QO 18/10/22 à la Ministre Tellier: La coordination nécessaire dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes
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Question (N. Janssen). – Madame la Ministre, le Gouvernement wallon a adopté un arrêté relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes. J’ai plusieurs questions à ce sujet, si vous me le permettez. Le travail est-il coordonné avec le projet européen Life Riparias et les autres travaux de lutte contre les espèces exotiques envahissantes déjà en cours en Wallonie ? Comment cet arrêté garantit-il le travail en collaboration avec les autres régions du pays, de même qu’avec les pays voisins ? Que mettez-vous en place pour assurer une coordination européenne globale autre que via le Life Riparias ? Enfin, les budgets prévus dans le cadre de cet arrêté sont-ils complémentaires aux programmes déjà en place ?
Comme on le rappelle souvent, ces espèces ne connaissent pas les frontières. Le dispositif de lutte contre ces espèces invasives le plus efficace et le moins onéreux est la prévention. Comment assurer l’assurer concernant la gestion des voies d’entrée sur le territoire ? Qu’en est-il des ventes dans les commerces et en ligne ? Une mesure forte de prévention ne serait-elle pas d’étendre la liste des plantes invasives dont l’introduction est interdite dans et à proximité des sites protégés et de grande valeur biologique et à proximité des cours d’eau à tout le territoire ?
Réponse de Mme Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal. – Monsieur le Député, l’arrêté récemment adopté par le Gouvernement wallon vise à opérationnaliser la réponse wallonne aux obligations du règlement européen 1143/2014 et de l’accord de coopération belge du 30 janvier 2019 ayant trait aux espèces exotiques envahissantes. La mise en œuvre du règlement européen est en effet de la responsabilité de quatre autorités compétentes en Belgique, à savoir les trois administrations régionales en charge de la gestion de l’environnement et le SPF Environnement, ce qui nécessite, vous en conviendrez, une coordination efficace. Ces quatre autorités travaillent de concert à cette mise en œuvre et coordonnent leurs actions au travers des réunions et travaux du Comité national, du Conseil scientifique national et du Secrétariat scientifique national sur les espèces exotiques envahissantes. Le projet LIFE RIPARIAS s’inscrit également dans le cadre de cette collaboration puisqu’il vise à gérer de manière coordonnée les espèces exotiques envahissantes aquatiques et rivulaires à l’échelle de bassins-versants transrégionaux sur base de stratégies de gestion élaborées avec tous les opérateurs concernés.
J’ai réservé un budget annuel de 1,5 million d’euros pour mettre en place des actions concrètes en lien avec l’arrêté nouvellement adopté. Ce budget est complémentaire au cofinancement wallon, aux actions du projet LIFE RIPARIAS. L’arrêté fixe deux listes wallonnes de plantes exotiques envahissantes faisant l’objet de restrictions spécifiques en matière d’introduction, plus précisément de plantations, dans la nature. La première liste reprend des espèces ne pouvant plus faire l’objet d’aucune introduction et la seconde concerne les espèces ne pouvant plus être introduites dans et à proximité des cours d’eau et des sites protégés.
Les espèces reprises dans cette seconde liste, comme le cornouiller soyeux, le cotonéaster horizontal, le rhododendron, le robinier faux-acacia ou le rosier rugueux sont des plantes qui sont utilisées depuis très longtemps dans les parcs, le jardin et les milieux forestiers et ne sont envahissantes que dans des milieux très particuliers. Une interdiction de plantation généralisée à l’ensemble du territoire me paraît donc disproportionnée.
Enfin, en ce qui concerne les voies d’introduction, les mesures envisagées en Wallonie sont reprises dans trois plans d’action thématiques élaborés à l’échelle nationale. Elles ont été soumises à enquête publique au cours du premier semestre 2022. Elles viseront notamment à caractériser la chaîne d’approvisionnement du commerce en ligne d’espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union afin de permettre de renforcer les inspections et de faire respecter les interdictions prévues par la réglementation européenne.
Répliques (N. Janssen). – Merci à Mme la Ministre pour ces éléments de réponse. J’ai envie d’emblée de faire le lien avec la parution, il y a quelques jours, du rapport du WWF sur la biodiversité, qui a rappelé l’urgence de la situation et le bulletin environnemental mitigé que la Commission a décerné à notre pays. Clairement, on l’a dit, les espèces exotiques envahissantes sont une menace reconnue pour la biodiversité. Vous avez toutefois bien rappelé la volonté du Gouvernement, le budget de 1,5 million d’euros qui est prévu et ce juste milieu que vous recherchez parce que, en effet, il faut éviter une réponse disproportionnée, mais aussi veiller à s’attaquer aux réelles difficultés.