QO 29/09/25 à la Ministre Glatigny : Désintérêt pour l’apprentissage du néerlandais en Wallonie
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Question (Nicolas Janssen). – La question du désintérêt pour l’apprentissage du néerlandais comme première langue moderne dans le secondaire en Wallonie a récemment refait surface dans la presse. Depuis 2021-2022, l’anglais y a pris le pas sur le néerlandais et, depuis, l’écart ne cesse de se creuser. En 2024-2025, 115 370 élèves ont suivi un cours de néerlandais. La légère hausse globale de 0,6 % du nombre d’élèves suivant cette langue est trompeuse, car elle s’explique uniquement par l’augmentation du nombre d’élèves à Bruxelles, où le néerlandais est obligatoire.
En Wallonie, une baisse de 2,9 % par rapport à l’année précédente est observée, soit une chute cumulée de 20,7 % depuis 2019-2020. A contrario, l’anglais poursuit sa progression en Wallonie, choisi par plus de deux élèves sur trois, 70,6 %. Cette tendance s’inscrit dans un contexte de pénurie de professeurs de langues qui compromet déjà la généralisation prévue de l’apprentissage du néerlandais comme seconde langue en Fédération Wallonie-Bruxelles à l’horizon 2027. Or cette pénurie risque encore de s’aggraver en 2026-2027 avec le rallongement d’unan de la formation initiale des enseignants. Madame la Ministre, quelles mesures envisagez-vous pour atteindre cet objectif en 2027, dans le contexte actuel de pénurie ?
Comment comptez-vous agir sur la perception du néerlandais auprès des jeunes et de leurs familles afin de pallier ce désintérêt ? Avez-vous déjà entamé un dialogue avec les familles et les associations de parents ? Enfin, l’éveil aux langues, rendu obligatoire jusqu’en deuxième année primaire, vise à ouvrir les élèves à d’autres sonorités et à d’autres cultures dès leur plus jeune âge. Quel bilan dressez-vous de cette mesure ? Quels sont ses effets sur la curiosité linguistique des enfants ? Le néerlandais est-il suffisamment intégré dans cet éveil ?
Mme Valérie Glatigny, première vice-présidente et ministre de l’Éducation et de l’Enseignement de promotion sociale. – Le recul du néerlandais comme première langue moderne en Wallonie au profit de l’anglais représente aujourd’hui un défi majeur pour notre système éducatif ainsi que pour l’avenir de nos jeunes. Les récents chiffres en témoignent : en 2024-2025, 11 5370 élèves suivaient un cours de néerlandais en Fédération Wallonie-Bruxelles. Si ce chiffre traduit une légère hausse globale de 0,6%, la situation est bien différente en Wallonie, où une diminution de 2,9 % en un an est observée.
Dans le même temps, l’anglais s’impose désormais comme le choix de plus de 70 % des élèves wallons. Le gouvernement réaffirme néanmoins son objectif de généraliser de manière progressive l’apprentissage des langues nationales, néerlandais ou allemand, à l’horizon 2027. La concrétisation de cette réforme dépendra toutefois largement de la capacité à relever le défi du recrutement et de la formation des enseignants, car la pénurie est particulièrement aiguë dans ces matières. Le problème est d’ailleurs particulièrement marqué pour le néerlandais, davantage en Wallonie où de nombreuses écoles doivent réaffecter les périodes de langues à de l’accompagnement personnalisé, faute de maître de seconde langue disponible.
Face à ce constat, une réflexion est engagée avec mon administration pour mieux identifier les freins et construire des solutions adaptées. L’éveil aux langues, aujourd’hui obligatoire jusqu’en deuxième année primaire, a permis de stimuler la curiosité linguistique des enfants, mais des efforts sont encore nécessaires pour rendre l’apprentissage du néerlandais plus attractif dès le plus jeune âge. D’autres initiatives sont également à l’étude, d’autres encore pourraient être étendues, dont notamment l’amélioration de l’échange d’enseignants entre les Communautés, l’optimalisation des échanges linguistiques des élèves entre les Communautés ainsi que l’enseignement en immersion.
Enfin, afin d’assurer un suivi rigoureux et transparent, un tableau de bord annuel est envisagé. Il permettrait de suivre l’évolution des choix linguistiques des élèves, de mesurer la disponibilité des enseignants et d’évaluer l’impact des mesures. Une telle transparence offrirait la possibilité d’ajuster rapidement notre action et d’impliquer tous les acteurs concernés.
Réplique de N. Janssen. – Madame la Ministre, j’ai bien pris note de l’ensemble des points que vous intégrez dans votre réflexion, y compris le tableau de bord portant sur ce sujet prioritaire.