QO 21/10/24 à la Ministre Glatigny : Revalorisation du métier d’enseignant
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Question (Nicolas Janssen). – Il y a quelques semaines, une enseignante de ma commune m’a fait part de sa situation assez dramatique. Après avoir travaillé trente ans dans le secteur privé, elle s’est réorientée dans l’enseignement et travaille de puis six ans comme professeure d’anglais et de néerlandais dans l’enseignement secondaire inférieur. Durant sa formation, on lui avait indiqué qu’une revalorisation de dix années lui serait accordée et cette information avait été confirmée par l’Office national de l’emploi (ONEM). Or, cela fait cinq ans que cette enseignante se bat pour obtenir une revalorisation salariale. La dernière réponse qu’elle a reçue de la précédente ministre de l’Éducation précisait que seuls les professeurs de néerlandais et de français y avaient droit. Madame la Ministre, pourquoi cette enseignante ne peut-elle pas bénéficier de la revalorisation salariale qui lui a été promise, contrairement à ses collègues enseignants de néerlandais et de français ? Il semblerait qu’une certaine confusion règne à ce propos. Par ailleurs, vous avez récemment annoncé la préparation prochaine d’un texte sur la revalorisation du métier d’enseignant ainsi qu’une concertation avec les organisations syndicales et les fédérations de pouvoirs organisateurs. Pouvez-vous préciser le calendrier de ces rencontres ? Avez-vous travaillé avec le gouvernement sur ce projet, étant donné qu’il s’agit d’une des premières priorités de la Déclaration de politique communautaire (DPC) et que ce dossier vous tient à cœur ?
Mme Valérie Glatigny, première vice-présidente et ministre de l’Éducation et de l’Enseignement de promotion sociale. – L’arrêté royal du 15 avril 1958 portant statut pécuniaire du personnel enseignant, scientifique et assimilé du Ministère de l’Instruction publique prévoit la valorisation pécuniaire de l’expérience acquise dans le secteur privé selon deux mécanismes : soit par la valorisation de services reconnus comme étant admissibles par la réglementation, qui prévoit actuellement que cinq années d’expérience acquise dans le privé en tant que salarié ou indépendant à titre principal soient valorisées pour les maîtres de seconde langue allemand, anglais et néerlandais entrés en fonction à partir du 28 août 2023 et pouvant attester d’une pratique de la langue enseignée dans les expériences renseignées; soit par la valorisation de l’expérience prestée en entreprise qui est considérée comme étant utile à la fonction. Ce mécanisme ne concerne pas les professeurs de cours généraux et vise entre autres les professeurs de cours techniques, de pratiques professionnelles, de cours artistiques ou encore les directeurs et les directeurs adjoints. Par ailleurs, il requiert l’avis de la commission ad hoc. À la suite du conclave budgétaire, il a été décidé, à ma demande, de permettre aux membres de personnel en fonction à partir du 1er janvier 2025 de pouvoir valoriser pécuniairement sept années d’expérience professionnelle acquise dans le secteur privé en qualité d’employé ou d’indépendant. Cette disposition doit encore être soumise à la négociation avec les organisations syndicales et les fédérations de pouvoirs organisateurs ainsi que Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE). Il s’agit néanmoins d’une première mesure que nous souhaitons prendre pour lutter contre la pénurie. Aucun texte concernant la batterie de mesures relatives à la revalorisation du métier d’enseignant n’a encore été soumis au gouvernement. Toutes les mesures prévues pour améliorer la carrière des membres du personnel enseignant sont toujours à l’étude.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, je me réjouis de cette première mesure qui, si elle est confirmée, permettrait de valoriser non plus cinq, mais sept années passées dans le secteur privé. J’aurais aimé valoriser jusqu’à dix années, mais je salue déjà cette évolution dans la bonne direction. J’espère que la mesure sera bel et bien adoptée. Le cas – parmi tant d’autres – de l’enseignante dont j’ai recueilli le témoignage est frappant. À 57 ans, cette personne passionnée par son métier ne peut toujours pas percevoir un salaire décent. Je vous remercie pour les différents combats que vous menez.