QO 31/01/23 à la Ministre Tellier : La prolifération des perruches à collier dans le Brabant wallon
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Question (Nicolas Janssen). – Madame la Ministre, les villes et villages du Brabant wallon sont de plus en plus colonisés par les perruches à collier, à l’instar de Bruxelles, d’où elles proviennent. L’augmentation significative du nombre de perruches en Brabant wallon inquiète les riverains, mais aussi le Conseil provincial du Brabant wallon. Si la perruche n’est pas encore considérée comme espèce exotique envahissante en Wallonie, elle l’est par le Belgian forum on invasive species et la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux. Bien que les perruches n’aient pas encore posé de problèmes, leur population ne cesse de croître, de par les conditions accueillantes, au niveau de la nourriture et de l’habitat, qu’elles trouvent en nos régions. Elles entrent en compétition avec certaines espèces indigènes telles que les moineaux, les étourneaux, les sittelles ou les mésanges. Conditions qui, avec les changements climatiques, risquent de s’avérer d’autant plus propices au développement de ces espèces exotiques. Comme vous le disiez vous-même récemment : « L’anticipation est essentielle, car il est souvent impossible d’éradiquer des espèces déjà bien implantées sur notre territoire ». Il est donc nécessaire d’agir rapidement dès leur introduction. Afin de limiter l’impact négatif des espèces envahissantes, le Gouvernement wallon a adopté un arrêté permettant d’opérationnaliser la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Quel éventail de mesures concrètes entreprenez-vous afin de lutter contre la prolifération des perruches en Wallonie, avant que le problème s’aggrave ? Qu’est-il mis en œuvre pour les ajouter, si pas à la liste des espèces exotiques envahissante, a minima à la liste des « espèces pouvant s’établir en Wallonie » ? N’est-ce pas aller à l’encontre des principes de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, et de vos propres propos, que d’attendre que la population soit significative pour intervenir ? En effet, plus on attend, plus le problème et les coûts associés pourraient être importants.
Réponse de Mme Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal. – Monsieur le Député, les espèces non indigènes qui constituent une menace pour la biodiversité font l’objet d’un règlement européen entré en application le 1er janvier 2015. Ce dernier impose aux États membres de mettre en place des mesures permettant de prévenir l’introduction et de limiter la propagation des espèces exotiques envahissantes figurant sur une liste d’espèces dites préoccupantes pour l’Union. La réglementation wallonne se base sur les principes de ce règlement et sur la liste adoptée au niveau européen. Plusieurs espèces d’oiseaux exotiques figurent dans cette liste. La perruche à collier a été proposée pour figurer sur la liste en question, mais n’a finalement pas été retenue étant donné que ses impacts sur la biodiversité sont relativement limités en Europe occidentale. Cette situation correspond au classement dans la liste d’observation du Forum belge sur les espèces invasives auquel vous faites référence. Elle est surtout présente dans les parcs urbains et les jardins, où elle est fréquemment nourrie par le public et se rencontre rarement dans les milieux naturels. Je confirme que l’espèce est en expansion en Wallonie ces dernières années et elle pourrait encore progresser en zone urbaine et périurbaine. Aucune compétition importante n’a toutefois été mise en évidence avec les oiseaux indigènes. Les principales nuisances qu’elle occasionne sont liées à ses cris stridents et à ses déjections. En dépit de cela, la perruche à collier jouit d’un important capital sympathie auprès du grand public. Vu son statut et son faible impact écologique, il n’y a pas de plan de gestion prévu pour cette espèce à l’échelle de la Région, l’administration concentrant son action sur les espèces plus préoccupantes. Afin de limiter l’expansion de cette espèce, il est néanmoins important de rappeler d’éviter leur nourrissage, notamment dans les parcs et jardins. Plus localement et complémentairement, l’utilisation de méthodes d’effarouchement peut rester une action intéressante. Le Département de la nature et des forêts reste disponible en cas de besoin pour répondre à des besoins plus locaux.
Réplique de N. Janssen. – Merci, Madame la Ministre, d’avoir rappelé à la fois le règlement européen et d’avoir précisé que la perruche n’entrait pas en compétition avec certaines espèces indigènes – nous avions lu le contraire – et qu’il aurait été préférable d’agir de la sorte. Certaines mesures en matière de prévention seraient envisageables, d’après des informations que nous avions lues : mener à la fois un recensement, une campagne de sensibilisation, le nourrissage – vous l’avez évoqué, ne serait-il pas opportun d’insister sur l’importance de cette option ? – et éventuellement maîtriser les différents arbres exotiques, comme le catalpa, qui sont favorables à la prolifération des perruches. Je ne manquerai pas de continuer à suivre cette question