QOs 11/03/24 au Ministre Henry : La réduction de l’éclairage public sur les autoroutes/ La modernisation de l’éclairage autoroutier wallon
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Question (Nicolas Janssen). – Monsieur le Ministre, il ressort de vos précédentes déclarations de novembre dernier que l’extinction complète de l’éclairage sur les autoroutes, une fois tous les luminaires équipés de LED, permettrait une économie d’énergie estimée à environ 2 700 mégawattheures par an. Soulignons toutefois que cette économie est minime par rapport au coût global du partenariat public-privé d’éclairage public de la SOFICO évalué à 600 millions sur 20 ans. En réalité, l’économie annuelle associée à cette extinction exclusivement autoroutière s’élèverait à seulement environ 405 000 euros, représentant à peine 1,35 % de la facture annuelle du PPP de l’éclairage public. Du point de vue des usagers, cette réduction d’éclairage peut être perçue comme une mesure compromettant le confort et la sécurité sur les autoroutes, en particulier au regard de l’objectif essentiel de zéro décès sur la route. En effet, la visibilité sur les routes joue un rôle central dans la prévention des accidents. C’est pourquoi la question de l’éclairage public sur nos autoroutes revêt une telle importance. De plus, la réduction de l’éclairage combinée à des conditions météorologiques défavorables augmente considérablement le risque d’accident, mettant ainsi en péril la vie des usagers. En outre, grâce aux progrès réalisés dans la modernisation de notre éclairage, les gains économiques associés à cette réduction deviennent de plus en plus minimes. Il est évident que la diminution de l’éclairage public accroît le risque d’accident et renforce les sentiments d’insécurité, en particulier chez les personnes âgées. Il est même rapporté que le SPW Mobilité et Infrastructures envisage de revenir sur cette extinction, reconnaissant ainsi les dangers potentiels associés à cette mesure. Notons aussi que la majeure partie de cette économie électrique est supportée par les transporteurs routiers qui utilisent principalement les autoroutes et contribuent à plus de 70 % des charges associées à l’éclairage. En parallèle, alors que le projet de modernisation de l’éclairage autoroutier wallon est en cours, une question importante se pose : avons-nous des informations suffisantes pour évaluer si le contrat est respecté ou non ? La mobilisation d’un budget considérable et la priorité accordée au remplacement de l’éclairage, bien que nécessaire, pourraient également détourner l’attention de la SOFICO d’autres tâches tout aussi primordiales telles que l’entretien et le remplacement des infrastructures et potences. Alors que des efforts considérables sont déployés pour remplacer les anciennes lampes par des luminaires LED le long des autoroutes du sud du pays pour un investissement global de 600 millions d’euros sur 20 ans, il est essentiel de veiller à ce que cette transition ne compromette pas d’autres aspects tout aussi essentiels de la gestion des infrastructures routières. En effet, si le remplacement des lampes est une avancée notable en termes d’efficacité énergétique et de réduction des coûts à long terme, il est tout aussi important de garantir que cette transition se déroule conformément aux termes du contrat établi. Cela implique une surveillance rigoureuse de l’avancement des travaux, de la qualité des installations ainsi que du respect des délais et des normes convenus. Dès lors, quelle est pour vous, Monsieur le Ministre, l’opinion du contribuable wallon concernant l’éclairage des autoroutes étant donné le coût de 0,11 euro par an et par citoyen wallon ? Ne serait-il pas préférable que les autoroutes soient éclairées et réduites en luminosité, comme c’est le cas pour les routes nationales et les zones Natura 2000, en sachant que le dimming programmé était déjà utilisé à la suite du plan Lumière 4.0 ? Vous mentionnez également l’absence d’impact significatif de cette mesure sur l’accidentologie. Est-il justifié de prendre un tel risque avec une contribution de seulement 0,11 euro par an et par citoyen compte tenu de l’objectif louable du zéro décès sur les routes ? Par ailleurs, est-il prévu de réaliser un audit externe afin d’évaluer la mise en œuvre et les résultats du partenariat public privé engagé pour le remplacement de l’éclairage autoroutier ? Enfin, en ce début d’année 2024, où en est le processus de transformation prévu et comment le Gouvernement compte-t-il assurer une gestion équilibrée et efficace des ressources allouées à la modernisation de l’éclairage autoroutier, tout en veillant à ce que d’autres besoins essentiels en matière d’infrastructures routières ne soient pas négligés ?
M. Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie, de la Mobilité et des Infrastructures. – Monsieur le Député, merci pour ces questions qui portent toutes les deux sur l’éclairage autoroutier, mais qui impliquent par contre deux problématiques bien distinctes. Tout d’abord, vous m’interrogez en quelque sorte sur le bien-fondé de la mesure de l’extinction de l’éclairage public sur les autoroutes, en comparant son impact financier à la contribution annuelle de la SOFICO à LuWa. Il me semble que cette analyse est un raccourci un peu réducteur. C’est oublier en quelque sorte l’impact de cette mesure en termes d’émissions de gaz à effet de serre ou de protection de la biodiversité. C’est également oublier le rôle exemplaire que doivent jouer les autorités publiques en termes de consommation d’énergie. Je vous rappelle que le plan Lumière, lancé en 2019 sur le réseau structurant des voiries régionales, a déjà pour objectif 76 % d’économies d’énergie hors mesures supplémentaires d’extinction. En 2022, confronté à la crise énergétique, le Gouvernement wallon a décidé d’envisager des modalités d’extinction de l’éclairage des voiries régionales. En septembre 2022, la Région a donc procédé à l’extinction de la berme centrale des autoroutes de 22 heures à 5 heures, tout en maintenant un éclairage sur les échangeurs. En décembre de cette même année, une diminution de l’intensité sur les routes régionales a été programmée de 22 heures à 5 heures également, ajustant l’intensité à 30 % de la maximale, tout en respectant les normes d’éclairage. Notons que sur l’autoroute, l’éclairage est rétabli dans certaines situations comme les chantiers ou les accidents. Mon administration a réalisé, en concertation avec la police et l’Agence wallonne de sécurité routière, un rapport d’évaluation de l’extinction de l’éclairage en berme centrale des autoroutes wallonnes en janvier puis en juin de l’année dernière. Dans son dernier rapport, mon administration signalait que les informations au niveau de l’accidentologie ne montrent pas d’impact significatif de cette mesure. Il n’y a donc, selon moi, pas de nécessité de la revoir. Concernant l’évaluation du partenariat public-privé Luwa, objet de votre seconde question, je vous rappelle que le contrat conclu en 2019 se compose de deux phases principales : la période de maintenance qui a débuté en février 2019 et qui se poursuit pendant 20 ans, et la période de modernisation qui devait, suite aux conséquences covid et guerre en Ukraine, se terminer en septembre 2023. Suite à différents éléments de complexité de la technologie et de mise à disposition du domaine, la période de fin de modernisation a été reportée à la fin de ce mois de mars. L’administration analyse actuellement l’ensemble des informations reçues à ce sujet. Une fois cette étape de modernisation terminée, il me semble effectivement utile de s’inscrire dans une démarche d’analyse a posteriori de ce contrat afin d’obtenir une évaluation objective pour évaluer le bénéfice citoyen, l’impact sur les finances publiques et les retombées sur le tissu socio-économique de la Région. À ce stade, il semble que la SOFICO, fin 2023, avait déboursé 5 millions de moins par rapport aux prévisions initiales. C’est ici un effet positif de ces contrats à performance qui ne rétribuent le prestataire qu’en fonction d’objectifs et de performance atteints. Au cours des cinq ans de ce contrat, l’administration a en effet constaté des retards d’exécution et des manquements aux performances attendues, avec comme conséquence une diminution de la contribution de la SOFICO. L’autre avantage de ce PPP est que la SOFICO peut planifier pour les 20 prochaines années sa contribution sans mauvaises surprises qui pourraient faire déraper le budget de l’éclairage au détriment des autres actions importantes pour le réseau routier. Cette situation autorise donc l’autorité à se concentrer sur les autres activités sans nécessairement perdre une force d’investissement dans les autres domaines de son cœur de métier.
Réplique de N. Janssen. – Je me limiterai à remercier M. le Ministre pour l’ensemble de ses réponses.