QO 31/5/22 au Ministre Borsus: La prolifération des pucerons en Brabant wallon
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Résumé:
N. Janssen (MR). – Monsieur le Ministre, les pucerons pullulent en Wallonie avec une conséquence sanitaire néfaste pour une série de cultures. Je m’inquiète particulièrement de l’impact de cette prolifération en Wallonie et notamment en Brabant wallon. Même si les betteraves sont actuellement protégées par leur enrobage de néonicotinoïde, nous savons que cette solution n’est pas pérenne, eu égard à la volonté de l’Union européenne de ne plus autoriser ce produit et de ne pas accepter indéfiniment les demandes de dérogations des États membres. Monsieur le Ministre, que mettez-vous en place pour développer la recherche d’alternatives durables, efficientes et viables économiquement parlant pour nos agriculteurs à l’utilisation des néonicotinoïdes ?
M. Borsus, Ministre de l’Économie, de la Recherche et de l’Innovation et de l’Agriculture. – Monsieur le Député, vous avez raison, nous connaissons depuis ces dernières semaines une prolifération des pucerons dans toute la Wallonie. Les pièges à aspiration de notre centre de recherche – le CRA-W de Gembloux et de Libramont – destinés au monitoring des pucerons ailés ont enregistré des captures inédites qui dépassent les 1 000 pucerons par jour. Ces pullulations peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs concomitants : la température élevée, la colonisation tardive par les auxiliaires et un hiver globalement doux.
Au niveau de la betterave sucrière, les comptages de pucerons menés par l’IRBAB, l’Institut royal belge d’amélioration de la betterave, ont indiqué un dépassement du seuil de traitement, conduisant à l’application d’un traitement insecticide par voie foliaire pour les champs non traités aux néonicotinoïdes. Afin de trouver des alternatives crédibles à ces insecticides, plusieurs travaux de recherches sont en cours en Wallonie et à l’étranger.
Dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie, le projet Virobett, coordonné par le CRA-W, vise spécifiquement à comprendre la dynamique de propagation des virus de la jaunisse de la betterave sucrière pour améliorer la stratégie de lutte intégrée contre celle-ci. Ce programme a été lancé en 2022 avec la participation de l’IRBAB, avec lequel je me suis entretenu et qui était particulièrement satisfait de ce projet. Il a été lancé pour une durée de trois ans et repose sur trois axes:
- apporter une meilleure compréhension de la dynamique de propagation des pucerons par l’étude des plantes réservoirs de virus et de la phénologie des pucerons et des auxiliaires.
- apporter des solutions de contrôle de la jaunisse tant par l’utilisation de produits de biocontrôle que par la mise en place d’associations culturales ou d’utilisation de variétés tolérantes, résistantes aux virus.
- intégrer les différents leviers identifiés dans une stratégie de lutte intégrée au sein d’un certain nombre de fermes pilotes et évaluer l’efficacité de ceux-ci.
En attendant les résultats du projet Virobett et en respectant les principes de la lutte intégrée, plusieurs traitements insecticides autres que les néonicotinoïdes sont agréés en Belgique contre les pucerons de la betterave. Il faut également démontrer que ces usages sont efficaces et présentent un risque jugé acceptable, voire négligeable pour l’homme et pour l’environnement.
De manière globale, il est important de rappeler que les pucerons sont naturellement contrôlés par un cortège d’insectes utiles qu’il faut favoriser et préserver dans les agroécosystèmes. Dans cette optique, les traitements insecticides d’assurance doivent être proscrits et positionnés en se basant uniquement sur les avertissements. La recherche agronomique wallonne est mobilisée, elle est soutenue dans cette voie pour non seulement proposer des alternatives, mais aussi accompagner et conseiller au mieux les agriculteurs. Merci de rejoindre notre combat contre les pucerons.
=> L’intégralité de l’échange se trouve sous l’image.
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Compte-rendu intégral:
N. Janssen (MR). – Monsieur le Ministre, les pucerons pullulent en Wallonie avec une conséquence sanitaire néfaste pour une série de cultures. Ces pucerons sont à l’heure actuelle déjà présents dans les cultures de betteraves et dans certaines cultures maraîchères. Les pommes de terre pourraient être les prochaines victimes. Je m’inquiète particulièrement de l’impact de cette prolifération en Wallonie et notamment en Brabant wallon. Là, on retrouve une proportion importante de la surface agricole utile occupée par les cultures de betteraves et de pommes de terre. Même si les betteraves sont actuellement protégées par leur enrobage de néonicotinoïde, nous savons que cette solution n’est pas pérenne, eu égard à la volonté de l’Union européenne de ne plus autoriser ce produit et de ne pas accepter indéfiniment les demandes de dérogations des États membres comme la Belgique ou la France.
Monsieur le Ministre, que mettez-vous en place pour développer la recherche d’alternatives durables, efficientes et viables économiquement parlant pour nos agriculteurs à l’utilisation des néonicotinoïdes ? Comment envisager, au niveau de la recherche agricole, la lutte globale contre les pucerons ?
M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences. – Monsieur le Député, vous avez raison, nous connaissons depuis ces dernières semaines une prolifération des pucerons dans toute la Wallonie. Les pièges à aspiration de notre centre de recherche – le CRA-W de Gembloux et de Libramont – destinés au monitoring des pucerons ailés ont enregistré des captures inédites qui dépassent les 1 000 pucerons par jour avec des pointes de capture aux alentours des 2 000 pucerons par jour.
Parmi les espèces capturées, on retrouve majoritairement des pucerons inféodés aux arbres, mais également quelques pucerons vecteurs de virus pour différentes cultures, comme vous l’exprimez très justement. Un avertissement a d’ailleurs été émis spécifiquement pour les producteurs de plants de pommes de terre. La menace est effectivement bien là, malheureusement. Ces pullulations peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs concomitants : la température élevée, la colonisation tardive par les auxiliaires et un hiver globalement doux.
Au niveau de la betterave sucrière, les comptages de pucerons menés par l’IRBAB, l’Institut royal belge d’amélioration de la betterave, ont indiqué à plusieurs reprises le dépassement du seuil de traitement, conduisant à l’application d’un traitement insecticide par voie foliaire pour les champs non traités aux néonicotinoïdes. Afin de trouver des alternatives crédibles à ces insecticides appliqués en enrobage de semences, plusieurs travaux de recherches sont en cours en Wallonie et à l’étranger. Je soutiens et je m’intéresse de très près à ces travaux de recherche visant à déterminer des alternatives. On l’a bien vu en France : pas d’alternative égale ravage de la jaunisse égale plus de betteraves. Il faut dire les choses telles qu’elles sont.
Dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie, le projet Virobett, coordonné par le CRA-W, vise spécifiquement à comprendre la dynamique de propagation des virus de la jaunisse de la betterave sucrière pour améliorer la stratégie de lutte intégrée contre celle-ci. Ce programme a été lancé en 2022 avec la participation de l’IRBAB, avec lequel je me suis entretenu et qui était particulièrement satisfait de ce projet. Il a été lancé pour une durée de trois ans et repose sur trois axes. Le premier vise à apporter une meilleure compréhension de la dynamique de propagation des pucerons, des auxiliaires et des virus dans l’environnement par l’étude des plantes réservoirs de virus et de la phénologie des pucerons et des auxiliaires. Le deuxième axe a pour objectif d’apporter des solutions de contrôle de la jaunisse tant par l’utilisation de produits de biocontrôle que par la mise en place d’associations culturales ou d’utilisation de variétés tolérantes, résistantes aux virus. Enfin, le dernier axe vise à intégrer les différents leviers qui auront été identifiés dans une stratégie de lutte intégrée au sein d’un certain nombre de fermes pilotes et d’évaluer l’efficacité de ceux-ci.
En attendant les résultats du projet Virobett et en respectant les principes de la lutte intégrée, plusieurs traitements insecticides autres que les néonicotinoïdes sont agréés en Belgique contre les pucerons de la betterave. La mise sur le marché de nouveaux produits phytopharmaceutiques foliaires ou appliqués sur la semence dépend de la volonté des firmes phytopharmaceutiques de développer ces pesticides pour les usages insecticides en betterave. Il faut également démontrer que ces usages sont efficaces et présentent un risque jugé acceptable, voire négligeable pour l’homme et pour l’environnement au cours de la procédure d’approbation des substances actives au niveau européen et de la procédure d’autorisation des formulations au niveau fédéral. Ce sont des procédures extrêmement rigoureuses que Mme Laruelle connaît très bien.
De manière globale, il est important de rappeler que les pucerons sont naturellement contrôlés par un cortège d’insectes utiles qu’il faut favoriser et préserver dans les agroécosystèmes. Dans cette optique, les traitements insecticides d’assurance doivent être proscrits et positionnés en se basant uniquement sur les avertissements. Il apparaît toutefois clairement que, dans le contexte des évolutions climatiques que nous subissons, nous avons besoin de connaissances supplémentaires, tant sur la dynamique des pucerons que de leur régulation, afin de faire évoluer les systèmes d’avertissement ainsi que l’aménagement des agroécosystèmes. La recherche agronomique wallonne est mobilisée, elle est soutenue dans cette voie pour non seulement proposer des alternatives, mais aussi accompagner et conseiller au mieux les agriculteurs.
Vous voyez que derrière ces alliages scientifiques, on se croirait, en cette commission, dans un cours de science, mais il y a vraiment de grosses questions posées, elles touchent l’environnement, l’activité, l’économie, l’emploi, toute une filière dans notre Région et au-delà de nos régions. Merci de rejoindre notre combat contre les pucerons.
N. Janssen (MR). – Merci, Monsieur le Ministre, pour ce cours de sciences. Merci d’avoir rappelé les mesures constatées, les différents pics qui ont été constatés et puis évidemment les causes de cette prolifération et de nous avoir précisé ce qu’était le projet Virobett, comme vous l’avez fait. On se réjouit des résultats, on se réjouit de ce qu’il pourra apporter.
On a bien entendu également votre quête de cet équilibre tellement important de notre écosystème et des recherches, des connaissances supplémentaires que l’on souhaite développer. Je vous remercie d’avoir rappelé combien la recherche agronomique, en effet, était mobilisée sur ce sujet important.