QO 21/6/22 à la Ministre Linard: Nécessité de la mise en place d’un volet santé mentale en conférence interministérielle (CIM) Santé
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Résumé:
M. Nicolas Janssen (MR). – À l’heure actuelle, la problématique de la santé n’est plus abordée sans évoquer la santé mentale. Hier encore, UNICEF Belgique a précisé qu’un jeune sur six souffre de troubles mentaux sans recevoir l’attention qu’il mérite et que les prises en charge se font souvent trop tard. Il convient de reconnaître qu’à l’heure actuelle, cette crise n’est pas uniquement sanitaire, mais psychologique et qu’elle s’étend bien au-delà de la crise sanitaire. Ne convient-il pas, au niveau institutionnel, d’intégrer cette modification du paysage de la santé, et plus spécifiquement celui de la santé mentale?
Sur le terrain, certains demandent que les mesures ad hoc temporaires, mises en place lors de la crise sanitaire soient prolongées ou gérées autrement, de manière globale pour une meilleure articulation des acteurs et une meilleure efficacité. Nous pourrions poursuivre, affirment certains experts, une vision de la santé mentale plus globale, collective et préventive. Cela nécessiterait une prise en charge transversale de ces enjeux, la santé mentale, notamment des jeunes, ne s’arrêtant évidemment pas aux frontières régionales ou communautaires. Madame la Ministre, comment continuer à investir dans la santé mentale pour les jeunes, non seulement dans le cadre de la crise sanitaire, mais aussi au-delà? Cela est-il discuté au sein de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) et avec les services de promotion de la santé à l’école (PSE)? Ne serait-il pas opportun d’envisager un volet santé mentale en CIM Santé, voire de prévoir une CIM Santé orientée en priorité sur la santé mentale? Les discussions et décisions en la matière ne pourraient-elles pas ainsi être relayées plus facilement aux éventuels comités de concertation (Codeco)?
Mme Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. – Monsieur le Député, la pandémie de la Covid-19 a en effet eu de nombreux impacts sur la santé mentale de la population. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité que le contrat de gestion de l’ONE y porte une attention particulière. Les mesures préventives liées à l’épanouissement et au bien-être constituent sans doute notre meilleur atout. C’est pourquoi les mesures améliorant l’accessibilité des lieux d’accueil de la petite enfance, des activités extrascolaires ou encore des activités culturelles sont essentielles à mes yeux. Ce sont des actions prioritaires que je développe dans mes politiques depuis le début de cette législature. Au cours des consultations des enfants, les problèmes de santé mentale sont abordés systématiquement par l’équipe qui, le cas échéant, oriente les familles vers un relais dont elles ont besoin. En tant qu’acteurs de la santé scolaire, les PSE jouent également un rôle préventif dans l’amélioration du climat psychosocial des élèves, avec d’autres acteurs-clés comme les centres PMS. Lors des suivis individuels, les services PSE orientent les élèves vers des professionnels adéquats, en cas de plainte ou de signes évocateurs d’un mal-être.
La concertation et la coordination entre les différents niveaux de pouvoir autour de la santé mentale se déclinent à travers différents dispositifs. En août 2021, l’ONE a mis sur pied une cellule spécifique et transversale dédiée à la santé mentale. Elle a pour mission de structurer ses ressources internes, tout en nouant des partenariats externes. Parmi les aboutissements récents, nous pouvons également pointer le lancement de l’intégration des soins psychologiques de première ligne dans les consultations pour enfants, en concertation avec l’ensemble des réseaux de santé mentale pour enfants et adolescents. Il y a aussi la signature de la convention-cadre entre l’ONE, l’Agence pour une vie de qualité (AViQ) et l’aide à la jeunesse en vue de continuer à déployer la nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents (SMEA), d’une manière concertée et renforcée. Enfin, il existe déjà un groupe de travail intercabinet «Santé mentale», issu de la CIM Santé. Ses travaux ont notamment abouti à la mise en place des différents réseaux dont fait partie l’ONE ou encore au renforcement des psychologues de première ligne.
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Compte-rendu intégral:
M. Nicolas Janssen (MR). – À l’heure actuelle, la problématique de la santé n’est plus abordée sans évoquer la santé mentale. La crise sanitaire a mis en lumière les difficultés préexistantes, qui à leur tour ont été amplifiées par la crise elle-même. Une série de circonstances, parmi lesquelles les confinements successifs, l’incertitude face à l’avenir ou encore le conflit en Ukraine ont mis la santé mentale à rude épreuve. La profondeur des difficultés rencontrées par les jeunes s’est aggravée. Hier encore, UNICEF Belgique a précisé qu’un jeune sur six souffre de troubles mentaux sans recevoir l’attention qu’il mérite et que les prises en charge se font souvent trop tard. Il convient de reconnaître qu’à l’heure actuelle, cette crise n’est pas uniquement sanitaire, mais psychologique et qu’elle s’étend bien au-delà de la crise sanitaire. Depuis le début de la crise de la Covid-19, les pouvoirs publics ont pris de nombreuses initiatives dans le secteur de la santé mentale, notamment pour les jeunes. Ne convient-il pas, au niveau institutionnel, d’intégrer cette modification du paysage de la santé, et plus spécifiquement celui de la santé mentale?
Sur le terrain, certains demandent que les mesures ad hoc temporaires, mises en place lors de la crise sanitaire soient prolongées ou gérées autrement, de manière globale pour une meilleure articulation des acteurs et une meilleure efficacité. Il y a une prise de conscience croissante des enjeux liés à la santé mentale et à la nécessité d’agir suffisamment en amont. Nous pourrions poursuivre, affirment certains experts, une vision de la santé mentale plus globale, collective et préventive. Cela nécessiterait une prise en charge transversale de ces enjeux, la santé mentale, notamment des jeunes, ne s’arrêtant évidemment pas aux frontières régionales ou communautaires. Madame la Ministre, comment continuer à investir dans la santé mentale pour les jeunes, non seulement dans le cadre de la crise sanitaire, mais aussi au-delà? Cela est-il discuté au sein de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) et avec les services de promotion de la santé à l’école (PSE)? Ne serait-il pas opportun d’envisager un volet santé mentale en CIM Santé, voire de prévoir une CIM Santé orientée en priorité sur la santé mentale? Les discussions et décisions en la matière ne pourraient-elles pas ainsi être relayées plus facilement aux éventuels comités de concertation (Codeco)?
Mme Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. – Monsieur le Député, il convient tout d’abord de rappeler que la compétence de la santé mentale dépend des Régions, qui agréent et subventionnent les différents services et opérateurs. Toutefois, le bien-être global et la prévention constituent évidemment des préoccupations constantes dans toutes les actions de l’ONE. La pandémie de la Covid-19 a en effet eu de nombreux impacts sur la santé mentale de la population. Elle a également mis en lumière les besoins de soutien des enfants et des familles. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité que le contrat de gestion de l’ONE y porte une attention particulière. Les mesures préventives liées à l’épanouissement et au bien-être constituent sans doute notre meilleur atout. C’est pourquoi les mesures améliorant l’accessibilité des lieux d’accueil de la petite enfance, des activités extrascolaires ou encore des activités culturelles sont essentielles à mes yeux. Ce sont des actions prioritaires que je développe dans mes politiques depuis le début de cette législature. À travers ses différentes structures, l’ONE a un impact direct. Au cours des consultations des enfants, les problèmes de santé mentale sont abordés systématiquement par l’équipe qui, le cas échéant, oriente les familles vers un relais dont elles ont besoin. En tant qu’acteurs de la santé scolaire, les PSE jouent également un rôle préventif dans l’amélioration du climat psychosocial des élèves, avec d’autres acteurs-clés comme les centres PMS. Lors des suivis individuels, les services PSE orientent les élèves vers des professionnels adéquats, en cas de plainte ou de signes évocateurs d’un mal-être.
La concertation et la coordination entre les différents niveaux de pouvoir autour de la santé mentale se déclinent à travers différents dispositifs. En août 2021, l’ONE a mis sur pied une cellule spécifique et transversale dédiée à la santé mentale. Elle a pour mission de structurer ses ressources internes, tout en nouant des partenariats externes. Parmi les aboutissements récents, nous pouvons également pointer le lancement de l’intégration des soins psychologiques de première ligne dans les consultations pour enfants, en concertation avec l’ensemble des réseaux de santé mentale pour enfants et adolescents. Il y a aussi la signature de la convention-cadre entre l’ONE, l’Agence pour une vie de qualité (AViQ) et l’aide à la jeunesse en vue de continuer à déployer la nouvelle politique de santé mentale pour enfants et adolescents (SMEA), d’une manière concertée et renforcée. Enfin, il existe déjà un groupe de travail intercabinet «Santé mentale», issu de la CIM Santé. Il se réunit fréquemment. Ce groupe de travail est composé des cabinets et administrations fédérales, régionales et communautaires. Ses travaux ont notamment abouti à la mise en place des différents réseaux dont fait partie l’ONE ou encore au renforcement des psychologues de première ligne.
M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, vous avez rappelé des éléments importants comme la répartition des compétences, l’attention que l’ONE accorde au bien-être, les différentes mesures mises en place depuis août 2021… Je ne peux que me réjouir d’entendre cela.