QO à 29/9/22 à la Ministre Désir: Dispositifs pour un climat d’apprentissage positif à l’école maternelle
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Question (M. Nicolas Janssen). – L’année dernière, Madame la Ministre, vous annonciez vouloir insuffler une nouvelle dynamique à la politique de prévention du harcèlement dans les écoles. Vous en faisiez même une de vos priorités. Dans nos 100 recommandations sur la santé mentale, nous avions également souligné l’importance de cette politique de prévention. Les études au sujet du harcèlement sont nombreuses et s’accordent souvent à dire que le phénomène touche principalement les élèves âgés de 8 à 11 ans. Cependant, il est possible d’anticiper ces problèmes dès la petite enfance, en instaurant un climat d’apprentissage positif dès l’enseignement maternel et en renforçant rôle des enseignants qui doivent préparer les élèves à l’enseignement primaire. Le rôle des enseignants est fondamental dans le développement des enfants, et ce, dès que ceux-ci ont atteint l’âge de 3 ans et qu’ils entament leur parcours scolaire.
L’école maternelle est un maillon essentiel dans la construction individuelle et collective de l’enfant. En effet, il est primordial de créer un cadre d’apprentissage qui favorise le plaisir d’apprendre chez l’enfant. Cela passe par un environnement serein, empathique et respectueux. Les élèves doivent vivre et ressentir ces valeurs d’empathie et de respect dès le plus jeune âge à l’école.
À l’heure actuelle, de nombreuses politiques de sensibilisation et de prévention existent déjà, mais bien souvent elles sont développées dans les écoles primaires et secondaires et non en maternelle. Le référentiel des compétences initiales prévoit que «l’école maternelle doit (…) être un endroit où se construit un véritable vivre-ensemble harmonieux. Pour ce faire, elle doit être un environnement qui promeut une culture de tolérance, de respect mutuel et de bienveillance avant que les préjugés ne naissent». Cette culture de tolérance et de bienveillance est également soulignée par Bruno Humbeeck, qui plaide pour la mise en place de cours d’empathie dans les écoles, à l’instar de ce qui se fait au Danemark. J’ajouterai que ces cours devraient voir le jour dès l’école maternelle. Comme le disait entre autres Maria Montessori, «de 0 à 6 ans se forment non seulement l’intelligence, mais aussi l’ensemble des facultés psychiques».
La Déclaration de politique communautaire (DPC) indique que «le gouvernement veut renforcer les apprentissages de base (…) et permettre aux élèves d’acquérir le niveau des savoirs, savoir-faire et compétences dans un environnement bienveillant laissant place au plaisir d’apprendre». Il souhaite également «soutenir l’enseignement maternel en prévoyant un encadrement adéquat (…)». Dans ce contexte, qu’est-il prévu dans l’enseignement maternel pour développer et soutenir l’organisation de classes, pratiques ou activités visant à créer un climat serein et empathique pour et avec les jeunes élèves? Quelles mesures préventives à destination des classes maternelles sont-elles prévues dans le nouveau dispositif de lutte contre le harcèlement?Réponse (Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation) – Plusieurs mesures sont mises en œuvre afin de faire de l’école maternelle un endroit où se construit un véritable vivre ensemble harmonieux. À cet égard, je mets en exergue les avancées du Pacte pour un enseignement d’excellence. En effet, dès 2019, un investissement de plus de 50 millions d’euros a été réalisé pour permettre l’engagement de plus de 900 équivalents temps plein (ETP). Cela a permis de réduire la taille des classes de manière significative. En outre, plusieurs nouveaux postes de puériculteurs et psychomotriciens ont été créés dans les écoles et le cadre des centres PMS a été élargi de plusieurs postes de logopèdes. Désormais, l’école maternelle bénéficie de l’énergie d’équipes pluridisciplinaires. Le travail se poursuit aujourd’hui pour améliorer le statut des puériculteurs.
S’agissant des éléments qui participent à la fois d’une amélioration du climat scolaire et d’un contexte d’apprentissage renforcé, je citerai le référentiel des compétences initiales pour l’école maternelle qui consacre une place importante à la qualité des relations et à l’apprentissage au respect de l’autre. Cela se traduit notamment par l’apprentissage, l’identification et l’expression des émotions ou encore par l’éveil aux langues qui invitent à découvrir très tôt la richesse de la diversité des cultures.
Par ailleurs, un projet en partenariat avec la Fondation Roi Baudoin (FRB) permettra aux formateurs et à l’Institut interréseaux de la formation professionnelle continue (IFPC) de sensibiliser et former les enseignants maternels à l’accueil de tous les élèves, en particulier ceux qui sont les plus éloignés de la culture scolaire. L’objectif de la formation est de donner les moyens aux équipes pédagogiques pour adapter leur façon de s’adresser aux enfants et de désamorcer des situations de mal-être qui s’expriment le plus souvent dans la violence ou la frustration. Un autre objectif est de diminuer les perturbations dans le climat de la classe.
L’obligation scolaire à partir de l’âge de cinq ans concourt à faire de l’école un lieu plus inclusif, en permettant aux élèves de se familiariser au cadre scolaire, de développer leur sociabilité et leur apprentissage à la vie en collectivité avant leur entrée à l’école primaire.M. Nicolas Janssen (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie d’avoir rappelé l’ensemble de ces éléments. Je les trouve particulièrement instructifs: les avancées du Pacte, le statut du puériculteur et les mesures du référentiel pour l’école maternelle. Les exemples cités, comme l’apprentissage des émotions ou des langues, sont particulièrement pertinents. Les tout-petits ont vraiment besoin d’exemples pour s’épanouir. En mettant en œuvre ces mesures, nous leur donnons les meilleurs exemples. Je continuerai à suivre ce dossier et à analyser les changements concrets apportés dans les écoles