QO 16/05/22 au Ministre Henry : La sur-promotion des énergies carbonées

Résumé:

N. Janssen:

Est-il normal qu’en pleine crise climatique et en pleine guerre avec une Russie, le gaz naturel et le mazout continuent à être promus par les GRD wallons via des publicités pour des usages où il existe des alternatives décarbonées tels que cuisine, chauffage et mobilité individuelle ?

Quant au gaz, il vaut parfois mieux que le mazout en termes d’émissions de Gaz à Effet de serre, mais pas toujours. En atteste une étude de RDC Environnement sur le cycle de vie du chauffage et ses émissions selon laquelle, sur 100 ans, l’impact sur le changement climatique du chauffage au gaz naturel est 6% plus élevé que celui du mazout.

Il est compréhensible que la Région n’ait pas encore annoncé un calendrier de sortie pour ces énergies dans ces applications, même si ça ne devrait tarder étant donné que la DPR cite que « Le Gouvernement définira une vision énergétique tenant compte de l’abandon des énergies fossiles au profit de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050. » Mais qu’elle continue à autoriser la publicité et les chèques-cadeaux dans ce domaine, c’est incompréhensible.

Comment expliquez-vous cela ? Que faites-vous pour diminuer cette promotion et promouvoir davantage d’autres alternatives décarbonnées ? Avez-vous pris contact avec la Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles en charge des médias à cet effet ?

Philippe Henry, Ministre de l’Energie :

L’administration continue de travailler à l’élaboration du cadastre et du plan d’action permettant l’abandon du soutien à l’énergie fossile. Le rapport à présenter au gouvernement est en cours de rédaction finale.

Concernant la promotion du gaz naturel par les GRD, les campagnes ont pour but de maximiser l’utilisation du réseau existant afin de trouver une meilleure rentabilisation des infrastructures et amener ainsi une diminution du tarif étant donné que la mutualisation des couts s’effectue sur un plus grand nombre de clients.

La CWAP mentionne d’ailleurs dans son rapport annuel général de 2020 que le développement du gaz naturel en Wallonie reste un défi important car il constitue une énergie de transition permettant à la fois de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de soutenir la compétitivité des entreprises. Maintenir les réseaux de gaz existants en activité en les mettant à disposition d’un maximum de ménage donne également de meilleures perspectives de valorisation économique au Biogaz et à tous les gaz verts au fur et à mesure de leur développement. Ces réseaux permettront aussi la valorisation de l’hydrogène vert dans un second temps qui pourra être produit à partir d’électricité renouvelable au moment où cette électricité sera produite de manière trop abondante pour être utilisée instantanément.

Toutefois je ne favorise aucun investissement pour étendre ce réseau puisque d’autres possibilités existent pour les clients hors réseau. Concernant les alternatives au mazout, certaines difficultés d’ordre technique ainsi que les localisations d’ordre géographique particulière ne permettent toujours pas de s’en passer à court terme. Mais la Région Wallonne favorise et soutient financièrement les transformations des systèmes de chauffage en faveur des pompes à chaleur et des chaudières ou poêles à pellets.

Je suis contre les comportements publicitaires de type « Greenwashing ». Mieux réguler la publicité pourrait être une action importante. Nous sommes en train d’examiner les possibilités dans le cadre de la construction du PASS, sachant que la compétence est surtout fédérale. Ces sujets reviendront aussi dans le cadre du Plan Air Climat Energie sur lequel nous allons devoir nous prononcer des les prochaines semaines.

N. Janssen (MR). – Merci, Monsieur le Ministre, pour les éléments de réponse. Je pense que vous avez répondu assez clairement que le gaz naturel était une énergie de transition.  C’est vrai que l’on aimerait tous avoir des réponses plus précises, mais j’imagine que vous êtes le premier à souhaiter ces éléments.  Vous avez aussi précisé très clairement que vous ne faisiez pas d’investissement pour étendre le réseau actuel et que, par ailleurs, vous encouragez et que la Wallonie incite toute une série de pratiques et alternatives comme les pompes à chaleur, les poêles à pellet. Nous sommes en effet impatients de savoir quelles seront les prochaines étapes.

Retrouvez question et réponse dans leur intégralité ci-dessous après l’image

Compte-rendu intégral:

N. Janssen:

Est-il normal qu’en pleine crise climatique, en pleine tentative de révision à la hausse du PACE2030 et en pleine guerre avec une Russie dont les ressources financières dépendent majoritairement de ses ventes d’hydrocarbures, le gaz naturel et le mazout continuent à être promus par les GRD wallons via des publicités pour des usages où il existe des alternatives décarbonées tels que cuisine, chauffage et mobilité individuelle ?

Quant au gaz, il vaut parfois mieux que le mazout en termes d’émissions de Gaz à Effet de serre, mais pas toujours. En atteste une étude de RDC Environnement sur le cycle de vie du chauffage et ses émissions selon laquelle, sur 100 ans, l’impact sur le changement climatique du chauffage au gaz naturel est 6% plus élevé que celui du mazout. Quant à remplacer une part du gaz naturel par du biométhane, cela ne contrebalancera qu’une fraction des secteurs impossibles à électrifier (une partie de l’industrie, certains transports lourds, etc.).

Il est compréhensible que la Région n’ait pas encore annoncé un calendrier de sortie pour ces énergies dans ces applications, même si ça ne devrait tarder étant donné que la DPR cite que « Le Gouvernement définira une vision énergétique tenant compte de l’abandon des énergies fossiles au profit de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050. » Mais qu’elle continue à autoriser la publicité et les chèques-cadeaux dans ce domaine, quand on connaît la durée de vie économique de ces équipements (nouveaux raccordements, chaudières, voitures particulières) et l’urgence du sevrage à enclencher, c’est incompréhensible.

Comment expliquez-vous cela ? Que faites-vous pour diminuer cette promotion et promouvoir davantage d’autres alternatives décarbonnées ? Avez-vous pris contact avec la Ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles en charge des médias à cet effet ?

Philippe Henry, Ministre de l’Energie :

L’administration continue de travailler à l’élaboration du cadastre et du plan d’action permettant l’abandon du soutien à l’énergie fossile. Différentes données du cadastre SPW ont été compilées. Le rapport à présenter au gouvernement est en cours de rédaction finale.

Concernant la promotion du gaz naturel par les GRD, les campagnes ont pour but de maximiser l’utilisation du réseau existant afin de trouver une meilleure rentabilisation des infrastructures et amener ainsi une diminution du tarif étant donné que la mutualisation des couts s’effectue sur un plus grand nombre de clients. Il s’agit donc d’une action commerciale qui permet, en augmentant le nombre de clients raccordés sur le réseau, d’améliorer la rentabilité de l’infrastructures et de diminuer le cout moyen de l’utilisation du réseau pour chacun. Il ne s’agit pas d’un subside de la région wallonne.

La CWAP mentionne d’ailleurs dans son rapport annuel général de 2020 que le développement du gaz naturel en Wallonie reste un défi important car il constitue une énergie de transition permettant à la fois de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de soutenir la compétitivité des entreprises.

Je complète ce concept de transition utilisé par la CWAP car l’ambition du gouvernement est de verduriser de manière robuste la composante gaz en Wallonie. Maintenir les réseaux de gaz existants en activité en les mettant à disposition d’un maximum de ménage donne également de meilleures perspectives de valorisation économique au Biogaz et à tous les gaz verts au fur et à mesure de leur développement.

Ces réseaux permettront aussi la valorisation de l’hydrogène vert dans un second temps qui pourra être produit à partir d’électricité renouvelable au moment où cette électricité sera produite de manière trop abondante pour être utilisée instantanément. S’agissant d’une forme de stockage énergétique inter saisonnier, je préconise donc le maintien des zones desservies par un réseau de gaz naturel en favorisant le raccordement des nouveaux clients situés le long de ce réseau et qui se chauffaient précédemment au mazout pour améliorer l’efficacité énergétique et réduire le cout du réseau. Toutefois je ne favorise aucun investissement pour étendre ce réseau puisque d’autres possibilités existent pour les clients hors réseau.

Concernant les alternatives au mazout, certaines difficultés d’ordre technique ainsi que les localisations d’ordre géographique particulière ne permettent toujours pas de s’en passer à court terme. C’est parfois aussi en lien avec des publics précarisés. Mais la Région Wallonne favorise et soutient financièrement les transformations des systèmes de chauffage en faveur des pompes à chaleur et des chaudières ou poêles à pellets. Cette approche globale constitue à mon sens une démarche rationnelle et évolutive qui favorise les investissements réalisés et maintient en état tous les investissements nécessaires à la valorisation future des énergies renouvelables qui arriveront progressivement au rythme le plus rapide possible.

Sur des aides à la décarbonation nous pouvons citer aussi le dispositif AMURE qui encourage les entreprises à une utilisation plus rationnelle de l’énergie. Et des aides aux l’investissement U.D.E dans des équipements favorisant une utilisation durable de l’énergie.

Je suis contre les comportements publicitaires de type « Greenwashing ». Mieux réguler la publicité pourrait être une action importante. Nous sommes en train d’examiner les possibilités dans le cadre de la construction du PASS, sachant que la compétence est surtout fédérale. Ces sujets reviendront aussi dans le cadre du Plan Air Climat Energie sur lequel nous allons devoir nous prononcer des les prochaines semaines après toutes les étapes préparatoires dont le travail du panel citoyen.

N. Janssen (MR). – Merci, Monsieur le Ministre, pour les éléments de réponse. Je pense que vous avez répondu assez clairement que le gaz naturel était une énergie de transition.  C’est vrai que l’on aimerait tous avoir des réponses plus précises, mais j’imagine que vous êtes le premier à souhaiter ces éléments.  Vous avez aussi précisé très clairement que vous ne faisiez pas d’investissement pour étendre le réseau actuel et que, par ailleurs, vous encouragez et que la Wallonie incite toute une série de pratiques et alternatives comme les pompes à chaleur, les poêles à pellet. Nous sommes en effet impatients de savoir quelles seront les prochaines étapes.