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« Il n'y a pas aujourd'hui de santé, de bien-être ni de socialité équilibrée sans santé mentale » (Alain Ehrenberg)
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S’il fallait lister les « bienfaits », les leçons apprises de la crise sanitaire qui a débuté il y a 4 ans, à quoi penseriez-vous ? A la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous pourrions souligner la mise en lumière des enjeux de bien-être et de santé mentale.
La crise sanitaire avait mis en évidence le mal-être d’un nombre conséquent de jeunes dans notre société indépendamment de cet épisode pandémique. Au printemps 2021, sur demande du MR, le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, s’est penché sur cette question cruciale. En janvier 2022, au terme de 6 mois d’auditions, plus de 100 recommandations sur le bien-être et la santé mentale des jeunes ont été adoptées à l’unanimité au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, parmi lesquelles la lutte contre le (cyber-)harcèlement.
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Constats :
- La fin de la pandémie ne signifiait pas la fin des enjeux de santé mentale, au contraire: “On remarque une aggravation importante chez les jeunes qui présentaient déjà de l’anxiété ou d’autres vulnérabilités” (Fabienne Glowacz, Pr. à l’ULiège) ;
- La survenue et la persistance des problèmes de santé mentale sont multifactorielles. Elles traduisent des facteurs de risque spécifiques à l’individu (génétique, situation personnelle) ainsi que des facteurs collectifs (crises, guerres…). A ceux-ci viennent s’ajouter des éléments de fragilité, tels que l’exposition excessive aux écrans, l’hyperconnexion digitale, les réseaux sociaux ou le manque de sommeil menant à une perte de sens ;
- Les chiffres récents relatifs aux 12-18 ans sont inquiétants : pour Sciensano, un enfant sur trois déclare souffrir de troubles anxieux ou de dépression. Un enfant sur dix déclare avoir déjà pensé au suicide ;
- Entre 2018 et 2022, on constate pour cette tranche d’âge une augmentation de 60 % de la prise d’antidépresseurs ;
- Plus d’un élève sur trois est concerné par des faits de harcèlement entre la 6e primaire et le 3e secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) ;
- Selon les études KiVa, 85 % des cas de harcèlement cessent lorsque les élèves « témoins » réagissent ! La majorité souvent silencieuse ou spectatrice peut faire basculer le rapport de force entre harceleur et harcelé ;
- Selon une étude récente du Segec, 80% des directions interrogées ne se sentent pas suffisamment aidées, notamment dans la gestion de leurs élèves ;
- Des solutions sont mises en place. En avril 2023, la FWB a approuvé un décret relatif à l’amélioration du climat scolaire et la prévention du (cyber-)harcèlement à l’école. Les écoles peuvent désormais s’inscrire dans ce programme-cadre et bénéficier d’un accompagnement pendant 4 ans (200 écoles/an). La 2e vague de candidatures a débuté en janvier 2024 ;
- Un plan de lutte contre l’absentéisme des élèves sera d’application dès la rentrée 2024 et poursuit l’objectif de réduire de moitié le taux de décrochage scolaire d’ici à 2030.
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Propositions :
Voici 12 mesures prioritaires, issues des 100 recommandations pour le bien-être et la santé mentale des jeunes :
- Lutter contre le tabou de la santé mentale ;
- Mettre en place des espaces de parole ;
- Développer des projets de « pair-aidance » ;
- Développer les compétences socio-émotionnelles, l’empathie et la communication des élèves dès la maternelle ;
- Équiper les enseignants en tant que « premières sentinelles », à reconnaître les jeunes en détresse et à les diriger vers les structures de soutien appropriées ;
- Désigner un référent bien-être dans chaque école ;
- Soigner le climat scolaire ;
- Afin de lutter contre le harcèlement :
- Accompagner toutes les écoles dans la lutte contre le harcèlement ;
- Mettre en place des centres de référence dans chaque province permettant la prise en charge structurelle du harcèlement (prévention, détection, diagnostic, prise en charge, suivi), en s’assurant que les parties concernées puissent frapper à une seule porte et être entendue ;
- Mettre en place des outils numériques ad hoc tels que Cyberhelp ;
- Mettre en place une étude récurrente sous forme de formulaire à compléter par tous les élèves dès la 5e primaire, permettant de détecter la présence du harcèlement et ses différentes formes dans les écoles ;
- Renforcer les sanctions envers les responsables de (cyber)harcèlement ;
- Inscrire la lutte contre le harcèlement scolaire dans la législation.
- Encourager l’évaluation collective ou du « groupe classe » qui favorise d’autres comportements tels la coopération, renforce l’esprit d’équipe et la cohésion dans la classe ;
- Mettre en place un baromètre du bien-être et de la santé mentale des jeunes ;
- Assurer une meilleure articulation entre les acteurs de terrain, mais aussi avec les familles ;
- Mieux articuler les temps libres / temps creux, notamment par une réforme du rythme de la journée scolaire.
Et pour aller plus loin, voici un éventail de propositions qui viennent, parmi d’autres, compléter ces 12 premières mesures :
- Agir le plus en amont possible en investissant dans la prévention primaire ;
- Promouvoir le bien-être des enseignants en les dotant des outils adéquats ;
- Adapter la formation des enseignants en les considérant comme des professionnels créatifs en pleine possession de leurs pratiques ;
- Mettre en oeuvre la réforme des CPMS et un recentrage sur leurs missions premières qui sont cruciales pour assurer un suivi des élèves nécessitant une prise en charge en termes de soutien psychologique ou en matière de difficultés élaborer un guide de santé mentale pour les centres PMS et les services PSE en envisageant une approche globale de la santé (mentale, physique, sociale) et en ajoutant des déterminants sociaux et de bien-être, aux déterminants physiques, notamment lors des bilans de santé/visites médicales ;
- Évaluer le dispositif d’agrément, les supports et les animations de l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) qui restent largement perfectibles ;
- Limiter l’utilisation des écrans dans les écoles à des fins pédagogiques.
Les jeunes ont un immense potentiel de résilience ! Incluons-les à nos processus de décision : dans leurs besoins d’aujourd’hui, se trouvent de nombreuses réponses pour le monde de demain !
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Questions parlementaires
- QO 09/12/24 à la Ministre Glatigny : Labellisation des acteurs de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS)
- QO 12/11/24 à la Ministre Glatigny : Développement des compétences socio-émotionnelles en milieu scolaire
- QO 21/10/24 à la Ministre Glatigny : Évolution de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dans les écoles
- QA 11/09/24 à la Ministre Lescrenier : Prévention et sensibilisation du suicide chez les jeunes
- QO 13/02/24 à la Ministre Désir : Prévention du harcèlement scolaire dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles
- QO 16/01/24 à la Ministre Désir : État des lieux des conseils de participation (Copa) dans les établissements scolaires
- QE 01/12/23 à la Ministre Bertieaux : l’avenir du service non mandaté Solidarcité
- Interpellation en commission Éducation du 21/11/23 : Santé mentale des jeunes
- QO 07/11/23 à la Ministre Désir : Situation des centres PMS
- QO 03/10/23 à la Ministre Désir : Conseils de participation (Copa) dans les écoles
- QO 19/09/23 à la Ministre Désir : Prévention du harcèlement scolaire dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles
- QE 07/09/23 à la Ministre Bertieaux : Campagnes de sensibilisation aux écrans
- QO 25/04/23 à la Ministre Désir : Conseils de participation (Copa) dans les écoles
- QO 14/03/23 à la Ministre Désir: Webinaire “L’EVRAS dans mon école: c’est pas secondaire”
- QO 14/03/23 à la Ministre Désir : Consultation de pédopsychiatres cliniciens dans l’élaboration du guide d’EVRAS
- QO 07/02/23 à la Ministre Désir : Initiatives impliquant activement les élèves en réponse aux objectifs définis des plans de pilotage
- QO 24/01/23 à la Ministre Désir : Suivi des recommandations sur la santé mentale des jeunes
- QO 24/01/23 à la Ministre Désir : Guide de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS)
- QO 10/01/23 à la Ministre Linard: Sensibilisation aux conséquences des écrans sur les jeunes enfants
- QE 16/12/22 à la Ministre Morreale: la présidence du Groupe de travail santé mentale de la CIM Jeunesse
- QO 13/12/22 à la Ministre Désir: protocole d’accord de l’EVRAS
- QO 14/11/22 à la Ministre Désir: Baromètre du bien-être et de la santé mentale des jeunes
- QO 18/7/22 à la Ministre Désir : La plateforme Youth-Conservation.org de l’IUCN
- QO 5/7/22 à Mme Glatigny: La conférence interministérielle (CIM) jeunesse et son volet santé mentale
- QO 21/6/22 à la Ministre Linard: Nécessité de la mise en place d’un volet santé mentale en conférence interministérielle (CIM) Santé
- QO 21/6/22 à la Ministre Désir: Enquête sur le bien-être à l’école et le climat scolaire
- QE 13/6/22 à la Ministre Désir: l’intérêt politique des jeunes dans le cadre du suivi des recommandations sur la santé mentale des jeunes
- QO 24/5/22 à Mme Désir: Bien-être des élèves durant le temps de midi
- QO 26/04/22 à la Ministre Désir: Prévention du suicide en milieu scolaire
- QE 1/04/22 à la Ministre Glatigny : Évaluation du travail du Forum des Jeunes
- QO 11/01/22 à Mme Désir: Implication des pairs-aidants dans les programmes de prévention
- QO du 16/11/21 à la Ministre Désir Outils pour lutter contre le cyberharcèlement
- QO du 16/11/21 à la Ministre Désir: Fusion entre les centres PMS et les services de promotion de la santé à l’école (PSE)
- QO du 16/11/21 à la Ministre Désir : Projet pilote de cellule “Bien-être”