QO 30/01/23 au Ministre Henry : Le recours à la thermographie aérienne dans le Brabant wallon
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Question (Nicolas Janssen). – Monsieur le Ministre, actuellement, et avec l’appui de la Wallonie, l’Intercommunale du Brabant Wallon, l’InBW, est en train d’appliquer son programme de thermographie aérienne du Brabant wallon. En aidant les professionnels de la construction à identifier les points de perte d’énergie, les images thermiques permettent d’élaborer des solutions pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Ainsi, en cette période de crise énergétique, ce genre d’initiative permet aux citoyens d’investir dans la réduction de leurs factures énergétiques par le biais de la rénovation des bâtiments. De plus, tout en contribuant à garantir notre indépendance énergétique et à la lutte contre le réchauffement climatique, la rénovation énergétique est bien souvent rentable, ce qui rend d’autant plus pertinente sa systémisation. Dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans notre région et atteindre un parc immobilier décarboné en 2050, la stratégie de rénovation à long terme des bâtiments prévoit de diminuer les émissions de 55 % en 2030. En utilisant des techniques comme la thermographie aérienne, qui a déjà été mise en place en Flandre et à Bruxelles, cette initiative pourrait-elle être étendue aux provinces de Hainaut, de Liège et de Luxembourg avec l’appui de la Wallonie afin de bénéficier d’une vue d’ensemble de notre Région ? Afin de respecter les objectifs climatiques de la DPR, n’est-il pas urgent de simplifier le recours à la thermographie aérienne et de lutter ainsi contre les déperditions de chaleur émanant des bâtiments publics et privés ?
M. Philippe Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie, de la Mobilité et des Infrastructures. – Monsieur le Député, la thermographie aérienne est un outil de communication fort pour conscientiser et inciter les citoyens et les pouvoirs publics aux déperditions énergétiques visibles grâce à des caméras thermiques. Le système a ses limites bien sûr, les résultats peuvent être entachés d’erreurs, les bâtiments doivent être chauffés au moment du passage du satellite, de l’avion ou du drone qui effectue les prises de vue ; il faut une nuit claire, un delta de températures adéquat, et cetera. Toutefois, même avec toutes ces précautions oratoires, la thermographie est un outil fascinant. Du matériel similaire peut également être utilisé au niveau du sol, sur le toit d’une voiture par exemple, pour compléter l’étude des déperditions des mêmes bâtiments. La sensibilisation des citoyens aux économies d’énergie, notamment via la thermographie aérienne, était une des thématiques éligibles à l’appel POLLEC 2021. Six projets, dont celui de l’intercommunale lnBW, sur l’ensemble des communes du Brabant Wallon, sont en cours. Le montant du subside reçu par lnBW est de 100 000 euros. Malgré les avantages décrits, le lancement d’une opération de thermographie aérienne initiée et gérée par la Région sur l’ensemble du territoire ne semble cependant pas une solution à développer prioritairement pour plusieurs raisons. D’un point de vue technique, lancer un marché unique pour l’ensemble de la Wallonie n’est pas à conseiller, car les prises de vue commandées vont impliquer une coordination importante avec le niveau local, car il est nécessaire que les bâtiments soient chauffés pour que des informations puissent être interprétées lors du survol. Au niveau du suivi de l’opération, il ne semble pas non plus que le niveau régional soit pertinent, car il est nécessaire d’avoir une implication importante au niveau très local pour assurer l’accompagnement des citoyens. Des questions réglementaires de RGPD ne permettent actuellement pas de mettre en ligne l’ensemble des informations issues d’une campagne de thermographie. La lecture des résultats d’une thermographie, pour son interprétation correcte, nécessite un encadrement strict, ce qui renforce la nécessité d’un suivi rapproché pour un maximum d’efficacité, car la thermographie n’est jamais que le premier pas de l’adaptation des bâtiments concernés. Si, à la suite d’un survol, il n’y a aucune rénovation qui s’enclenche, l’objectif ne sera pas atteint. Une enveloppe globale de 32 millions d’euros est réservée pour le nouvel appel à candidatures POLLEC qui a pour but de soutenir le financement des coordinateurs communaux. L’appel se clôturant ce 30 janvier, des informations plus détaillées ne sont pas encore disponibles. Une grande partie des actions effectuées par les guichets de l’énergie relève de la sensibilisation et de l’information aux citoyens. En parallèle, se développent toute une série d’actions à partir : des plateformes de rénovation énergétiques ; de Reno+ ; de l’appel à projets « Ateliers de sensibilisation à un logement durable ». La communication est assez large et se déploie sur tous les médias. La crise des prix de l’énergie que nous subissons actuellement est un facteur important dans la conscientisation de nos concitoyens à l’efficacité énergétique. La réforme du programme UREBA ordinaire, en vigueur depuis le 1er novembre, a quelque peu étendu le champ d’application de ce programme de subventions. À certaines conditions d’éligibilité, le secteur associatif a accès à ce programme, dont les montants d’intervention ont été revus à la hausse, en vue de favoriser les travaux sur ces bâtiments. Pour résumer les améliorations apportées, nous finançons les demandeurs éligibles pour une plus grande variété de travaux et avec des taux de soutien augmentés. Par ailleurs, un programme d’appel à projets UREBA exceptionnel 2022-2024 a été lancé sur ce même public cible, dont les vagues deux et trois prévoient la réception des dossiers au printemps et en automne de cette année, ce qui participe à la communication et à la sensibilisation du public sur les objectifs de rénovation. Bien que très graphique et très attractive, la thermographie est un des médias permettant de tendre vers nos objectifs de lutte contre les déperditions énergétiques dans les bâtiments. Il faut en effet y prêter attention, mais étant donné les limites déjà exposées, il est également nécessaire de s’intéresser à tout un panel d’outils favorisant la prise de conscience. Je vais insister sur ce point, ce n’est pas la thermographie, ni aucune autre technique de prise de conscience qui diminue les déperditions d’énergie, ce sont les travaux que l’on entreprend après avoir été convaincu par ces techniques. Je pense que vous me rejoindrez sur ce point. Nous devons viser au final les résultats. Ceci est un outil qui peut nous y aider.
Réplique de N. Janssen. – Je retiens les éléments d’appréciation positifs que vous avez mentionnés quant à la thermographie aérienne. Vous avez utilisé des termes comme : c’est un outil de communication fort et fascinant. On entend aussi les limites que vous avez évoquées, notamment la nécessité que ce type d’outils donne lieu à la mise en œuvre de travaux, sans quoi c’est inutile. Je reste convaincu de l’importance de cet outil, vu la vétusté importante et majoritaire du parc immobilier. On a besoin d’une prise en charge structurelle, organisée, raisonnée et massive des bâtiments, du bâti. Si l’on veut atteindre les objectifs de 2030 – on parle de tripler le taux de rénovation actuel –, on constate que, quel que soit l’échantillon des mesures proposées ou existantes, on n’est pas du tout occupés à atteindre ce niveau-là, ce pourcentage-là. Il est important de parvenir à mettre en place un tel accélérateur. Ma conviction est que l’innovation et l’entrepreneuriat peuvent jouer un rôle clé dans la transition et dans ce type de changement de mentalité et de pratique. Je suis au regret d’entendre que l’initiative n’est pas davantage soutenue à ce stade. Comme vous, je partage la conviction que l’on a besoin de déployer un ensemble de mesures pour encourager le changement de mentalité et de pratique.
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