QO 27/06/23 à la Ministre Tellier : Les zones humides comme outil de résilience face aux épisodes climatiques extrêmes
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, les milieux humides se sont fortement raréfiés au cours des derniers siècles. Plus de 35 % des zones humides mondiales, selon la statistique généralement acceptée, ont en effet disparu depuis 1970. Or, en plus d’être des milieux très riches en biodiversité, les zones humides remplissent une diversité de fonctions, parmi lesquelles :
- la régulation des crues et une lutte contre les inondations ;
- l’approvisionnement et la purification de l’eau ;
- la fonction de refuge pour la biodiversité, notamment en période de sécheresse.
En cela, elles font partie de la réponse aux changements climatiques, en permettant de nous aider à gérer de façon plus résiliente les épisodes climatiques extrêmes. Je citerai l’exemple du Marais de Chapelle, à Lasne, où en quelques années, six hectares de terrain humide et marécageux sont devenus le refuge des espèces de faune et de flore caractéristiques des zones humides, ainsi que d’une famille de castors. En seulement quelques années, ceux-ci ont métamorphosé le site, transformant un champ en un marais qui accueille une profusion d’oiseaux, amphibiens et libellules. Dans une Région sous pression, le site est appelé à devenir une pièce maîtresse d’un maillage écologique précieux, soulignait récemment Natagora, gestionnaire de certaines parties de ce site. Malgré de tels exemples de réussite, le Brabant wallon subit, on le sait bien, une forte pression foncière. La nature a clairement besoin d’aires protégées de ce type. Actuellement, à peine 0,2 % du territoire est protégé sous statut de réserve naturelle. Il est donc essentiel de poursuivre notre travail avec ambition. La restauration et l’identification de nouvelles zones humides en font clairement partie. Dans ce cadre, le projet 99 du Plan de relance de notre Région permet de financer différentes actions en faveur des zones humides, comme la renaturation et la reméandration des berges, ainsi que la création de zones d’expansion de crues ou de zones d’immersion temporaire afin de lutter contre les inondations et les risques de pénurie d’eau. Un premier appel à projets dans le cadre de cette fiche devrait se clôturer le 16 octobre dernier ; un second le 19 avril dernier ; et un troisième est fixé au 15 octobre 2023. La sélection des deux premiers projets a-t-elle eu lieu ? Madame la Ministre, pourriez-vous faire le point sur les résultats et les types de projets sélectionnés ? Quelles priorités et actions avez-vous définies pour accroître la résilience face aux épisodes climatiques extrêmes par les zones humides ? Par ailleurs, vu l’importance de ces zones dans la lutte contre le changement climatique et dans le cadre de l’objectif wallon de reconnaître au minimum 1000 hectares de nouvelles aires protégées par an, avez-vous identifié de nouvelles zones humides en Wallonie ? Si oui en avez-vous identifié plus particulièrement en Brabant wallon ?
Mme Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal. – Monsieur le Député, il est en effet urgent d’accélérer nos efforts pour rendre notre territoire plus résilient face aux dérèglements climatiques. Les zones humides constituent, en ce sens, un levier d’action précieux, comme vous le soulignez. Dans le cadre du Plan de relance, la fiche 99 vise le financement de projets avec des objectifs de résilience, de lutte contre les inondations ou les sécheresses et d’amélioration de nos écosystèmes. La sélection des projets est réalisée par un jury d’experts pluridisciplinaires de plusieurs départements et directions du SPW. Ce jury examine les candidatures au travers d’une grille d’analyse pondérée. Suite à l’appel du 16 octobre, le Gouvernement a approuvé la sélection de sept lauréats, qui se partagent près de sept millions d’euros pour des projets de différentes natures. Je peux citer, par exemple, la création de zones d’immersion temporaire par la Province de Namur, la reméandration de l’Eau Blanche par Natagora, ou encore la mise à ciel ouvert du Ruyff par l’administration communale de Limbourg. Le second appel a été clôturé le 19 avril dernier. Le jury a analysé les différents projets déposés. Sur cette base, une proposition de sélection sera déposée au Gouvernement cet été. Toujours dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie, la fiche 95, cette fois, permet de financer des projets de création d’espaces verts ou de renforcement du maillage vert et bleu. L’objectif est à nouveau l’adaptation du territoire face aux dérèglements climatiques. Dans le cadre de ces appels à projets, plusieurs communes ont ainsi pu proposer des projets visant à recréer des zones humides, à reconnecter d’anciens biefs à leur rivière, ou encore à créer des zones d’immersion temporaire. Par ailleurs, nous continuons à protéger des espaces naturels dans le cadre de la création de réserves naturelles. Bien entendu, des zones humides se retrouvent dans les différents espaces protégés de cette manière. Ainsi, plus de 800 hectares de réserves ont été créés en 2021 au sein des Fagnes. De nombreux hectares ont également été mis sous protection dans différentes tourbières, dans des marais ou encore le long de ruisseaux. En conclusion, comme vous le constatez, nous avons dégagé des moyens importants pour améliorer la résilience de nos territoires face aux dérèglements climatiques, notamment grâce à ces zones humides.
Réplique de N. Janssen. – Merci, Madame la Ministre, d’avoir précisé où nous en étions, notamment concernant ces deux projets du Plan de relance, et d’avoir rappelé l’intérêt porté aux zones humides pour l’ensemble des parties prenantes tout comme d’avoir rappelé également le calendrier des différents lauréats de la première échéance et les séquences à venir pour les autres. Je ne manquerai pas de continuer à suivre avec intérêt ce dossier et notamment, par exemple, cette reconversion réussie dans le cas du Marais de la Chapelle et d’autres exemples qui montrent combien ces zones humides sont indispensables pour notre biodiversité.