QO 8/6/21 au Ministre Borsus: La chaîne de valeur du recyclage des batteries
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Résumé:
Le recyclage des batteries est une des chaînes de valeur de la stratégie Circular Wallonia. C’est un secteur d’avenir où il y a une certaine urgence et beaucoup reste à faire étant donné l’électrification du parc automobile. Ne manquons pas ce train du recyclage parce que non seulement nous achèterons les batteries neuves en Chine, mais en plus nous devrons les renvoyer sur place pour qu’elles y soient recyclées, ce qui serait très regrettable. Pour sa part, le Plan de relance de la Wallonie mentionne dans l’axe 1 un soutien à la recherche appliquée et à l’innovation technologique en général, recherche d’excellence, infrastructures de pointe et chaînes de valeur et, dans l’axe 3, le déploiement et la concrétisation du potentiel de l’économie circulaire. Pourriez-vous nous préciser dans quelle mesure le recyclage des batteries fait partie de ces chaînes de valeur ? Comment le Gouvernement wallon compte-t-il procéder à ce sujet ? Quelles sont les mesures stratégiques mises en place ?
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M. Borsus : Dans le contexte de la stratégie Circular Wallonia, nous développons non seulement une attention particulière, mais aussi des efforts pour consolider un certain nombre de filières circulaires, notamment dans le domaine des batteries. À travers le renforcement des pratiques circulaires innovantes dans le secteur des batteries, nous sommes au cœur des actions qui seront menées par la task force Métallurgie au sein de Circular Wallonia. Cette task force a débuté ses travaux et les actions entrent progressivement dans la phase de mise en œuvre. Le développement de la filière tel que je l’évoque s’appuie sur l’initiative Reverse Metallurgy. Il s’agit d’une plateforme wallonne d’excellence, industrielle, technologique et scientifique en recyclage des métaux dans une logique d’économie circulaire. D’autre part, en ce qui concerne le continuum entre la recherche, le développement, l’innovation et l’industrie, nous sommes spécialement attentifs à ce continuum dans le cadre de la stratégie de spécialisation intelligente, la S3, pour une meilleure politique d’innovation régionale qui confirme le soutien à cette filière depuis la recherche-développement, le recyclage ainsi que l’optimalisation de l’écoconception, le traitement des batteries au lithium et des perspectives qui pourraient vraiment se concrétiser de manière très opérationnelle sur notre territoire, notamment dans le cadre d’un des domaines d’innovation stratégique qui se trouve dans cette stratégie de spécialisation intelligente.
La Wallonie poursuit son positionnement sur des leviers européens sur la base de ses forces et de ses potentiels en s’appuyant sur la stratégie S3 au niveau wallon à travers une coordination étroite, notamment avec le Service public de Wallonie, les pôles de compétitivité, les clusters et le National Contact Point, qui est cette structure chargée d’accompagner les porteurs de projet pour qu’ils soient éligibles aux subventions européennes. La Wallonie est par ailleurs engagée dans un IPCEI, un projet important d’intérêt européen commun, relatif aux batteries. À travers ce projet global d’IPCEI, l’ambition de l’Union européenne est de devenir un leader stratégique de la fabrication, mais aussi de l’innovation des batteries. Notre participation à cette initiative permet de positionner les acteurs wallons sur cette chaîne de valeur pour les cellules de batteries en Europe, du traitement des matières premières au recyclage, en passant par la production de cellules pour les batteries. En Belgique, un appel à manifestation d’intérêt a été publié par les institutions fédérales en février 2019. Il a permis de sélectionner neuf entreprises, dont deux à Bruxelles, trois en Wallonie – Nanocyl, Prayon et Hydrometal – et quatre en Flandre, intéressées par le projet. Enfin, encore un autre exemple, la société Comet Traitements a rejoint le projet européen CROCoDILE et lui a apporté une technologie prédestinée à la base à l’aluminium, mais qui a été orientée afin de réduire considérablement le risque d’approvisionnement en cobalt pour les industries européennes en améliorant et en optimisant l’efficacité des processus d’exploitation des déchets locaux et de récupération de cobalt, sachant que chaque batterie de voiture électrique nécessite entre 10 et 20 kilos de cobalt, pas moins. Comme vous pouvez le constater, il y a pas mal d’initiatives qui sont fondées sur des écosystèmes wallons avec le soutien européen, l’intégration aussi de démarches européennes, avec l’appui de la recherche et de l’innovation.
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M. Janssen (MR). – Monsieur le Ministre, le recyclage des batteries est une des chaînes de valeur de la stratégie Circular Wallonia. C’est un secteur d’avenir où il y a une certaine urgence et beaucoup reste à faire étant donné l’électrification du parc automobile. Ne manquons pas ce train du recyclage parce que non seulement nous achèterons les batteries neuves en Chine, mais en plus nous devrons les renvoyer sur place pour qu’elles y soient recyclées, ce qui serait très regrettable.
Pour sa part, le Plan de relance de la Wallonie mentionne dans l’axe 1 un soutien à la recherche appliquée et à l’innovation technologique en général, recherche d’excellence, infrastructures de pointe et chaînes de valeur et, dans l’axe 3, le déploiement et la concrétisation du potentiel de l’économie circulaire. Pourriez-vous nous préciser dans quelle mesure le recyclage des batteries fait partie de ces chaînes de valeur ? Comment le Gouvernement wallon compte-t-il procéder à ce sujet ? Quelles sont les mesures stratégiques mises en place ? Plus généralement, êtes-vous confiant quant aux capacités de notre Région à être à la pointe ?M. Borsus, Ministre de l’Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences : Monsieur le Député, dans le contexte de la stratégie Circular Wallonia, nous développons non seulement une attention particulière, mais aussi des efforts pour consolider un certain nombre de filières circulaires, notamment dans le domaine des batteries. À travers le renforcement des pratiques circulaires innovantes dans le secteur des batteries, nous sommes au cœur des actions qui seront menées par la task force Métallurgie au sein de Circular Wallonia. Cette task force est coordonnée aujourd’hui par MecaTech, le pôle de compétitivité qui regroupe les acteurs clés et pionniers sur lesquels s’appuyer pour renforcer ou initier des projets, mais aussi identifier les mesures concrètes à développer, ainsi que les outils financiers, qu’ils soient privés ou mobilisation de moyens publics, nécessaires pour structurer ces filières. Cette task force a débuté ses travaux et les actions entrent progressivement dans la phase de mise en œuvre. Notons que l’on ne part pas de rien puisqu’un certain nombre d’entreprises ou d’acteurs établis sur le territoire wallon au cours de ces dernières années ont déjà entamé des initiatives, notamment pour extraire les batteries d’un certain nombre de véhicules, pour pouvoir développer des filières spécifiques, s’adresser dans des partenariats avec les marques, avec les importateurs, à ceux qui fournissent la matière première et pour commencer à structurer – à ce stade provisoire – et consolider les filières que j’ai évoquées.
Par ailleurs, pour compléter ces filières et les rendre plus robustes, depuis juin 2000, Watt4Ever est un consortium belge de cinq entreprises – dont une wallonne – qui réutilise des batteries usagées de voitures électriques et les reconditionne en capacité de stockage, afin de stocker des surplus de productions photovoltaïques ou éoliennes et contribuer à l’équilibrage du réseau. Voilà des techniques qui, si elles peuvent acquérir une certaine maturité et ampleur, sont évidemment potentiellement prometteuses. Par ailleurs, le développement de la filière tel que je l’évoque s’appuie sur l’initiative Reverse Metallurgy. Il s’agit d’une plateforme wallonne d’excellence, industrielle, technologique et scientifique en recyclage des métaux dans une logique d’économie circulaire. J’ai eu l’occasion de visiter un certain nombre de leurs projets de réalisation avec tout l’écosystème : université, centre de recherche, et cetera, de manière à pouvoir rendre vie et offrir de nouvelles perspectives d’utilisation des matériaux.
D’autre part, en ce qui concerne le continuum entre la recherche, le développement, l’innovation et l’industrie, nous sommes spécialement attentifs à ce continuum dans le cadre de la stratégie de spécialisation intelligente, la S3, pour une meilleure politique d’innovation régionale qui confirme le soutien à cette filière depuis la recherche-développement, le recyclage ainsi que l’optimalisation de l’écoconception, le traitement des batteries au lithium et des perspectives qui pourraient vraiment se concrétiser de manière très opérationnelle sur notre territoire, notamment dans le cadre d’un des domaines d’innovation stratégique qui se trouve dans cette stratégie de spécialisation intelligente. Ce domaine d’innovation stratégique est celui lié aux matériaux circulaires et aux solutions nouvelles pour la transition énergétique verte et l’habitat du futur.
La Wallonie poursuit son positionnement sur des leviers européens sur la base de ses forces et de ses potentiels en s’appuyant sur la stratégie S3 au niveau wallon à travers une coordination étroite, notamment avec le Service public de Wallonie, les pôles de compétitivité, les clusters et le National Contact Point, qui est cette structure chargée d’accompagner les porteurs de projet pour qu’ils soient éligibles aux subventions européennes. La Wallonie est par ailleurs engagée dans un IPCEI, un projet important d’intérêt européen commun, relatif aux batteries. On a intégré ce projet européen afin d’anticiper les investissements industriels, mais également de dé-risquer la croissance de la filière et de pouvoir y apporter des soutiens complémentaires. À travers ce projet global d’IPCEI, l’ambition de l’Union européenne est de devenir un leader stratégique de la fabrication, mais aussi de l’innovation des batteries. Notre participation à cette initiative permet de positionner les acteurs wallons sur cette chaîne de valeur pour les cellules de batteries en Europe, du traitement des matières premières au recyclage, en passant par la production de cellules pour les batteries. En Belgique, un appel à manifestation d’intérêt a été publié par les institutions fédérales en février 2019. Il a permis de sélectionner neuf entreprises, dont deux à Bruxelles, trois en Wallonie – Nanocyl, Prayon et Hydrometal – et quatre en Flandre, intéressées par le projet. Enfin, encore un autre exemple, la société Comet Traitements a rejoint le projet européen CROCoDILE et lui a apporté une technologie prédestinée à la base à l’aluminium, mais qui a été orientée afin de réduire considérablement le risque d’approvisionnement en cobalt pour les industries européennes en améliorant et en optimisant l’efficacité des processus d’exploitation des déchets locaux et de récupération de cobalt, sachant que chaque batterie de voiture électrique nécessite entre 10 et 20 kilos de cobalt, pas moins. J’ai été assez surpris par ce chiffre.
Comme vous pouvez le constater, il y a pas mal d’initiatives qui sont fondées sur des écosystèmes wallons avec le soutien européen, l’intégration aussi de démarches européennes, avec l’appui de la recherche et de l’innovation. Je pense que la ligne wallonne est mobilisée par rapport à cela et je pense que des perspectives très concrètes s’ouvrent à nous de façon très amplificative pour le futur.