QO 29/3/22 à la Ministre Désir: «Jeunes élèves aidants proches»
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Résumé:
M. Nicolas Janssen (MR). – En octobre dernier, Madame la Ministre, je vous interrogeais sur la problématique des jeunes élèves aidants proches. Je voudrais revenir sur les moyens qui permettraient aux jeunes élèves aidants proches de bénéficier de la même insertion scolaire et sociale que leurs pairs. Vous me répondiez qu’une coopération entre les écoles et les organisations, telles que l’ASBL Jeunes aidants proches, était envisageable. Cette ASBL propose effectivement un panel de ressources. À ce titre, le 27 avril prochain, une journée sera dédiée à la formation des travailleurs des centres PMS quant aux enjeux de l’accompagnement. Ce type de formation permet une sensibilisation accrue à la problématique.
Existe-t-il, à l’heure actuelle, une formation axée sur la sensibilisation du personnel de l’éducation à ce sujet? Dans la négative, serait-il possible de développer ce type de formation pour les enseignants et le personnel éducatif? Comment outiller les professionnels de l’enseignement et le personnel des centres PMS, afin d’approcher cette réalité dans toutes les écoles?
Plus globalement, si ce genre d’initiatives existe déjà depuis quelques années, j’aimerais souligner le manque d’informations sur cette thématique. Le syntagme «jeunes aidants proches» en lui-même reste encore assez peu connu, alors que cette problématique touche quasi chaque classe, d’après les statistiques dont j’ai eu connaissance. Ne serait-il pas opportun de mettre en lumière cette problématique grâce à une campagne de sensibilisation? Quant aux élèves jeunes aidants-proches eux-mêmes, serait-il envisageable de leur accorder certaines facilités, par exemple au niveau des horaires, des examens et des travaux pratiques? Cela nécessiterait la reconnaissance d’un statut spécifique. Une réflexion pourrait-elle être menée à ce sujet? Par ailleurs, dans votre précédente réponse, vous me disiez que la concertation régulière que vous assurez avec les pouvoirs organisateurs et les acteurs de l’enseignement n’a pas fait apparaître cette problématique. Pourtant, trois élèves en moyenne par classe sont touchés par cette lourde réalité. Serait-il possible d’avoir une confirmation de ces chiffres, après une enquête menée par l’administration?Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Monsieur le Député, l’ASBL Jeunes & Aidants proches offre à toute personne concernée de près ou de loin par cette thématique un large panel d’outils, de matériel pédagogique, de formations et de sensibilisation à cette problématique qui concernerait, selon une étude réalisée par l’Université libre de Bruxelles dans six écoles bruxelloises, près de 14 % des élèves. Concernant la formation collective obligatoire inter-réseaux, il appartient au gouvernement de fixer, pour une période de six ans, les besoins institutionnels en termes de formation professionnelle continue, et ce, sur la base des objectifs d’amélioration du système éducatif, des orientations du système éducatif et des politiques éducatives qu’il entend promouvoir. Je soumettrai prochainement au gouvernement un projet d’arrêté fixant les besoins institutionnels pour la période 2023-2029.
S’il n’existe pas de formation spécifique à ce sujet, le décret définissant la formation initiale des enseignants prévoit toutefois le développement et l’acquisition de compétences se traduisant entre autres par la capacité à créer un cadre relationnel bienveillant pour faciliter la communication avec les élèves et leur entourage, notamment familial. Les formations organisées par Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) et les fédérations de pouvoirs organisateurs relèvent quant à elles de leurs prérogatives.
Je me réjouis de constater que le vécu des jeunes aidants proches est de moins en moins opaque. La journée organisée pour les centres PMS en avril prochain en est la preuve. Cette journée constituera une source de réflexion pour les équipes pour accompagner de manière optimale les jeunes aidants proches identifiés dans leur parcours scolaire et pour aménager ce qui est nécessaire et possible pour les soutenir au mieux.M. Nicolas Janssen (MR). – Une enquête qui a été réalisée à l’échelle européenne met en évidence la problématique des jeunes élèves aidants proches. Elle a eu lieu en Allemagne, en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Suède, mais pas en Belgique. Il pourrait être intéressant de faire partie de la prochaine édition de cette enquête.
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Compte-rendu intégral
M. Nicolas Janssen (MR). – En octobre dernier, Madame la Ministre, je vous interrogeais sur la problématique des jeunes élèves aidants proches. Ce sujet me tient particulièrement à cœur. Je voudrais revenir sur les moyens qui permettraient aux jeunes élèves aidants proches de bénéficier de la même insertion scolaire et sociale que leurs pairs. Vous me répondiez qu’une coopération entre les écoles et les organisations, telles que l’ASBL Jeunes aidants proches, était envisageable. Cette ASBL propose effectivement un panel de ressources. Bien qu’elle propose un programme de soutien et d’accompagnement aux jeunes aidants proches, elle ne peut cependant pas se substituer à l’établissement scolaire et aux enseignants, qui sont en contact constant avec les élèves et qui pourraient les aider au niveau de leur parcours scolaire. Certains partenariats entre les écoles et les familles sont effectivement mis en place sous la houlette des centres PMS. À ce titre, le 27 avril prochain, une journée sera dédiée à la formation des travailleurs des centres PMS quant aux enjeux de l’accompagnement. Ce type de formation permet une sensibilisation accrue à la problématique.
Existe-t-il, à l’heure actuelle, une formation axée sur la sensibilisation du personnel de l’éducation à ce sujet? Dans la négative, serait-il possible de développer ce type de formation pour les enseignants et le personnel éducatif? Comment outiller les professionnels de l’enseignement et le personnel des centres PMS, afin d’approcher cette réalité dans toutes les écoles? De cette manière, ils disposeraient des outils nécessaires pour écouter les élèves, pour les soutenir et pour les rediriger vers les personnes adéquates, dont les centres PMS.
Plus globalement, si ce genre d’initiatives existe déjà depuis quelques années, j’aimerais souligner le manque d’informations sur cette thématique. En effet, il y a peu d’informations, notamment dans l’espace public et les écoles, sur les différentes procédures à suivre pour reconnaître et aider ces jeunes. Le syntagme «jeunes aidants proches» en lui-même reste encore assez peu connu, alors que cette problématique touche quasi chaque classe, d’après les statistiques dont j’ai eu connaissance. Ne serait-il pas opportun de mettre en lumière cette problématique grâce à une campagne de sensibilisation? Quant aux élèves jeunes aidants-proches eux-mêmes, serait-il envisageable de leur accorder certaines facilités, par exemple au niveau des horaires, des examens et des travaux pratiques? Cela nécessiterait la reconnaissance d’un statut spécifique. Une réflexion pourrait-elle être menée à ce sujet? Par ailleurs, dans votre précédente réponse, vous me disiez que la concertation régulière que vous assurez avec les pouvoirs organisateurs et les acteurs de l’enseignement n’a pas fait apparaître cette problématique. Pourtant, trois élèves en moyenne par classe sont touchés par cette lourde réalité. Serait-il possible d’avoir une confirmation de ces chiffres, après une enquête menée par l’administration? Est-il possible d’accorder une attention accrue à l’égard de ces jeunes, que ce soit au niveau de la formation des enseignants ou des centres PMS? Il faut en effet que cette problématique soit plus visible et mieux connue.Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Comme je vous l’ai déjà dit en octobre dernier, Monsieur le Député, l’ASBL Jeunes & Aidants proches offre à toute personne concernée de près ou de loin par cette thématique un large panel d’outils, de matériel pédagogique, de formations et de sensibilisation à cette problématique qui concernerait, selon une étude réalisée par l’Université libre de Bruxelles (ULB) dans six écoles bruxelloises, près de 14 % des élèves. Tout établissement scolaire ou centre PMS qui le souhaite peut donc se tourner vers cette structure d’appui et établir une collaboration avec elle. Concernant la formation collective obligatoire inter-réseaux, il appartient au gouvernement, sur la base du récent décret relatif à la formation professionnelle continue, de fixer, pour une période de six ans, les besoins institutionnels en termes de formation professionnelle continue, et ce, sur la base des objectifs d’amélioration du système éducatif, des orientations du système éducatif et des politiques éducatives qu’il entend promouvoir. Je soumettrai prochainement au gouvernement un projet d’arrêté fixant les besoins institutionnels pour la période 2023-2029.
S’il n’existe pas de formation spécifique à ce sujet, le décret définissant la formation initiale des enseignants prévoit toutefois le développement et l’acquisition de compétences se traduisant entre autres par la capacité à créer un cadre relationnel bienveillant pour faciliter la communication avec les élèves et leur entourage, notamment familial. Les formations organisées par Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) et les fédérations de pouvoirs organisateurs relèvent quant à elles de leurs prérogatives. Pour partager et transmettre son savoir-faire, l’ASBL a la possibilité de répondre aux appels d’offres lancés par l’Institut provincial de formation continuée (IPFC) ou de proposer son expertise auprès des organes se chargeant de la formation chez WBE et les autres fédérations de pouvoirs organisateurs.
Je me réjouis de constater que le vécu des jeunes aidants proches est de moins en moins opaque: il rentre désormais dans le champ des préoccupations des travailleurs psychosociaux. La journée organisée pour les centres PMS en avril prochain, à laquelle participera mon cabinet, en est la preuve. Cette journée constituera une source de réflexion pour les équipes; celles-ci ne manqueront pas d’utiliser les nouvelles connaissances acquises pour accompagner de manière optimale les jeunes aidants proches identifiés dans leur parcours scolaire et pour aménager ce qui est nécessaire et possible pour les soutenir au mieux. Il s’agit d’ailleurs de l’essence même de leur travail.
À ce jour, je n’ai pas connaissance d’une nouvelle étude menée sur le sujet, ce qui n’empêche pas la poursuite de la mise en lumière de ce phénomène. Je suis consciente des conséquences pour les jeunes qui aident un proche présentant des dépendances: ces jeunes passent bien souvent sous les radars des équipes éducatives en raison de leur volonté de discrétion vis-à-vis de l’extérieur. Cependant, je suis persuadée que l’information et la sensibilisation percoleront et se généraliseront auprès des différents acteurs du système éducatif.M. Nicolas Janssen (MR). – Une enquête qui a été réalisée à l’échelle européenne met en évidence la problématique des jeunes élèves aidants proches. Elle a eu lieu en Allemagne, en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Suède, mais pas en Belgique. Il pourrait être intéressant de faire partie de la prochaine édition de cette enquête afin de disposer d’éléments objectifs et de connaître des pratiques permettant l’amélioration de la situation de ces jeunes.