4. Favoriser l’orientation positive et lutter contre le décrochage scolaire et le redoublement
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« L’enjeu n’est plus tant de perpétuer un savoir figé mais bien de former des êtres humains à affronter un avenir complexe qui sera différent du présent » (Hertig & Varcher, 2004)
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Les faiblesses de notre enseignement portent sur les acquis et sur l’équité du système. Or, une des meilleures manières d’y remédier, n’est-ce pas d’aider les jeunes à découvrir leurs talents et leurs compétences, afin de leur donner confiance en eux et en leur capacité ? Leur donner envie d’apprendre et leur permettre de trouver leur voie. Aider le jeune à s’orienter est une des meilleures manières de lutter contre le décrochage scolaire, contre le découragement, contre la démotivation, et finalement contre le redoublement.
Si le redoublement ne disparaît pas tout à fait dans le Pacte pour un enseignement d’Excellence, il est rendu exceptionnel. Nous voulons accompagner l’élève dès ses premiers pas à l’école et ce, tout le long de son parcours scolaire, afin de travailler sur les difficultés en amont.
Le redoublement fut trop longtemps considéré dans notre système éducatif comme une méthode pédagogique. Or, comme le soulignait récemment Ariane Baye au CESE, le redoublement et la relégation sont deux réponses structurelles lourdes et souvent inefficaces, qui ont été ancrées dans notre système d’enseignement en réponse à une difficulté constatée chez l’élève. Ces réponses contribuent à la conception “fixiste” de l’intelligence, révélée récemment par PISA. Développons au contraire une vision plus positive, orientée sur les possibles, comme dans les pays anglo-saxons (remédiation, encouragements, etc.).
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Constats :
- Actuellement, l’âge de l’obligation scolaire est fixé à 5 ans. La grande majorité des enfants va déjà à l’école à 3 ans, mais les exceptions restent nombreuses: le taux d’inscription à cet âge est de 96,6% en Wallonie et 85,5% à Bruxelles. L’abaisser à 3 ans permettra de lutter contre le décrochage scolaire ;
- Aujourd’hui, trop d’étudiants font un choix insuffisamment éclairé à la fin de leurs études secondaires, ce qui explique en partie le taux d’échec extrêmement élevé en 1e bac et au-delà. En effet, le taux d’échec en Bac 1 avoisine les 60 % tandis que le taux de Neets (Jeunes de 18-24 ans ni à l’emploi, ni en enseignement, ni en formation) atteint 12% en Wallonie et 13% en Région de Bruxelles Capitale ;
- Non seulement ces jeunes perdent un temps précieux, mais cela impacte aussi leur motivation et leur estime de soi, ce qui conduit souvent à un réel décrochage, sans aider à donner une vue claire sur leurs compétences ou aspirations.
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Propositions :
- La scolarité dès trois ans favorise le développement langagier et des apprentissages, surtout chez les enfants qui ne parlent pas français à la maison ;
- La mise en place d’outils d’orientation. Cela commence dès le plus jeune âge par des jeux de rôle, des activités ludiques de connaissance de soi ;
- Ces activités orientantes doivent aller crescendo en début de secondaire, avec, au-delà des tests de personnalité, de profil, une sensibilisation aux métiers, à l’emploi, à l’esprit d’entreprendre et des activités de découverte des différents métiers ;
- En dernière année du tronc commun, nous sommes favorables à un stage d’observation et d’orientation en entreprise ou en association, d’une période de 5 jours, dans le but de donner à l’élève l’occasion de découvrir le monde du travail, de partager le quotidien de professionnels de différents secteurs et d’ainsi bénéficier d’une expérience concrète qui lui permette de préciser son projet d’orientation ;
- Mettre en place une évaluation des apprentissages en fin de 3e, 6e primaires, 3e et 6e secondaires avec un seuil de réussite rehaussé à 60%, et à l’instauration d’un test d’orientation obligatoire en fin de secondaire afin de mieux accompagner les jeunes dans leur choix d’études ou de carrière ;
- Un accompagnement personnalisé durant le temps scolaire, proposer un encadrement spécifique en dehors des heures de cours de la grille horaire permettrait aux élèves de recevoir un accompagnement assuré par des enseignants pour les devoirs, les leçons ou toute remise à niveau supplémentaire ;
- Faciliter et encourager les activités parascolaires : des activités éducatives, sportives ou culturelles favorisent l’accrochage scolaire ;
- Encourager la « métacognition » (comment est-ce que l’élève apprend, où trouve-t-il sa motivation, qu’est-ce qui lui donne l’envie et le plaisir de s’instruire, etc.) en mettant en place des espaces-temps pour discuter avec les élèves de leur méthode d’apprentissage ;
- Lutter contre la culture de l’échec : pour apprendre, il est normal de faire des erreurs. Un bébé qui apprend à marcher, tombera environ 7000 fois avant d’y arriver totalement. Mais en Belgique, on n’a pas cette culture d’être vainqueur de ses propres échecs. Si l’enseignant croit dans les capacités de son élève et l’encourage, ce dernier aura plus de chances d’obtenir de bonnes notes. Les mots, les jugements, les intentions ont un impact fort: ils influencent les comportements de l’enfant. Pour aider ses élèves à réussir, croyons dans leur potentiel. Il y a tant de formes d’intelligence : nous avons tous des talents cachés !
Questions parlementaires
- QO 17/10/23 à la Ministre Désir : Évaluation, pédagogie différenciée et apprentissage coopératif dans les établissements scolaires
- QO 03/10/23 à la Ministre Désir : Objectif de sensibilisation des jeunes à l’esprit d’entreprendre
- QO 03/10/23 à la Ministre Désir : Réforme des jurys
- QO 12/09/23 au Ministre Borsus : l’objectif annuel de sensibilisation de 100 000 jeunes à l’esprit d’entreprendre par le dispositif « Générations entreprenantes »
- QO 18/07/23 à la Ministre Désir : Taux de redoublement en fin de parcours scolaire
- QO 04/07/23 à la Ministre Désir : Disparition du premier degré différencié dans le nouveau tronc commun
- QO 28/03/23 à la Ministre Désir : État des lieux de la réforme des jurys
- QO 07/02/23 à la Ministre Désir : Lutte contre le décrochage scolaire : quelle articulation avec les Régions ?
- QO 10/01/23 à la Ministre Désir: Stages en entreprise dans l’enseignement secondaire
- QO 14/11/22 à la Ministre Désir: Écoles du tronc commun
- QO à 29/9/22 à la Ministre Désir: Dispositifs pour un climat d’apprentissage positif à l’école maternelle
- QO 10/5/22 à Mme Glatigny: Attractivité des filières scientifiques, technologiques et numériques dans l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles
- QO 17/3/22 à Mme Désir: Sens et coût du redoublement
- QO 22/2/22 à la Ministre Désir: Accompagnement des parents pour le suivi scolaire de leurs enfants
- QO 22/2/22 à la Ministre Désir: Prise en charge des cas de refus scolaire anxieux
- Q0 14/12/21 à Mme Désir: Développement d’actions menées par les jeunes afin de lutter contre l’absentéisme dans les écoles
- QO 16/11/21 à la Ministre Désir Priorités dans le cadre de la réforme de l’organisation des jurys
- QO 15/9/21 à Mme Désir: Modification des dates d’examens pour les élèves du Jury