QO 26/04/22 à la Ministre Désir: Prévention du suicide en milieu scolaire
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Résumé
M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, alors que la prévalence des pensées et comportements suicidaires a diminué en Flandre entre 2013 et 2018, elle est restée assez stable en Wallonie et à Bruxelles durant la même période. Cependant, les chiffres déjà alarmants se sont aggravés durant la crise sanitaire. Selon les derniers chiffres fournis par l’ASBL Un pass dans l’impasse et par Sciensano, le suicide est la première cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, et la septième cause chez les jeunes de moins de 14 ans. À Bruxelles, le Centre de prévention du suicide signale 19 000 appels en 2020, soit une hausse de 24%. La tendance s’est confirmée en 2021 avec 20 % d’appels supplémentaires. Les demandes de consultation pour cause de crise suicidaire ont doublé.
Par ailleurs, la prévention du suicide a été définie comme une priorité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en tant qu’objectif mondial et incluse comme indicateur dans les Objectifs de développement durable (ODD) de l’Organisation des Nations unies (ONU). Parmi les pays de l’Union européenne des Quinze, la Belgique a selon l’OMS le taux de suicide le plus élevé. L’école est en première ligne, dont les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous savons que les centres PMS sont les partenaires privilégiés des écoles, puisqu’ils disposent de compétences en matière psycho-médico-sociale et qu’ils sont particulièrement bien outillés. D’autres acteurs, tels que l’ASBL Un pass dans l’impasse et le Centre de prévention du suicide, sont également des acteurs incontournables sur le terrain.
Madame la Ministre, pourriez-vous nous dire si des actions concrètes de sensibilisation et de prévention ont été mises en œuvre au sein des écoles pour lutter contre ces tendances suicidaires? Quels sont les chiffres disponibles, les plus récents, concernant l’évolution du taux de suicide chez les jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles? Quel budget pourrait être alloué à la prévention du suicide en milieu scolaire? Serait-il envisageable de lancer des campagnes de prévention, notamment en partenariat avec les Régions?
Par ailleurs, il n’existe pas de plan global de lutte contre le suicide. Soutenez-vous le développement d’une assemblée de prévention du suicide en Fédération Wallonie-Bruxelles en vue d’élaborer une stratégie de prévention du suicide et de fixer des objectifs globaux sur l’ensemble du territoire? Prévoyez-vous d’associer l’enseignement obligatoire à une campagne, intégrée à une stratégie plus générale ou non, d’information du numéro du Centre de prévention du suicide, le 0800 32 123?Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Le suicide est effectivement un sujet encore trop souvent tabou. Il est pourtant bien présent dans notre société, comme le prouvent les chiffres que vous avancez, Monsieur le Député. Plusieurs mesures existent pour les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est d’ailleurs en ce sens que nous avons voulu intégrer un axe stratégique réservé à cet enjeu essentiel dans le Pacte pour un enseignement d’excellence. Avant de revenir sur les travaux conduits au sein du chantier 16, il convient de mentionner l’enquête bien-être qui sera réalisée à l’échelle de toutes les écoles et qui vient d’être initiée en lien avec le dispositif de pilotage du système éducatif.
Il est d’ailleurs utile de rappeler que l’amélioration du bien-être et du climat scolaire constitue l’un des sept objectifs d’amélioration du système éducatif guidant la préparation des plans de pilotage. Les travaux menés au sein du chantier 16, et plus précisément ceux qui traitent de la thématique du harcèlement, ouvrent le champ à un changement de posture sur le climat scolaire. En effet, ce dernier constitue un élément important dans la façon dont l’école permettra aux jeunes de se développer, d’évoluer, d’apprendre à parler de leurs émotions et de leurs préoccupations dans un climat propice à l’écoute, au dialogue et à la confiance. Le futur observatoire du climat scolaire, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, développera les ressources et références utiles en la matière.
Afin d’outiller les équipes éducatives, par exemple dans le cas précis de la prévention du suicide, l’Institut de la formation en cours de carrière (IFC) dispense des modules de formation spécifiques pour les enseignants, les agents PMS et les éducateurs. Des associations ont également créé des programmes ayant pour but d’améliorer ou de développer les habiletés des jeunes à faire face aux difficultés, par exemple en développant leur intelligence émotionnelle. Enfin, les équipes mobiles sont bel et bien actives dans toutes les écoles qui les sollicitent.M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie pour votre réponse très complète et ce rappel des mesures existantes.
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Compte-rendu intégral:
M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, alors que la prévalence des pensées et comportements suicidaires a diminué en Flandre entre 2013 et 2018, elle est restée assez stable en Wallonie et à Bruxelles durant la même période, d’après les données du service officiel «Vers une Belgique en bonne santé». Cependant, les chiffres déjà alarmants se sont aggravés durant la crise sanitaire, avec un taux de tentatives de suicide en hausse. Selon les derniers chiffres fournis par l’ASBL Un pass dans l’impasse et par Sciensano, le suicide est la première cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, et la septième cause chez les jeunes de moins de 14 ans. En juin 2021, un jeune sur six de la tranche d’âge 18-29 ans avait alors déclaré avoir sérieusement envisagé de se suicider. À Bruxelles, le Centre de prévention du suicide signale 19 000 appels en 2020, soit une hausse de 24 %. La tendance s’est confirmée en 2021 avec 20 % d’appels supplémentaires. Les demandes de consultation pour cause de crise suicidaire ont doublé. «La tranche d’âge des 14-30 ans est fort représentée en 2020, alors qu’elle ne l’était pas auparavant», explique Déborah Deseck, porte-parole du Centre de prévention du suicide. Les jeunes sont donc plus touchés par ces sentiments de souffrance et de désespoir que les autres tranches d’âge.
Par ailleurs, la prévention du suicide a été définie comme une priorité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en tant qu’objectif mondial et incluse comme indicateur dans les Objectifs de développement durable (ODD) de l’Organisation des Nations unies (ONU). Parmi les pays de l’Union européenne des Quinze, la Belgique a selon l’OMS le taux de suicide le plus élevé. Les chercheurs préconisent donc une prise en charge le plus tôt possible des personnes présentant des vulnérabilités pouvant amener au suicide. L’école est en première ligne, dont les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous savons que les centres PMS sont les partenaires privilégiés des écoles, puisqu’ils disposent de compétences en matière psycho-médico-sociale et qu’ils sont particulièrement bien outillés. D’autres acteurs, tels que l’ASBL Un pass dans l’impasse et le Centre de prévention du suicide, sont également des acteurs incontournables sur le terrain.
Madame la Ministre, pourriez-vous nous dire si des actions concrètes de sensibilisation et de prévention ont été mises en œuvre au sein des écoles pour lutter contre ces tendances suicidaires? Quels sont les chiffres disponibles, les plus récents, concernant l’évolution du taux de suicide chez les jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles? Quel budget pourrait être alloué à la prévention du suicide en milieu scolaire? Serait-il envisageable de lancer des campagnes de prévention, notamment en partenariat avec les Régions?
Par ailleurs, il n’existe pas de plan global de lutte contre le suicide. Soutenezvous le développement d’une assemblée de prévention du suicide en Fédération Wallonie-Bruxelles en vue d’élaborer une stratégie de prévention du suicide et de fixer des objectifs globaux sur l’ensemble du territoire? Prévoyez-vous d’associer l’enseignement obligatoire à une campagne, intégrée à une stratégie plus générale ou non, d’information du numéro du Centre de prévention du suicide, le 0800 32 123? Et ce, comme recommandé par la Commission conjointe sur la santé mentale des jeunes et repris dans les recommandations votées à l’unanimité le 27 janvier dernier.Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Le suicide est effectivement un sujet encore trop souvent tabou. Il est pourtant bien présent dans notre société, comme le prouvent les chiffres que vous avancez, Monsieur le Député. La prévention, d’une part, et la libération de la parole, de l’autre, peuvent contribuer à circonscrire ce fléau silencieux, à en détecter les signes avant-coureurs ou, à tout le moins, à éveiller les consciences. Plusieurs mesures existent pour les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elles portent sur le bien-être et le climat scolaire. C’est d’ailleurs en ce sens que nous avons voulu intégrer un axe stratégique réservé à cet enjeu essentiel dans le Pacte pour un enseignement d’excellence. Avant de revenir sur les travaux conduits au sein du chantier 16, il convient de mentionner l’enquête bien-être qui sera réalisée à l’échelle de toutes les écoles et qui vient d’être initiée en lien avec le dispositif de pilotage du système éducatif.
Il est d’ailleurs utile de rappeler que l’amélioration du bien-être et du climat scolaire constitue l’un des sept objectifs d’amélioration du système éducatif guidant la préparation des plans de pilotage. Comme je l’ai déjà souvent dit, l’immense majorité des écoles ont choisi cet objectif dans leur plan de pilotage. Les travaux menés au sein du chantier 16, et plus précisément ceux qui traitent de la thématique du harcèlement, ouvrent le champ à un changement de posture sur le climat scolaire. En effet, ce dernier constitue un élément important dans la façon dont l’école permettra aux jeunes de se développer, d’évoluer, d’apprendre à parler de leurs émotions et de leurs préoccupations dans un climat propice à l’écoute, au dialogue et à la confiance. Le futur observatoire du climat scolaire, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, développera les ressources et références utiles en la matière.
Les équipes éducatives désireuses de mener une action de sensibilisation sur un sujet en lien avec le bien-être ou une action plus ancrée, comme les espaces du type «cellule bien-être», sont bien sûr libres de le faire. Afin d’outiller les équipes éducatives, par exemple dans le cas précis de la prévention du suicide, l’Institut de la formation en cours de carrière (IFC) dispense des modules de formation spécifiques pour les enseignants, les agents PMS et les éducateurs. Des associations ont également créé des programmes ayant pour but d’améliorer ou de développer les habiletés des jeunes à faire face aux difficultés, par exemple en développant leur intelligence émotionnelle. Enfin, les équipes mobiles sont bel et bien actives dans toutes les écoles qui les sollicitent.M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie pour votre réponse très complète et ce rappel des mesures existantes.