agroalimentaires Cosucra et JG&V. Le 14 janvier, la SRIW et la SOGEPA ont rejoint le projet en prenant une participation minoritaire dans Go for Plant, 49 % du capital pour le public et 51 % pour le privé. Il y a une intervention également de la Banque européenne d’investissement. L’objectif est double : d’une part, produire et commercialiser des produits sains, des produits locaux issus de pois protéagineux en guise d’alternative ou de complément à la viande, et d’autre part, en collaboration avec Wagralim, de développer une filière agricole durable et locale autour des protéines végétales, une filière, donc, de la fourche à la fourchette.
Concrètement, il s’agit d’initier une nouvelle chaîne de valeur en Région wallonne en capitalisant sur les forces d’autres chaînes, d’autres expertises voisines dans le monde entrepreneurial ou dans le contexte des outils financiers de la Région wallonne et en positionnant Go for Plant d’emblée comme un maillon fort.
Un certain nombre d’études que vous relevez très justement évoquent la part croissante de nos consommateurs qui souhaitent pouvoir consommer ce type de produit. Le raisonnement qui était le mien est donc assez simple, c’est de dire : soit nous n’agissons pas, et ces produits seront importés chez nous et consommés, soit nous devenons des acteurs de cette filière, et c’est le choix qui a été posé. Notons que depuis peu, les produits Go for Plant sont disponibles désormais dans la grande distribution, dans la chaîne de Carrefour sous la marque bien nommée Youpi.
Si certains projets sont déjà en cours, il y a par ailleurs une volonté claire de poursuivre le soutien à la recherche sur ces thématiques. Dans ce cadre, nous venons de valider la recherche sur les protéines végétales comme une des initiatives prioritaires qui seront soutenues dans le cadre de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Wallonie, la fameuse S3, de façon à générer les innovations qui permettront à nos acteurs économiques et industriels de se différencier sur ce marché.
Je voudrais aussi évoquer très succinctement le fait que le développement de la filière a naturellement une temporalité différente, mais notons de récentes décisions importantes, puisque notamment dans le cadre de la nouvelle programmation de la Politique agricole commune, le Gouvernement wallon a validé le budget et les grandes orientations de son plan stratégique 2023-2027. Parmi celles-ci figurent, de manière non exhaustive : la promotion de l’autonomie alimentaire, une agriculture différenciée, locale et durable ou encore le soutien financier aux agriculteurs. Notons que, pour la première fois, l’on va retrouver un soutien couplé pour la production de protéines végétales.
Retrouvez question et réponse dans leur intégralité ci-dessous après l’image
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Compte rendu intégral
Nicolas: Monsieur le Ministre, la SOGEPA et la SRIW ont lancé en 2020 un projet de filière de protéines végétales en Wallonie. Cosucra et Vlevia ont décidé de travailler ensemble, aux côtés de la Région wallonne dans le développement, la production et la commercialisation de protéines végétales en substitut à la viande ou plutôt complémentairement à la production de viande vu que Vlevia, on le sait, est un acteur important du marché de la viande.
Le positionnement stratégique du projet s’inscrit dans un marché de forte croissance des régimes végétariens et flexitariens. Un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros est visé sur un horizon de six ans, avons-nous pu lire dans la presse il y a quelques jours. L’objectif est d’arriver à une rentabilité d’ici 2024 pour ensuite monter en puissance en créant près de 300 emplois à l’horizon 2030, et tout en veillant à organiser toute la filière de la production agricole jusqu’à la transformation industrielle, a-t-il été indiqué.
Le potentiel du flexitarisme, comme on l’appelle, serait énorme. Selon les données récentes par exemple de Nestlé, 40 % à 49 % des Belges ont adopté ce régime alimentaire aujourd’hui, et un tiers de la population serait prêt à consommer plus de produits à base de protéines végétales dans les années à venir. Les médias ont relayé, il a quelques jours, samedi dernier, la naissance de la joint venture Go for Plant. Pourriez-vous nous dire quelles sont les étapes prévues de son développement ? D’autres projets concernant cette filière sont-ils à l’étude ? Comment le Gouvernement compte-t-il pérenniser son soutien à cette filière ?
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M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. – Monsieur le Député, effectivement, vous l’avez évoqué, le 23 novembre 2021, la société Go for Plant a été créée à l’initiative des entreprises agroalimentaires Cosucra et JG&V. Le 14 janvier, la SRIW et la SOGEPA ont rejoint le projet en prenant une participation minoritaire dans Go for Plant, 49 % du capital pour le public et 51 % pour le privé. Il y a une intervention également – on le sait – de la Banque européenne d’investissement.
L’objectif est double : d’une part, produire et commercialiser des produits sains, des produits locaux issus de pois protéagineux en guise d’alternative ou de complément à la viande, et d’autre part, en collaboration avec Wagralim, de développer une filière agricole durable et locale autour des protéines végétales, une filière, donc, de la fourche à la fourchette.
Concrètement, il s’agit d’initier une nouvelle chaîne de valeur en Région wallonne en capitalisant sur les forces d’autres chaînes, d’autres expertises voisines dans le monde entrepreneurial ou dans le contexte des outils financiers de la Région wallonne et en positionnant Go for Plant d’emblée comme un maillon fort. Ce projet, vous l’avez relevé, connaît à mon avis et peut compter sur de belles perspectives de diversification. D’une part, en amont pour le monde agricole avec un débouché industriel pour de nouvelles cultures, et d’autre part, en aval pour les acteurs de la transformation de la viande qui pourront alors proposer une autre gamme, une nouvelle gamme ou une gamme complémentaire de produits répondant aux souhaits des consommateurs en phase avec la transition écologique.
Effectivement, un certain nombre d’études que vous relevez très justement évoquent la part croissante de nos consommateurs qui souhaitent pouvoir consommer ce type de produit. Le raisonnement qui était le mien est donc assez simple, c’est de dire : soit nous n’agissons pas, et ces produits seront importés chez nous et consommés, soit nous devenons des acteurs de cette filière, et c’est le choix qui a été posé. Notons que depuis peu, les produits Go for Plant sont disponibles désormais dans la grande distribution, dans la chaîne de Carrefour sous la marque bien nommée Youpi.
Parallèlement, le travail se poursuit aussi au niveau de la recherche et du développement. Pour améliorer les étapes d’extraction et de transformation, et aussi, par conséquent, améliorer les propriétés de ces protéines. Si certains projets sont déjà en cours, il y a par ailleurs une volonté claire de poursuivre le soutien à la recherche sur ces thématiques. Dans ce cadre, nous venons de valider la recherche sur les protéines végétales comme une des initiatives prioritaires qui seront soutenues dans le cadre de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Wallonie, la fameuse S3, de façon à générer les innovations qui permettront à nos acteurs économiques et industriels de se différencier sur ce marché.
Le segment de marché des flexitariens est actuellement, comme vous l’avez souligné, en plein boom et en forte croissance attendue pour les prochaines années. Il s’agit d’une tendance évidente de consommation et du secteur agroalimentaire, et les sociétés du secteur sont extrêmement attentives à cette évolution. Toute initiative industrielle nouvelle ne viendra que renforcer le développement de cette filière agricole dans le secteur des protéines végétales en Région wallonne.
Je voudrais aussi évoquer très succinctement le fait que le développement de la filière a naturellement une temporalité différente, mais notons de récentes décisions importantes, puisque notamment dans le cadre de la nouvelle programmation de la Politique agricole commune, le Gouvernement wallon a validé le budget et les grandes orientations de son plan stratégique 2023-2027. Parmi celles-ci figurent, de manière non exhaustive : la promotion de l’autonomie alimentaire, une agriculture différenciée, locale et durable ou encore le soutien financier aux agriculteurs. Notons que, pour la première fois, l’on va retrouver un soutien couplé pour la production de protéines végétales.
Par ailleurs, dans le cadre de notre plan de développement de la filière « protéines végétales » élaboré en collaboration par le Collège des producteurs et Wagralim, la vision, à l’échéance 2030, est d’assurer l’approvisionnement de filières au travers de 15 000 hectares de protéines végétales sur notre territoire, dont 75 % structurés dans des filières organisées. On a donc une vision qui est assez complète, qui vient aussi s’articuler avec le plan quinquennal de la recherche agronomique, de manière à ce que nous ayons producteurs, valorisation, recherche et acteurs économiques de la transformation et de la valorisation.
M. Janssen (MR). – Merci beaucoup, Monsieur le Ministre, pour ces précisions que vous avez apportées et cette vision d’ensemble que vous avez décrite. Je pense que l’on y perçoit réellement les complémentarités entre les différents acteurs.
Je trouve particulièrement intéressant de constater combien les acteurs eux-mêmes ont l’air conscients de cette transition et sont demandeurs de pouvoir y contribuer pleinement et d’en profiter pleinement, vu que l’on connaît les intérêts que cela représente, aussi bien sur le plan économique, pour les agriculteurs bien évidemment, pour les concitoyens et pour la transition elle-même.