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Question (Nicolas Janssen). – Depuis quelques années, le dispositif «P45/P90» permet aux écoles d’opter pour des périodes de cours de 45 ou 90 minutes à la place de 50 minutes. Cette formule permet de diminuer le nombre de cours différents par jour. Elle sert également à dégager 5 minutes par heure de cours, soit un total d’environ 90 minutes par semaine, ce qui permet d’organiser deux périodes de 45 minutes supplémentaires pour des ateliers multidisciplinaires, des accompagnements et des remédiations. Grâce aux ateliers multidisciplinaires, les élèves peuvent participer à des apprentissages variés et mettre en pratique ce qu’ils connaissent en théorie. Par ailleurs, les équipes pédagogiques peuvent instaurer des activités ludiques, artistiques, sportives ou culturelles; elles peuvent adopter différentes dynamiques d’enseignement et améliorer leurs relations avec les élèves. «Encadrement différencié», «expressions des talents» et «mise en place d’un soutien personnalisé pour chaque élève» sont autant d’expressions pouvant décrire ce dispositif. Je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de faire un lien avec certains chantiers du Pacte pour un enseignement d’excellence. Inscrit dans le décret du 21 novembre 2013 organisant divers dispositifs scolaires favorisant le bien-être des jeunes à l’école, l’accrochage scolaire, la prévention de la violence à l’école et l’accompagnement des démarches d’orientation scolaire, le dispositif «P45/P90» permet aux écoles de choisir librement cette formule sans devoir demander une dérogation. Il est cependant difficile de recenser le nombre d’écoles qui la pratiquent. Madame la Ministre, combien d’écoles se sont tournées vers ce système ? Quels sont les retours du terrain ? Quelle est votre position vis-à-vis de ce dispositif ? Actuellement, les écoles doivent formuler une demande chaque année pour bénéficier de ce système. Dès lors, un texte permettant la reconduction annuelle est-il prévu ? Pensez-vous que cette formule soit bénéfique au bien-être des élèves et contribue à réduire le décrochage scolaire ? Les écoles qui la pratiquent ont-elles le temps de parcourir toute la matière obligatoire ?
Réponse de Mme Désir, ministre de l’Éducation. – Au départ basé sur une disposition à caractère expérimental, l’organisation de périodes de 45 minutes, regroupées en plage de 90 minutes de cours, est aujourd’hui encadrée de manière pérenne, et ce, au travers de l’article 40 du décret du 31 mars 2022 relatif à l’adaptation des rythmes scolaires annuels dans l’enseignement fondamental et secondaire ordinaire, spécialisé, secondaire artistique à horaire réduit et de promotion sociale et aux mesures d’accompagnement pour l’accueil temps libre. Cette formule «P45/P90» permet aux équipes pédagogiques d’aménager leur temps de travail devant les élèves et le temps collaboratif selon des principes différents. Il ne m’appartient pas d’imposer une méthode organisationnelle ou pédagogique aux écoles. Mes services m’ont fait parvenir des retours de terrain. Ainsi, 14 écoles secondaires appliquent ce dispositif pour l’année scolaire actuelle. Ce faible nombre s’explique avant tout par la complexité organisationnelle et le besoin d’une planification poussée pour proposer des contenus pour les heures dégagées. De plus, les établissements ne sont plus tenus de déclarer formellement leur utilisation du dispositif «P45/P90» à mes services, ce qui entraîne un biais au niveau du recensement. Une fois les difficultés maîtrisées, les avantages de ce système sont évidents: amélioration du climat scolaire, rôle culturel du dispositif ou encore instauration de pratiques pédagogiques novatrices. Il faut également souligner que cette mise en œuvre demande avant tout l’adhésion des enseignants. Cela requiert un changement de posture, mais aussi une gestion sans faille d’une organisation assez lourde. La réussite du système est également en lien direct avec la culture de l’école et l’adhésion de ses acteurs. Par ailleurs, le déploiement, durant le temps récupéré, de remédiations de consolidation et de dépassement joue un rôle important dans la lutte contre l’échec scolaire. Enfin, dans le cadre de la réforme du tronc commun, l’organisation de périodes d’accompagnement personnalisé de l’élève a été privilégiée, et ce, tout en garantissant à chaque élève les mêmes apprentissages.
Réplique de N. Janssen. – Même s’il s’agit d’une estimation, je retiens le chiffre de 14 écoles secondaires qui appliquent le dispositif «P45/P90». J’ignorais que les écoles n’étaient pas tenues de déclarer s’ils appliquaient cette formule ou non. Je pensais au contraire qu’elles en avaient l’obligation.