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Résumé:
Un projet visant à alimenter en hydrogène 10 bus à Charleroi a été abandonné récemment, faute de financement. D’autres appels à projets vont être lancés pour transposer en Wallonie l’IPCEI, le paquet hydrogène européen. La Région prévoit 160 millions d’euros via le Plan de relance réparti en sous-projets couvrant l’ensemble de la filière de production, dont certains dans le cadre de l’IPCEI. La biomasse est citée comme source de production. Quelles autres sources pouvons-nous envisager ? Comment va-t-on gérer leur transport ? Quels opérateurs sont prêts à financer les procédés d’amélioration des rendements ? Comment comptez-vous créer un pôle d’excellence comprenant également les universités, le privé et le public dans notre Région ? En 2020, la Wallonie a investi 27 % du fonds Kyoto dans l’hydrogène. Ce fonds sera diminué et atteindra 61 millions d’euros en 2021 selon les budgets des recettes et dépenses de la Région pour l’année 2021. Quelles répercussions sont prévues sur les investissements dans l’hydrogène ? Le budget général des dépenses pour cette année reprend un investissement de 5,5 millions d’euros du fonds Bas carbone et Résilience dans le soutien à des projets hydrogène et des carburants alternatifs. Pouvez-vous nous préciser quelle part y a l’hydrogène ? Comment se complètent les apports des différentes Régions ?
M. Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie et de la Mobilité. – J’ai demandé à mon administration de préparer un appel à projets sous couvert du fonds Kyoto afin de permettre l’émergence de projets. Concernant le budget global du fonds Kyoto, la programmation 2021 a été réalisée sur la même base budgétaire que pour la programmation 2020, c’est-à-dire 111 millions d’euros. Au total, 16 millions d’euros seront affectés à des actions en lien avec l’hydrogène en 2021. Vous mentionnez également à juste titre le fonds Bas carbone et Résilience qui pourra également alimenter financièrement les projets qui se déploieraient, même si ce fonds doit d’abord être modalisé avant de pouvoir le mobiliser. Pour ce qui concerne le Plan de relance, nous avons pu disposer des fiches des autres entités sur le sujet. Une réflexion a déjà été entamée et devrait mener à une feuille de route intégrée au niveau belge ; feuille de route qui reprendra toutes les balises nécessaires à l’intégration progressive de l’hydrogène dans le tissu énergétique et industriel wallon.
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M. Janssen (MR). – Monsieur le Ministre, un projet visant à alimenter en hydrogène 10 bus à Charleroi a été abandonné récemment, faute de financement. Nous en avions parlé. Cette technologie nécessite un accompagnement de la part du public et du privé. Il nous faut investir dans les meilleurs délais pour ne pas rater le train de l’hydrogène. Un aspect de la problématique est la production décarbonée de celui-ci. D’autres appels à projets vont être lancés pour transposer en Wallonie l’IPCEI, le paquet hydrogène européen. La Région prévoit 160 millions d’euros via le Plan de relance réparti en sous-projets couvrant l’ensemble de la filière de production, dont certains dans le cadre de l’IPCEI. La biomasse est citée comme source de production. Quelles autres sources pouvons-nous envisager ? Comment va-t-on gérer leur transport ? Quels opérateurs sont prêts à financer les procédés d’amélioration des rendements ? Comment comptezvous créer un pôle d’excellence comprenant également les universités, le privé et le public dans notre Région ? En 2020, la Wallonie a investi 27 % du fonds Kyoto dans l’hydrogène. Ce fonds sera diminué et atteindra 61 millions d’euros en 2021 selon les budgets des recettes et dépenses de la Région pour l’année 2021. Quelles répercussions sont prévues sur les investissements dans l’hydrogène ? Le budget général des dépenses pour cette année reprend un investissement de 5,5 millions d’euros du fonds Bas carbone et Résilience dans le soutien à des projets hydrogène et des carburants alternatifs. Pouvezvous nous préciser quelle part y a l’hydrogène ? En dehors des 160 millions d’euros, le montant consacré à la filière sera-t-il réévalué à la hausse à partir de 2021 et après 2026, année de fin des projets du Fonds de relance et de résilience européen, par rapport à l’ensemble du budget de 2020 pour faire de la Région – selon l’expression que l’on entend – la prochaine Hydrogen Valley ? Difficile de rêver d’une filière sans réunir le Fédéral et les applications industrielles des Régions. Le ministre fédéral Dermine disait que, au niveau du Plan de relance, chacun avait eu accès au projet des autres parce qu’il était important de créer cette synergie et cette forme de collaboration, ce qui pourra générer une forme de fertilisation croisée. Comment se complètent les apports des différentes Régions ? Est-ce bien dans ce sens que vous travaillez ?
M. Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie et de la Mobilité. – Monsieur le Député, la question relevant en grande partie d’un processus directement géré auprès de mon collègue, le ministre de la Recherche, je vous renverrai vers lui pour ce qui concerne la fiche relative à l’IPCEI et au contenu des projets qui seraient soutenus. Je vais me concentrer plutôt sur mes propres budgets. Comme j’ai déjà pu le signaler, j’ai demandé à mon administration de préparer un appel à projets sous couvert du fonds Kyoto afin de permettre l’émergence de projets. Il est évident que les acquis de l’expérience rencontrée à Charleroi nous permettront de mettre en place des balises solides afin de répondre aux besoins de cette filière. Cet appel pourrait permettre aux porteurs du projet de Charleroi de soumettre à nouveau un projet, sans doute sous une nouvelle épure, qui répondrait mieux aux conditions de l’appel, aux aides proposées et aux difficultés rencontrées. Concernant le budget global du fonds Kyoto, la programmation 2021 a été réalisée sur la même base budgétaire que pour la programmation 2020, c’est-à-dire 111 millions d’euros. La seule différence notable étant qu’une part importante du dispositif sera alloué à des subventions plutôt qu’à des prêts. Au total, 16 millions d’euros seront affectés à des actions en lien avec l’hydrogène en 2021. Cet appel pourra éventuellement également servir pour les budgets qui seront inscrits au RRF, le Plan de relance européen, dans l’enveloppe dégagée pour mes compétences. Je souhaite, au travers de cet appel, pouvoir financer la mise en place d’écosystèmes parfaitement intégrés entre la source de production d’hydrogène, son transport local et sa consommation ; le souhait étant d’apporter les soutiens strictement nécessaires à atteindre l’optimum économique des projets en garantissant la qualité technique de ceux-ci et la compétitivité de nos industriels. Dans ce contexte, toutes les pistes de valorisation seront abordées, tant en applications de consommation qu’en sources énergétiques nécessaires à la production. Vous mentionnez également à juste titre le fonds Bas carbone et Résilience qui pourra également alimenter financièrement les projets qui se déploieraient, même si ce fonds doit d’abord être modalisé avant de pouvoir le mobiliser. Pour ce qui concerne le Plan de relance, nous avons pu disposer des fiches des autres entités sur le sujet. Force est de constater que chacun a développé une stratégie cohérente avec ses propres enjeux et ses forces. Je partage clairement votre position : difficile de rêver d’une filière sans unir Fédéral et applications industrielles des Régions. J’irais même plus loin en rappelant que, en termes de production, les Régions seront également compétentes et qu’il conviendra de disposer des cadres ad hoc au développement de ces filières. C’est une réflexion qui a déjà été entamée et qui devrait mener à une feuille de route intégrée au niveau belge ; feuille de route qui reprendra toutes les balises nécessaires à l’intégration progressive de l’hydrogène dans le tissu énergétique et industriel wallon. La feuille de route qu’avait dressée le cluster TWEED montre qu’il existe un réel intérêt industriel du côté wallon. Force est de constater que nombre d’opérateurs privés et publics intègrent la question de l’hydrogène dans leur réflexion globale. Il sera donc nécessaire de permettre la création des synergies les plus naturelles possible entre ces partenaires éventuels, en offrant des outils financiers simples à destination des investissements à réaliser et de créer de réelles symbioses locales qui permettront l’intégration de l’hydrogène vert dans les secteurs les plus ambitieux. Il est trop tôt pour anticiper les besoins budgétaires au-delà du RRF et des actions qui seront successivement prises d’ici 2026, mais il semble déjà acquis que ces besoins seront croissants et seront progressivement supportés de manière croissante par le secteur industriel. C’est bien ce qu’anticipe d’ailleurs également l’Europe.