QO 18/07/23 à la Ministre Désir : Taux de redoublement en fin de parcours scolaire
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, voici deux semaines, l’année scolaire touchait à sa fin. Cette période ponctuée de résultats peut être stressante pour de nombreux jeunes et leurs parents, en particulier pour ceux éprouvant des difficultés à l’école. En effet, ces soucis scolaires peuvent mener à des échecs et parfois à un redoublement, et ce, même en dernière année du parcours scolaire. Selon des acteurs du terrain, le taux de redoublement en sixième année secondaire serait assez élevé, notamment dans certaines écoles du Brabant wallon, atteignant parfois près de 30 %. Le pourcentage de redoublement en rhétorique pour cette année scolaire est plus élevé que lors des années précédentes. Madame la Ministre, avez-vous reçu les mêmes retours ? Cette tendance à la hausse du redoublement à la fin du parcours scolaire est-elle généralisée ? Dans l’affirmative, à quoi serait-elle due ? Comment un tel taux s’explique-t-il ? Quels sont les dispositifs pour lutter contre le redoublement dans l’enseignement secondaire supérieur et pallier ce phénomène ? Par ailleurs, la hausse du redoublement à la fin du parcours scolaire pourrait-elle être liée à l’augmentation du décrochage scolaire en cinquième et sixième années secondaires ou au confinement lors de la pandémie de la Covid-19 ? Quelles sont les mesures à l’étude pour juguler cette situation au plus vite ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Le taux de redoublement en sixième année secondaire ne m’est pas encore connu et ne pourra l’être que lorsque les conseils de recours compétents auront statué sur l’ensemble des dossiers. Si nous pouvons supposer que le taux de redoublement peut être lié au taux de décrochage, aucun indicateur ne permet toutefois d’établir avec certitude une telle corrélation. Par exemple, les motifs de redoublement ne sont pas collectés de manière systématique. Le retard scolaire, quant à lui, touche les élèves ayant doublé au minimum une fois. En 2021-2022, il concernait 37,41 % des élèves inscrits dans l’enseignement secondaire ordinaire. À titre de comparaison, ce pourcentage est de 28,18 % dans le Brabant wallon, 43,73 % à Bruxelles, 39,21 % dans le Hainaut Centre, 40,74 % dans le Hainaut Sud, 26,59 % à Huy-Waremme, 39,10 % à Liège, 30,75 % dans le Luxembourg, 36,02 % à Namur, 32,69 % à Verviers et 35,65 % en Wallonie picarde. Ces disparités régionales sont assez clairement associées à des disparités d’ordre socioéconomique. Trop souvent en effet, les inégalités scolaires sont malheureusement corrélées à l’indice socioéconomique (ISE) des élèves. Un indice faible recouvre des disparités liées à la paupérisation des familles, à la présence d’un plus grand nombre d’élèves allophones, à une maîtrise plus faible de la langue et de la culture scolaire. Afin de lutter contre l’échec et les redoublements, le Pacte pour un enseignement d’excellence prévoit le soutien et la généralisation de l’approche évolutive des difficultés d’apprentissage. Celle-ci consiste à déceler rapidement une difficulté grâce à des pratiques d’observation et d’évaluation diagnostique et formative permettant de planifier et d’ajuster régulièrement des stratégies de prise en charge pédagogique et didactique adaptées. Si des difficultés d’apprentissage persistent malgré les premiers dispositifs de différenciation et d’accompagnement personnalisé proposés par l’enseignant et l’équipe éducative, l’intervention se modifie et l’élève bénéficie alors d’un accompagnement additionnel grâce à un suivi plus rapproché, notamment au moment des périodes dites d’accompagnement personnalisé. Toutes ces actions doivent être consignées dans le dossier d’accompagnement de l’élève (DAccE). Elles conditionnent, in fine, la procédure de maintien exceptionnel qui sera, le cas échéant, activée. En termes budgétaires, le coût du redoublement est estimé à 400 millions d’euros, sans compter le coût social sous-jacent et inhérent au retard scolaire en matière d’insertion socioprofessionnelle. Le Pacte vise à réduire de 50 % le taux de redoublement d’ici 2030 et prévoit des effets retours dans les années à venir. Cependant, ils ne sont évidemment pas, Monsieur Antoine, encore observables vu l’entrée en vigueur progressive à partir de cette année de la réforme du tronc commun. Nous terminerons cette année avec les premières et deuxièmes années primaires pour commencer l’année prochaine avec les troisièmes et quatrièmes années primaires. Il est donc trop tôt pour observer les effets sur le taux de redoublement.
Réplique de N. Janssen. – Je transmettrai ces informations aux acteurs du secteur qui m’avaient contacté. Il n’y a donc pas encore d’informations sur le taux de redoublement. Nous devons attendre que les conseils de recours compétents terminent leurs travaux. La lutte contre l’échec et le redoublement figure au cœur du Pacte pour un enseignement d’excellence. Il est dès lors surprenant qu’autant d’écoles choisissent encore ce moyen. Je serai attentif aux chiffres. Je suis curieux de savoir si l’augmentation évoquée par certains, notamment dans le Brabant wallon, est véritablement aussi significative.