QO 20/01/25 à la Ministre Glatigny : Création de nouvelles filières en immersion linguistique et suspension ou fin de l’immersion en raison de la pénurie
-
Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, la question de l’enseignement des langues, en particulier du néerlandais, a refait récemment surface dans le débat public. Lors de la dernière séance plénière, vous l’avez évoquée en soulignant notamment l’efficacité des filières en immersion linguistique dans l’apprentissage des langues. Nous en avons pris la mesure, notamment à l’occasion des États généraux de l’immersion qui s’étaient tenus dans notre commission au cours de l’année scolaire précédente.
Nul n’ignore cependant la pénurie d’enseignants de langues et, particulièrement pour les filières en immersion linguistique, d’enseignants « native speakers ». Cette situation met la continuité de certaines filières d’immersion véritablement en péril, les écoles devant, temporairement, suspendre leur projet immersif faute d’enseignants en langue cible.
La progression constante des filières en immersion linguistique, toutes langues confondues, montre l’engouement des parents pour ce type d’enseignement. La pénurie d’enseignants pourrait cependant dissuader des écoles de faire le choix d’ouvrir une filière en immersion. Les écoles qui souhaitent instaurer un projet d’immersion linguistique à la rentrée doivent en informer vos services au mois de mars de l’année scolaire précédente. Combien d’écoles ont-elles notifié à votre administration, en vue de cette année scolaire 2024-2025, l’ouverture d’une filière en immersion linguistique via la « déclaration d’organisation d’un apprentissage par immersion » ?
Les écoles qui ont une filière en immersion linguistique peuvent faire le choix de changer la langue cible de leur apprentissage immersif. Des écoles ont-elles fait ce choix et ont-elles rentré à cet effet une nouvelle déclaration en vue de cette année scolaire 2024-2025 ?
Par ailleurs, la pénurie d’enseignants peut également conduire des écoles à suspendre temporairement leur programme d’immersion, voire à mettre fin à l’enseignement en immersion. Compte tenu du fait que l’objectif premier de l’enseignement en immersion reste d’amener les élèves à la maîtrise des savoirs et des compétences tels que définis dans les référentiels et les programmes, il est essentiel que les cours soient assurés afin que les élèves puissent atteindre ces objectifs.
En conséquence, en cas d’absence provoquant l’impossibilité de débuter ou de poursuivre les cours en immersion, si l’école ne peut pourvoir au remplacement ou au recrutement d’un membre du personnel, l’école ou le pouvoir organisateur doit faire, auprès de votre administration et du Service général de l’inspection (SGI), une déclaration de suspension de l’immersion. Dès la reprise d’un ou de plusieurs cours en immersion, après une suspension de ceux-ci, l’école ou le pouvoir organisateur doit également en informer votre administration et le SGI via une déclaration de reprise de l’immersion linguistique. Des écoles en immersion ont-elles rentré une telle déclaration de suspension de l’immersion, cette année scolaire 2024-2025 ? Certaines d’entre elles ont-elles pu reprendre l’immersion ? En ont-elles notifié votre administration ?
Enfin, les écoles qui décident de ne plus organiser un apprentissage par immersion sont tenues d’en informer votre administration et de préciser les motifs de cette décision. Des écoles ont-elles fait ce choix, cette année scolaire et dans les deux dernières années ? Le cas échéant, quels motifs sont-ils invoqués à l’appui de l’arrêt de l’immersion ?
Mme Valérie Glatigny, première vice-présidente et ministre de l’Éducation et de l’Enseignement de promotion sociale. – Monsieur le Député, l’immersion linguistique est une filière que le gouvernement entend soutenir et valoriser. Pour l’année scolaire 2024-2025, mon administration dénombre six demandes de déclaration d’organisation d’un apprentissage par immersion dans l’enseignement fondamental, dont une école à Bruxelles et cinq en Wallonie. Pour l’enseignement secondaire, elle a reçu une demande cette année. Aucune école de l’enseignement fondamental ou secondaire n’a demandé à modifier la langue cible de l’apprentissage immersif organisé cette année scolaire.
En ce qui concerne les déclarations de suspension de l’immersion, 72 écoles ont introduit une demande pour cette année scolaire. Elles étaient 140 en 2023-2024 et 100 en 2022-2023. Néanmoins, ces chiffres doivent être contrebalancés par les écoles qui reprennent l’apprentissage par immersion, soit 16 à ce jour, 52 durant l’année 2023-2024, et 77 en 2022-2023.
Au-delà de ces chiffres, peu d’écoles décident de cesser d’organiser un apprentissage par immersion. Durant l’année scolaire 2022-2023, une seule école fondamentale, située dans la province de Namur, a souhaité arrêter l’apprentissage immersif pour cause de pénurie d’enseignants « native speakers » de la langue cible. La même année, deux établissements de l’enseignement secondaire ont franchi lepas sans invoquer de motif. Deux autres ont abandonné une des deux langues en immersion qu’elles proposaient, sans motif également. Depuis, une seule autre école secondaire est venue s’ajouter au tableau au début de cette année scolaire.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, je vous remercie pour votre réponse complète et pour les chiffres instructifs qu’elle comporte.