QU 13/12/23 au Ministre Henry : Les impacts des accords de la COP28 sur la transition énergétique en Wallonie
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Question (Nicolas Janssen). – Monsieur le Ministre, selon certains, il s’agit d’un accord historique et inédit, et d’autres disent, par contre, qu’il est clairement insuffisant. Au-delà du débat de sémantique, la question importante à poser est : sommes-nous prêts à réussir cette transition et êtes-vous confiant ? Les feuilles de route sont-elles là ? Concernant la partie de la production de l’énergie – beaucoup ont plaidé pour le nucléaire –, notamment les SMR, à Dubaï, les avons-nous suffisamment intégrés dans notre feuille de route et dans le mix énergétique que nous devons prévoir ? Par ailleurs, concernant la dimension industrielle, on parle beaucoup d’exemples, tels que Holcim ou Cockerill, mais on en a besoin de toute une série. Il s’agit d’un réel basculement industriel qui doit émerger. La Wallonie est-elle prête ? Avons-nous fait le nécessaire pour que nous puissions aller dans le sens de cette transition, la réussir et surtout créer les emplois et la valeur partagée qui le permettront ?
M. Henry, Ministre du Climat, de l’Énergie, de la Mobilité et des Infrastructures. – S’agit-il d’un résultat historique ? Oui, objectivement, certains éléments sont historiques dans le sens où ils sont attendus depuis très longtemps. Il est évoqué très clairement une transition de sortie – une sorte de phasing out – des combustibles fossiles, mais il n’y a pas encore de plan d’action qui est y est relié. Cela fonctionne de manière très progressive et lente à l’échelle internationale. On connaît cela depuis très longtemps. De ce point de vue, est-ce insuffisant ? Oui, c’est très insuffisant face aux échéances qui sont face à nous, face à l’urgence. Toutes ces réalités coexistent. C’est tout de même intéressant qu’il y ait eu plusieurs éléments positifs et nouveaux qui ont été obtenus sur le fossile. Cela signifie que dans les prochaines années, dans le travail de continuation d’une COP à l’autre, il y aura la nécessité d’élaborer des trajectoires et des plans d’action plus précis puisque ce que l’on évoque ici est simplement le principe de sortie et l’échéance de la neutralité carbone d’ici 2050. Il reste beaucoup de travail pour concrétiser tout cela. La COP a également été l’occasion de travailler sur le Global Stock Change qui est le bilan mondial prévu depuis l’Accord de Paris. Il s’agit d’une étape importante. Par contre, les constats sont partagés sur les plans d’action, il n’y a pas de consensus très forts et il y a encore du travail. Certains pays souhaitaient aller plus loin bien entendu, mais il faut prendre ce qui est positif, car ce sont des étapes positives, mais nous devons poursuivre le travail chez nous. Monsieur Janssen, vous nous demandiez si nous étions prêts ; nous sommes largement au-delà dans nos propres objectifs européens et dans notre plan d’action wallon, avec ce qui est pour l’instant décidé au niveau mondial. À cet égard, nous allons continuer notre travail et nous allons mettre en œuvre ce que nous souhaitons faire, mais nous devons aussi continuer toutes les initiatives de négociation internationale, de facilitation du dialogue, parce qu’il reste un travail très important pour les prochaines années. Il a aussi été convenu – c’est un des autres éléments positifs – le triplement de la production d’énergies renouvelables d’ici 2030. D’une manière plus globale, cela a aussi fait le lien avec beaucoup de solutions technologiques autour de cette production d’énergies renouvelables, ce qui est une bonne chose. Cependant, il ne suffira pas de travailler sur le volet technologique ; il faut aussi travailler sur les changements de comportements, sur la sobriété, sur l’efficacité énergétique. Cet élément est un peu moins présent, mais de nouveau, il convient de prendre ce qui est positif. Je vais évoquer un dernier volet concernant le Loss and Damage, soit les pertes et profits dans les pays qui sont très concernés par des catastrophes climatiques. Rappelez-vous que la Wallonie avait été en pointe à la COP de Glasgow et par la suite, l’année dernière déjà, il y avait des évolutions à Charm el-Cheikh. Cette année, des annonces très positives ont été faites sur ce plan en tout début de conférence. C’est une bonne nouvelle aussi. Il faut prendre les bonnes nouvelles pour ce qu’elles sont et il faut mesurer tout le chemin qu’il reste à accomplir. Nous continuerons d’y travailler à notre niveau.
Réplique de N. Janssen. – Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour votre réponse. Sommes-nous prêts pour ce basculement ? Vu les enjeux et l’importance de la transformation voulue, on a besoin d’une stratégie industrielle suffisamment forte. L’industrie a besoin de messages très clairs, notamment sur le plan énergétique, comme elle le réclame régulièrement : elle a besoin de feuilles de route plus précises qui permettront de réussir pleinement la transition et qui permettront de l’anticiper, d’en être les pionniers et de créer la valeur partagée et les emplois que nous souhaitons tous.