8. Favoriser une agriculture décarbonée et propice à l’émergence de la biodiversité ; promouvoir une alimentation saine et de qualité
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L’agriculture remplit une multitude de services écosystémiques, incluant une composante multidimensionnelle évidente. En effet, à titre d’exemples, une terre dont l’apport en intrants est réduit favorise le bon état de nos nappes phréatiques et donc de l’eau de qualité; des haies plantées à proximité des cultures favorisent la biodiversité et le stockage de carbone; un sol sain donne une alimentation saine; le monde agricole remplit aussi un rôle important en ce qui concerne la conservation et l’entretien du paysage.
Actuellement, selon certaines sources, c’est près de 2000 ha de terres agricoles qui sont perdues chaque année en Wallonie. Préserver notre capital terre, c’est garantir à la fois notre capacité de production, le maintien de la biodiversité, assurer la perméabilité des sols, lutter contre le réchauffement climatique…
Les protagonistes du monde agricole ont besoin d’être revalorisés socialement et économiquement. La tendance récente à “l’agri-bashing” en a fait le maillon faible d’une chaîne de valeur à visée souvent productiviste et industrielle.
Sur les 40 dernières années, on constate que le prix des intrants a augmenté de 3% en moyenne, alors que le prix des produits agricoles a augmenté en moyenne d’1%. Comment y répondre, alors qu’on imagine les tensions financières que cela suscite chez les agriculteurs ? Une réponse est à mon sens de permettre aux producteurs d’aller plus loin dans la chaîne de valeur, de leur permettre de participer au développement de produits plus finis. Plus concrètement ? Pensons aux filières que l’on pourrait créer ou recréer en Wallonie : chanvre, céréales panifiables, protéines végétales, lin, bois, laine, textile… Le chiffre suivant est frappant : seuls 9% du grain belge sont destinés à la boulangerie ! N’est-ce pas là aussi que commencent les circuits courts ?
Le monde agricole doit-il dès lors choisir entre rendement et environnement ? Est-ce l’un ou l’autre ? Les études sont nombreuses sur le sujet. La FAO (Nations Unies) avançait en 2014 que l’agriculture bio connaît une moins grande fluctuation des rendements et garantit une production plus constante. Mais par ailleurs, que vise-t-on: la production à court, moyen ou long terme ?
A ces problématiques liées aux tensions financières et productives que rencontrent nos agriculteurs s’ajoutent les incertitudes environnementales et climatiques. Il faut reconnaître qu’une série de bio-indicateurs sont préoccupants comme l’érosion des sols, la perte de matières organiques et la compaction des sols. Au niveau biodiversité, on constate une baisse importante des populations d’insectes, de la petite faune ou de l’avifaune.
Ma conviction à ce sujet est qu’il faut promouvoir une agriculture pérenne, sur le long terme. Si on privilégie le vivant, on est gagnant. Mais cela suppose de bien se faire conseiller, aider, accompagner. Et en agriculture comme ailleurs, les résistances au changement sont là. Il est donc essentiel d’encourager les pratiques agricoles durables et la gestion des forêts. En adoptant des méthodes agricoles respectueuses de l’environnement, telles que l’agriculture biologique, la permaculture et l’agroforesterie, nous pouvons réduire les émissions de gaz à effet de serre, préserver les sols et les ressources en eau, et protéger la biodiversité. En parallèle, il est tout aussi important de restaurer le patrimoine foncier agricole et l’accès à celui-ci aux jeunes agriculteurs. La protection et la préservation des terres agricoles permettent de garantir l’accès à des ressources alimentaires locales et de qualité, ainsi que de maintenir des écosystèmes sains et productifs. De plus, une gestion forestière responsable permet de préserver les écosystèmes forestiers et de contribuer à la séquestration du carbone.
En parallèle, il est nécessaire de promouvoir une consommation responsable. Cela implique de réduire les déchets alimentaires et le gaspillage, en encourageant des pratiques telles que le compostage et l’utilisation de portions adaptées. De plus, il est important d’adopter un mode de vie plus durable, en privilégiant l’achat de produits locaux et durables, en limitant la consommation de viande, en favorisant une alimentation basée sur les plantes et en préservant la biodiversité alimentaire.
La promotion des circuits courts est également essentielle. En encourageant les produits locaux, en soutenant les producteurs locaux et en développant des réseaux de distribution courts, nous réduisons les émissions liées au transport des aliments, soutenons l’économie locale et renforçons les liens entre les producteurs et les consommateurs. Cela peut être réalisé grâce à la sensibilisation des restaurateurs et des entreprises, à l’appui aux infrastructures de transformation locale et à la collaboration entre les acteurs locaux. Les politiques publiques favorables aux circuits courts peuvent également jouer un rôle clé dans cette transition.
Questions parlementaires
- QO 16/09/24 à la Ministre Dalcq : l’agrivoltaïsme
- QO 06/02/24 à la Ministre Tellier : La dénonciation par les agriculteurs de l’absence d’adaptation des mesures environnementales par rapport à la réalité
- QO 21/03/23 au Ministre Borsus : L’accès au foncier pour les jeunes agriculteurs
- QE 01/03/23 à la Ministre Tellier : la nécessité d’une réponse durable à la demande croissante de produits de la mer
- QO 10/01/23 à la Ministre Désir: Alimentation saine dans les cantines
- QE 04/01/23 à la Ministre Tellier: l’implémentation de l’accord « zéro déforestation » de l’Union européenne dans la politique wallonne d’éducation à l’environnement
- QO 08/11/22 à la Ministre Tellier : Les résultats du Plan Bee mené par le Département de la Nature et des Forêts (DNF)
- QE 20/7/22 à Mme Tellier: Le projet TERRAE
- QE 7/7/22 au Ministre Borsus: Les données comparatives des rendements agricoles
- QO 31/05/2022 à la Ministre Tellier : « La stratégie de réduction des pesticides et la position belge au conseil européen »
- QE 30/5/22 au Ministre Borsus: Le secteur apicole wallon
- QE 13/5/22 au Ministre Borsus: Le chanvre wallon et sa valorisation pour des produits de bien-être
- QO 10/5/22 à Mme Désir: « Appel à projets relatif à une alimentation saine dans les cantines (suite)»
- QO 19/04/22 à la Ministre Tellier: Les cantines durables et la coordination politique concernant l’alimentation saine
- QO 15/02/2022 au Ministre Borsus: La filière wallonne des protéines végétales
- QO 15/02/2022 à Mme Tellier: Le plan Wallon de réduction de pesticides 2023-2027
- QE 11/02/22 à la Ministre Tellier: Le green deal cantines durables et le choix végétarien
- QE 11/2/22 au Ministre Borsus: Les élevages bovins et ovins en Wallonie
- QO 8/2/22 à Mme Désir: «Appels à projets promouvant l’alimentation durable dans les écoles et pérennité des aides la concernant»
- QE 28/1/22 à Mme Tellier: Les bénéfices tirés de l’action et du rôle du Collège wallon de l’alimentation durable (CwAD) pour le système agro-alimentaire wallon
- QO 22/06/21 à la Ministre Tellier: Les moyens alloués aux asbl éduquant à l’environnement et à l’alimentation durable
- QE au Ministre Borsus 27/5/21: Les incitants destinés aux agriculteurs pour investir dans la transition
- QE 27/04/21 à la Ministre Tellier: Le « Green deal » cantines durables et le choix végétarien dans les cantines
- QO 02/03/21 à M. Borsus : La filière wallonne de protéines végétales