QO 24/01/23 à la Ministre Désir : Suivi des recommandations sur la santé mentale des jeunes
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Question (Nicolas Janssen). – Un an après le vote unanime des 100 recommandations de la commission conjointe sur la santé mentale des jeunes, ce sujet reste particulièrement préoccupant. Les causes sont multifactorielles et ont été amplifiées par la crise sanitaire, les préoccupations liées au changement climatique et les conflits actuels. Des initiatives se multiplient à travers le monde, de l’Union européenne au Canada. Le 5 juillet dernier, le Parlement européen adoptait une nouvelle résolution portant sur la reconnaissance politique de la crise de la santé mentale incluant la santé mentale des jeunes. Le gouvernement du Canada vient quant à lui de décider d’investir près de 7 millions de dollars en promotion de la santé mentale et prévention des maladies mentales. Chez nous, au mois de décembre dernier, le gouvernement wallon donnait son feu vert pour prolonger le renfort des équipes actives dans le secteur de la santé mentale. Madame la Ministre, comment décririez-vous la situation de la santé mentale des élèves en milieu scolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Un an après que les recommandations aient été adressées au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, quelles mesures structurelles ont-elles été instaurées en remplacement des mesures d’urgence ? Ces recommandations avaient notamment pour but de garantir une meilleure articulation entre les actions de toutes les entités concernées et comportaient un volet de mesures transversales. Avez-vous organisé des concertations avec vos collègues sur le sujet ? Un plan global est-il en cours d’élaboration ? Notons qu’un certain nombre de recommandations s’avéraient peu coûteuses et tendaient à une meilleure efficacité, ce qui garantissait leur prise en considération dans un contexte budgétaire contraignant. Enfin, un groupe de travail relatif à la santé mentale issu de la conférence interministérielle (CIM) Jeunesse est-il prévu dans un avenir proche et, dans l’affirmative, avec quel cahier des charges ?
Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Les informations qui m’ont été communiquées m’amènent à partager vos constats : la santé mentale des jeunes reste préoccupante. Pour améliorer la situation, nous mettons en œuvre une série de mesures structurelles, notamment par le biais du Pacte pour un enseignement d’excellence. Ainsi, l’un des sept objectifs d’amélioration du nouveau pilotage du système scolaire touche précisément au climat scolaire et au bien-être des élèves. Parmi ces mesures, la plus parlante est évidemment l’avant-projet de décret consacré à l’amélioration du climat scolaire et à la prévention du harcèlement et du cyber-harcèlement. Ce texte a pour but de proposer aux écoles un programme d’actions ciblant la qualité des relations entre acteurs ou groupes d’acteurs à l’école, des pratiques démocratiques, de l’environnement pédagogique, etc. Les espaces de parole régulièrement mis sur pied constituent une illustration de ce dispositif. En définitive, nous souhaitons favoriser le bien-être des élèves, améliorer le vivre-ensemble et la sérénité propices à l’apprentissage, mais aussi parfaire la situation des élèves sur les plans tant de leur devenir scolaire que de leur épanouissement personnel. Le projet d’accord de coopération avec la Commission communautaire française (COCOF) et la Région wallonne eu égard à la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) représente également une belle avancée. Grâce à un cadre défini, ce projet entend soutenir l’épanouissement de la vie relationnelle, affective et sexuelle chez tous les élèves de la Fédération. Le texte suit son parcours d’adoption et les mesures qu’il prévoit devraient entrer en application d’ici à la rentrée prochaine. Par ailleurs, je rappelle qu’un travail conjoint avec le SPF Santé publique du ministre Vandenbroucke a été entrepris afin de favoriser très concrètement des collaborations plus étroites et d’en fortifier la fluidité. Ce travail s’appuie sur l’existence de différents dispositifs, notamment celui relatif aux psychologues de première ligne. Ce dernier a été considérablement renforcé par le gouvernement fédéral puisque le budget du secteur est passé de 39 à 152 millions d’euros. Dès lors, afin de mieux répondre à la détresse de nombreux jeunes, il nous est apparu essentiel de faciliter les articulations avec le travail des centres PMS déjà mené dans le champ scolaire. Nous entendons ainsi appuyer et compléter ce travail. Sous la présidence de la ministre Glatigny, la CIM Jeunesse a bien décidé d’organiser un groupe de travail sur la santé mentale des jeunes. Ce dernier n’a pas encore entamé ses travaux, mais il est évident que j’y participerai avec beaucoup d’intérêt.
Réplique de N. Janssen. – Je ne doute pas que les mesures prévues soient nombreuses et permettent d’améliorer le climat scolaire. L’instauration d’espaces de parole avait déjà fait l’objet de maintes recommandations en commission conjointe. J’entends également que le niveau fédéral a quadruplé les moyens alloués au secteur, ce qui profitera notamment aux psychologues de première ligne. Par ailleurs, vous avez évoqué l’EVRAS sur laquelle je reviendrai dans quelques instants.